Salut Philippe,
Une grève a toujours des conséquences, et dans notre secteur elles sont forcément tragiques. Mais il est bien tard pour se réveiller: le conflit social dure depuis déjà 4 mois et de nombreux lanceurs d'alertes l'ont précédé (je pense être de ceux là, tout comme Franck qui t'a déjà répondu, fort justement). Beaucoup ont attendu que ça se passe au moment où nous tentions de mettre la pression. Beaucoup se sont désintéressés du sujet quand dans les AG nous cherchions à comprendre (c'est compliqué), et nous cherchions à briser un mur médiatique et politique qui nous était opposé. Que faisais-tu alors? La radicalité d'aujourd'hui, tu dois la comprendre à l'aune de notre faiblesse au début du conflit. Que de temps perdu. Que de dégâts qui auraient pu être évités si nous avions eu très tôt les moyens de faire comprendre ce que nous étions et que notre détermination reposait simplement sur une idée forte: nous avons raison de revendiquer ce que nous revendiquons et nos propositions sont juste et équitables. Face à leur "there is no alternative", nous avons une alternative. Mais trop longtemps nous n'avons été qu'une poignée à le dire, là où il fallait les voix des 25 millions de salariés et des 5 millions de chômeurs que compte notre pays. Le 17 mai a été un électrochoc pour certains qui ont alors compris qu'on allait au clash. Ce fut dramatique! Ceux qui ont voulu faire grève y sont allé les larmes au yeux, ceux qui ne le sentaient pas ont joué. Les prises de paroles, les interruptions de spectacle n'ont pas suffi à démontrer que nous ne lâcherions pas. Rebsamen s'est enferré, le point de non-retour est atteint, pour Montpellier et quelques autres festivals du moins. Les cyniques ont fait semblant de nous soutenir, en nous demandant en contrepartie de rentrer dans le rang! Sauver Avignon aura un prix élevé: il n'y a plus de sortie possible avec l'actuel ministre du travail qui devra démissionner. Il faudra que le gouvernement désavoue le MEDEF, ce qui veut dire que le "pacte de responsabilité" est mort! Le PS va entrer dans une crise politique terrible au moment où la majorité est ultraminoritaire. Face à ce désastre, notre force est d'être une coordination. Une coordination est incontrôlable par le pouvoir, elle est radicale, elle va jusqu'au bout. La peur n'évite pas le danger. Croire que l'on peut s'en sortir en renonçant au conflit est une utopie. Si l'accord passe, s'en est fini d'une bonne part de nos droits sociaux. S'en sera aussi fini à très brève échéance de l'intermittence. Si la grève échoue à cause de nos désaccords internes, il est possible que elle aussi ne s'en relève pas. Les travailleurs seront alors totalement démunis devant un MEDEF qui pourra alors imposer sa loi. @+ Thierry Le 07/06/2014 20:40, Philippe a écrit : " type="cite"> |
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