Fou comme on se fait des idées fausses de ce qu'on ne connait pas.

J'avais rencontré Constantin à Bremen, en Allemagne. Il avait kiffé sur les Horsemen !

Constantin a failli être ministre de la culture dans son pays, la Roumanie, mais ça ne l'a pas fait.... Son idée était de dire "tripler le budget pour la culture et je me fais fort de doubler ce budget par les partenaires que j'ai ou que je peux avoir".

A cette seule condition d'un engagement du politique, il acceptait de devenir ministre de la culture. 

Le gouvernement était plutôt partant, mais Barrioso leur a dit "Non, l'Europe ne peut pas cautionner une aide à un pays qui imaginerait ça... ce serait cautionner la porte ouverte à des choix qui ne sont pas nôtres !"

Constantin n'est donc pas devenu ministre... mais il règne en maître sur la politique culturelle du pays.

Professeur, comédien, metteur en scène, j'en passe et des meilleurs, il s'est appuyé sur sa propre aura pour impulser une dynamique culturelle hallucinante dans sa région. Nous sommes dans le nord de la Roumanie, Sibiu, ville incroyablement belle, perdue au milieu des montagnes des Carpates. ça nous fait penser à Ljubljana, en Slovénie tellement c'est beau.

120 000 habitants, Constantin s'est appuyé sur ses élèves, après avoir tissé une toile culturelle incroyable, pour mobiliser tous et chacun sur un projet de festival. Chaque étudiant est allé dans son troquet favori pour l'investir, le persuader de devenir un partenaire fort du festival. Et ça a marché !

Le festival dure dix jours, les équipes restent 3 jours et ça fuse dans tous les sens : gros spectacles, indoor, outdoor, petites formes, grosses formes, ça vient de partout. Quand tu arrives, il y a un volontaire qui s'occupe de toi (en général le - ou la- volontaire est un(e) comédien(ne) qui bosse avec Constantin). C'est plus qu'un accompagnant, c'est quelqu'un qui a étudié ton parcours, tes spectacles, et qui te connait avant que tu n'arrives.

Le nombre de volontaires est hallucinant... Mais ils sont tous ravis !

Bernard Faivre d'Arcier est venu conter l'histoire du festival d'Avignon.... devant étudiants et organisateurs de tous les pays (au total, pas tant de monde que ça), mais c'est pas grave. Ici, tout le monde prétend que ce festival est le troisième en puissance théâtrale après Avignon, et Edimbourg, mais franchement, on a du mal à le croire. Il n'en reste pas moins que Sibiu est la ville des festivals. Ils s'enchaînent les uns après les autres : avant c'était le festival du livre, juste après le théâtre, c'est le festival du film.

On ne dira jamais assez combien Fabien Audooren, qui entame sa dernière année de programmateur, a certainement contribué le plusssss à la promotion des arts de la rue. C'est lui qui, en tant qu'invité, a poussé Constantin à s'ouvrir aux arts de la rue compte tenue des possibilités de la ville de Sibiu. Et ça marche !

J'ajoute que Fabien Audooren est à l'origine (et surtout par sa science de la transmission) des arts de la rue en Corée du Sud. Ce mec là est UNIQUE !

Bref, Sibiu est une ville hors normes, géniale à vivre, habitée par des roumains polyglottes et accueillants. Hongrois et allemands sont nombreux ici. La langue roumaine est une bizarrerie assez géniale parce qu'influencée par nombre de langues latines, saxonnes et germaniques. 

Demain soir, on va intervenir en Cupidons dans une pièce de Tchekhov "les Noces" jouée par des biélorusses et ukrainiens dans le plus grand théâtre de Sibiu, à leur demande. 

Tout n'est pas rose : quand on a parlé des Roms.... on nous a dit " C'est génial, ils sont tous en France".... Là, on sait que c'est pas le paradis ici. Il y a des réflexions d'intolérance qui font frémir. Mais hélas c'est une autre histoire qui devrait découler sur la question "De l'influence de la culture sur l'humanisme ?"

Jluc

 

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