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Re: [rue] La lune


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  • From: popol < >
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  • Subject: Re: [rue] La lune
  • Date: Wed, 13 Mar 2013 13:22:15 +0100

Eh oui nous reproduisons l'administration française(j'appelle ça le F.A.F. :fachisme administratif français) et je peux vous en parler,pour le montage d'un festival en 3 ans nous avons minimum multiplié par 3 le temps de montage de dossiers en touts genres et nous avons perdus les aides pour payer les administrateurs...et en plus il neige encore!


popol

On 13/03/13 09:44, Chtou wrote:
Je m'appelle Vincent et j'envisage une nouvelle création.
L'idée est là, et pour moi, c'est tellement fort que presque suffisant.
Mais reste à faire ce pas vers vous, public, collègues, professionnels, pour
qui j'ai tant d'estime.
Et c'est celui qui coûte. Dans tous les sens du terme.

Je suis allé voir un CNAR. Mais je n'avais pas de dossier.
On m'a demandé un CV, un bilan financier, un projet de production, il fallait
que je détaille les dépenses à venir, en costumes, coût de diffusion,
salaires nets et charges, il faudrait que j'écrive à des festivals pour
obtenir d'eux un engagement de pré-achat, que je réunisse des soutiens
financiers avec les collectivités, et que j'équilibre ces recettes prévues
dans mon prévisionnel.
Fonctionnez vous comme cela? Fonctionnez vous tous comme cela?

Comment, alors que l'idée est là, et que la salle de travail m'appelle,
trouverais-je le temps de besogner autant au bureau à rédiger lettres et
dossiers, d'obtenir tous les rendez-vous nécessaires, comment devinerais-je,
prétendrais-je, planifierais-je ce qui n'est actuellement qu'un essor?
Faut-il entrer dans une danse hypocrite, et n'en faire au final qu'à sa tête,
faut-il mentir?
Je ne sais pas mentir. Je ne sais pas les chiffres. Je ne sais pas me vendre.
Suis-je un mauvais artiste? Je le crois au bout du compte, car il me manque
ce qui distinguera les autres: la capacité d'adaptation au fonctionnement
dominant.

J'ai fait un stage de clown la semaine dernière. Durant une semaine j'ai
travaillé humblement, j'ai bu les conseils du maître, j'ai absorbé les impros
des stagiaires, j'ai peiné, au début.
Et puis la magie est venue. Volant sur un vent d'euphorie, j'ai eu ces dix
minutes de grâce, dix minutes célestes où l'évidence des accidents parvenait
à surprendre mon propre personnage.
Je voguais dans les nues. Indicible bonheur, liesse enivrante, rythmée des
rires d'un gradin ondulant cinq centimètres au-dessus du sol, j'ai trouvé ce
que j'étais venu chercher: un élan.

Mes créations, je les rêve. Comme un enfant. Le soir, tandis que je m'endors,
je me vois jouer, les idées s'enchaînent, nombreuses mais complices, pour
animer un cinéma ourlé de flou.
J'obtiens des succès magiques, je parviens à réaliser l'impossible, et je
jubile d'y parvenir.
Ce sont ces rêves qui me portent. Si je conscientisais mes créations, je
pense qu'elles auraient la froideur de la mécanique, elles utiliseraient mes
ficelles, elles manqueraient de défi.
A la poursuite de mes rêves, tentant de toucher dans la réalité ce parangon
onirique, je sais que j'irai plus loin que la raison ne peut me porter.

Mais un rêve ne fait pas un dossier de production.
Ce handicap m'ôte les ressources qui déploient pendrillons rouges et
structures autoportées, remorques rutilantes et cachets de répétition, je
n'aurais de costume que ce que je pourrais sacrifier sur mon budget mensuel,
je me ferais une raison avec trois accessoires.

Je suis un enfant bleu assis dans l'herbe, qui regarde la voute céleste.
Qu'importe si je suis petit, je vise la lune, même si je la rate,
j'atterrirais parmi les étoiles.






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