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Grall Jean Marie
Liste arts de la rue
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- From: Jacques Livchine < >
- To: Liste Liste rue < >
- Subject: [rue] encore pour Tonton Ballons
- Date: Wed, 17 Feb 2016 18:39:12 +0100
| Il y a Michel Galabru qui avait envie de jouer dans un théâtre National, ou au Festival d’Avignon, cela lui a été refusé. Nous sommes tous des refusés quelque part. Nous avons tous d’immenses rancœurs, parce que nous voyons bien que tout ce qui touche le populaire a droit au mépris de l’Etat. Pourquoi ? Nous sommes dans un système capitaliste dirigé par la bourgeoisie, Nous sommes sur une terre où 62 individus possèdent à eux seuls autant que 3,5 milliards d’humains où l’écart des salaires qui était de 1 à 40 il y’a vingt ans est passé à 1 pour mille. Le système capitaliste est la source de milliers de maux. Il pille l’Afrique, a tué 4 millions de musulmans, laisse les quartiers-ghettos à l’abandon avec du chômage à 40%. Alors nos pauvres compagnies là dedans, elles sont piétinées et ignorées. Pournos gouvernants , seule la notoriété est l’excellence. Si t’es pas connu, que tu joues dans les associations ou dans le rural, tu n’auras pas droit au moindre regard, t’es considéré comme un mendiant du métro. Pour entrer dans le cercle des compagnies subventionnées, il te faut la carte, les critères sont très spéciaux, et opaques. Surtout ne pas faire dans le populaire, être ésotérique juste ce qu’il faut , avoir de la presse nationale , et l’estime de tes pairs et être malin aussi. Toucher peu de public, mais du vrai public, je veux dire des CSP +. Savoir être dans les bons endroits au bon moment. Se montrer, être aimable , se faire copain avec les experts, jouer à Paris dans des lieux légitimes, surtout au Rond Point. Qui ne joue pas au Rd Point est un moins que rien. La quantité de public touché n’est pas un atout, bien au contraire, souvent pour eux c’est le contraire de la qualité, bref faut friser l’excellence, être du côté du théâtre mortifère le “déadly theater” dont parle Peter Brook. En vrai, faut avoir le courage de creuser des sillons nouveaux, ne plus dépendre des institutions, ou de l’Etat établir des circuits courts et directs avec le public. Les Directeurs d’institution sont nommés par le pouvoir politique et même s’ils disent le contraire, ils en dépendent. Ils peuvent être virés au bout de 3 ans, alors ils font gaffe de ne rien faire qui froisserait le maire, le député, le conseiller général, la Drac. . On leur demande de l’excellence, de la qualité. Alors cher Tonton Ballon, ne dis jamais que tu t’en sors bien sans eux avec 80 dates, ils te diront tout de suite, quel besoin as- tu de subventions si justement tu t’en sors bien tout seul ? je me souviens d’une affaire Caubère, il avait 80 000 € de la Drac, il faisait plein de dates. On lui a dit : t’es tout seul, t’as de belles tournées, on va t’enlever ta subvention. Alors il s’est expliqué avec le ministre de la culture, et comme il est une UBM, on l’a gardé dans les subventionnés. Une UBM ? C’est une Unité de Bruit Médiatique. Je me souviens d’une autre affaire, qui touchait l’Unité. On est allés voir le Ministère, on leur a dit : on a touché 140 000 personnes cette année, on ne reçoit que des clopinettes, Ils nous ont répliqué sèchement : votre public d’ouvriers des Comités d’entreprise, pour nous ce n’est pas du vrai public. En Franche -Comté, on se réunit à 23 compagnies, pas que de la rue, des compagnies de terrain , de territoire, et on réfléchit ensemble pour inventer un système alternatif. Parce que l’époque des 30 glorieuses est terminée, Il faut faire de l’Uber théâtre, du bio théâtre, ou je ne sais pas quoi. Quelques compagnies trouvent des moyens dans les COM.COM dans l’infusion culturelle et non plus dans la diffusion de spectacles. On cherche. On a juste de la chance, on a une super -présidente de Région qui veut mettre la culture en priorité. C’est à nous d’être malins et de faire des propositions justes et alléchantes. S’entendre à 23,c’est aussi difficile que de faire l’Europe, mais c’est passionnant. C’était ma contribution au riche débat que tu as engendré, toi que je ne connais pas. jacques Livchine |
- [rue] encore pour Tonton Ballons, Jacques Livchine, 17/02/2016
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