j’ai l’impression
Pascal que tu fais une confusion parce que tu dis :
je ne
joue plus, je ne suis plus programmé
donc le
théâtre de rue est mort dans son entier, comme si le
théatre de rue ne pouvait pas exister sans Cacahuètes
et tu
mets la faute sur Crespin et Aurillac, là c’est un peu
injuste , et puis tu t’en prends aux Cnars.
Alors
moi je ne suis pas plus scientifique que toi, je suis
autant de mauvaise foi que toi, je suis comme toi dans
le brouillard le plus complet, tous les jours je me
demande
à quoi
cela sert tout ça, j’ai l’impression que plus rien ne
s’imprime dans la tête des gens.
Attention,
tu sais pour moi le théâtre de rue est au théâtre ce que
la psychiatrie est à la médecine, c’est une des
spécialités de la médecine une des branches.
Je regarde
les Molières, parce qu’ils se présentent sous la
bannière théâtre, ils ne veulent pas de nous parce que
nous sommes comme les ostéopathes, nous ne
sommes
pas reconnus, nous sommes des usurpateurs avec notre
gratuité et notre côté Hors les murs.
T’as
l’air de dire la festivalisation a tué le théâtre de rue.
Et je te
dis moi que le théâtre de rue a prospéré et grandi grâce
aux festivals.
Souviens
toi, Peter Bu, qui a vraiment été un des
grands connaisseurs du théâtre, il ne pensait pas RUE, ce
n’était pas un intégriste Rue, il pensait théâtre, et il
a vite
répéré
un nouveau souffle dans le théâtre et il a fait son
festival “dehors dedans “ à Tours, et tu sais comme
c’était magnifique. Nous faisions partie du théatre pour
lui.
Nous
en étions une des composantes
Un des
plus grands souvenirs, Tours, parce que justement il n’y
avait pas que de la rue, mais plein d’autres expériences
de théâtre.
Notre
mariage avec final dans la Loire , où l’on croisait aussi
Léo Bassi et mille personnes qui suivaient dans l’avenue
principale
et notre guillotine devant le
palais de justice, tout Tours croyait que
c’était vrai.
Pas de
barrières, on n’arrêtait pas la circulation, on perturbait
carrément la ville.
et quand
on jouait on n‘avait pas de public mais des gens, c’est
important les gens.
Maintenant
on se gargarise d’espace public, alors que les rues
sont barrièrées qu’il n’y a plus de circulation etc et
que les festivals deviennent de fait des espaces privés
avec du
public de rue son programme à la main.
donc
oui, je le reconnais à l’époque, on jouait pour de vrai
dans la rue.
C’était
spontané, sauvage, enivrant. On ne cherchait pas du regard
combien de programmateurs étaient présents.
Très
vite, l’international nous a sauté dessus, toi grâce à
Peter Bu, nous grâce à Gintz. Nous étions innovateurs
sans le savoir,
et nous
avons tourné comme des toupies dans le monde entier.
Nous étions
les seuls, nous étions donc les meilleurs.
Des
souvenirs incroyables, l’Italie dans des petits villages
autour de Genova, le port de Copenhague, la Corée ,
Houston, Amsterdam, le festival of tools,
alors ce
n’était pas de la programmation avec 100 propositions mais
seulement une petite douzaine ou même pas du tout.
Et ce
qui est fou, nous commençons en 72, en 1973 Digne sent la
chose à Aix et les festivals vont naitre plus de dix ans
plus tard.
Pascal ,
ce sera ma lettre N° 1, tu me réponds et on continue dans
le désordre, et moi je publie sur la liste rue,
Je crois
bien qu’à deux, on va cerner les problèmes d’un peu plus
près
Pas de
bises aux garçons
D’abord t’affirmer que
Cacahuete doit tout à Peter Bu , je ne l'ai jamais oublié et
il le sait .
Nous les avions invités
plusieurs fois à venir passer quelques jours chez nous à
Sete quand ils étaient à Strasbourg . Ils devaient venir il
y a 3 ans une semaine et patatrac Daniella est tombé malade
visite annulée.
Te dire qu’il est revenu
aussi à Maisons Lafitte dans leur ancien appart de la rue
Pascal depuis 1 an.
Peter ne nous voit pas ,
juste il entend parler de nous après notre première sortie
au festival d’humour de Vienne en 84 , à Avignon on apprend
qu’il nous cherche , on lui montre 3/4 images et on discute
un peu.
Bingo il nous programme à
Tours en 85 pour voir... on cartonne l’affaire du camping
devant la mairie tenue alors par le censeur du X jean Royer
on débute on tâtonne et 3 mois plus tard on se retrouve à
Perspectives à Sarrebruck avec 4litres12, Bouvier Obadia
etc.. le délire , on y croit même pas cette chance inouï
aucun effort et on fait le buzz partout ou on passe
commissariat à Sarrebruck et on enchaine festival de clowns
en salle on joue dans la rue Chateauroux rebuzz . le Mariage
à l’eau inspiré d'Ilotopie, les bains douches , puis
L’enterrement en 89 inspiré du mariage de l’Unité on se
cherche encore.
On est lancé Peter nous
prend dans son écurie.
Polar Grenoble, bd
Moulins, puis le forum des halles en 89 programmé par Peter
avec tous les grands noms de la rue européen de l’époque on
tire notre épingle du jeu en première partie du Roman Photo
de Royal au fond du forum et un scandale avec la police pour
les campeurs.
Le Zigom en 88 à grenoble
ou je suis directeur artistique j’invente aussi à ma façon
le grand rassemblement de rue sous couvert d’un festival
d’Humour mi salle Mi rue très recopié sur Dehors Dedans en
fait Peter est dans le comité de sélection.
J’impose la coproduction
de plusieurs spectacles 1 Les Squames de Kumulus son premier
spectacle ,
le Bivouac et café gasoil
de Generik Vapeur leur premier spectacle d’envergure avant
c’était un duo
On sait aujourd’hui
l’impact de ses 2 créations sur l’histoire de la Rue ,
aujourd’hui je peux le dire, quand en 87 Pierre et Cathy
étaient à Malakoff aux rencontres d’octobre, chez Edith,
je vois Pierre avec sa pompe à essence et Barth avec ses
dessins de squames et de cage je dis bingo.
Au Zigom en 88 j’ai un
budget artistique de 2,5 millions de francs 350 000 euros
pour la salle et la rue je fais 50 /50 ce qui met ce budget
au double de celui d’Aurillac et Chalon et de fait selon les
observateurs Peter, Gintz je fais le plus grand
rassemblement de l’histoire de la rue avec les créations des
squames de Bivouac Café gasoil , la première française de la
mousse en cage et des gens de couleurs, Bassi, Roman Photo,
Malabar avec le face à face évidement les grands oubliés de
l’histoire, Gustave Parking créa , et l’Unité joue en meme
temps au festival de Renata du théâtre européen la
Guillotine.
250 appels à la mairie
pour les squames le scandale réussi le débat sur l'autre .
Puis un sponsor se
désengage un mois avant la BNP et Elf réduit ses promesses
et on se retrouve avec un trou important en gros il manque
1,2 million de francs sur le budget total du festival.
Carrignon président de
l’asso comble en partie le trou grâce à la lyonnaise qui
envoie un cheque la veille du festival il manque grosso modo
250 000 francs au final
La suite tu la connais, je
suis mis au ban parce que jalousie des autres en particulier
de Michel normal j’arrive j’ai 29 ans j’ai tout le double de
ce qui l’a à Aurillac la meme année, je suis un gosse gâté
.
Et encore je loupe d’un
poil la venue de Licedei avec Catastroph pour la première
fois en Europe au Zigom , ils n’obtiennent pas les visas
dans les délais et iront 45 jours plus tard à Aurillac. Et
je tente sans succès de faire la première du PLM
d’Ilotopie.
On se fait la main à St
Georges de Didonne festival d’humour et Eau salée ou le
programmateur Michel Mandeau nous prend chaque année avec
une carte blanche pendant 4 jours , on fait ce qu’on veut on
essaye on garde on jette à l’époque on joue 3 voir 4
expériences par jour.
Après avoir comme vous
écumé les villes cocos auxquelles nous devons d’avoir
réellement accompagnées les débuts de la Rue Aubagne
Montlucon Nanterre Ivry St Denis Gentilly Oissel Dieppe et
la banlieue parisienne pendant ce temps histoire de se faire
la main.
En 92 le grand départ,
l’envol celui de la maturité 7 ans après notre création
c’est à Perigueux MIMOS dirigé par Peter Bu qui nous offre
une carte blanche sur 6 jours sur le thème le corps dans
tous ses états , on développe et on créé plusieurs
spectacles les vitrines, la vente des femmes , les
sanimobiles, le cocktail cannibale, les Integristes qui
deviendra plus tard la manie de droite. on cartonne télé
nationale 5 fois la une consécutive de Sud ouest du jamais
vu.
Puis Tarrega Gent 92 dans
la foulée et 93 à Chalon l’envol international.
Jacques un directeur de
festival me propose depuis 1 an ou 2 d’organiser une
rencontre réflexion à quelques uns sur le devenir des arts
de la rue à Sete .
Il s’agit de Renzo
Barsotti Imaginarius Portugal le seul qui a programmé Market
Platz après l’avoir vu résultat pétition contre nous avec
250 000 signatures déposé à l’ambassade de france à Lisbonne
et démission de l’adjoint à la culture , Renzo sera remplacé
l’année suivante.
Manuel Villanova Xarxa
fiesta cultura accepte de participer , j’inviterai
volontiers 1 ou 2 retraités fabien Gent , Diana brus de Graz
qui depuis son départ de Stradda le festival est devenu
insipide.
Et toi bien évidement peut
être Jean Marie . je vous loge on discute 2 ou 3 jours tu en
serais à l’automne la bise
Pascal
Je réponds
Dis donc, tu as
une mémoire impeccable, je savais un peu de tout cela mais
pas tout.
C’est un
excellent document pour qui aurait envie de raconter
la grande saga des arts de la rue.
Je comprends mieux que tu
aies de la haine pour tout ce qui se passe de nos
jours, puisque peu à peu tu as été jeté hors de l’histoire
Nous sommes d’un autre
monde, nous aimions créer le scandale, irriter la société.
Nous évoquons souvent nos heures de gloire : c’était quand
la police nous emmenait.
Nous sommes fiers de
toutes les interdictions que nous avons vécues. Nous étions
des terroristes de l’art, or les sensibilités ont changé,
on n’y peut rien, le théâtre se vit dans le présent.
Je me revois en 1980
devant un super marché à Elancourt., l’ASECO. J’avais
formé une bande de jeunes que nous avions déguisé en super
voyous, habillés de cuir noir bardés de chaine et de
tatouages. Ils se plaçaient sur l’esplanade et tapaient
leurs chaines sur le sol en guise de chorégraphie. A
l’époque personne n’appelait les flics. Les gens se
disaient, c’est un peu trop exagéré pour que cela soit
vrai.
Aujourd’hui la France a
peur, alors que le terrorisme est la plus petite cause de
mortalité, la probabilité de mourir dans un attentat
est infime.
Quand tu prétends que
le théâtre va mourir, mais non, il va changer. Il doit
changer. Le théâtre depuis les grecs subit des mutations
constantes, la plus importante c’est
que d’abord très
populaire, il va s’enfermer entre 4 murs vers 1500,
et depuis 500 ans tout le monde croit que le théâtre c’est
de l ‘indoor.
A l’Unité nous ne sommes
pas des intégristes de la rue, on cherche le meilleur des
lieux pour jouer, nos kapouchniks c’est dans une petite
salle pour 400 personnes, les boulons c’était dehors dans le
froid pour 20 000 personnes, Macbeth c’est dans une forêt
pour 160 personnes, la Nuit Unique ce sera pour spectateurs
couchés à la Belle étoile dans une prairie, le parlement
c’est vraiment pour place publique et jauge de
1000 personnes maxi.
Réponse de
pascal Larderet Cacahuètes
Pour répondre à ta
question un peu piquante pour me faire réagir.
Alors oui je considère que
le theatre de rue est mort si une cie comme cacahuète ne
peut plus jouer .
La raison en est simple,
la rue a été supprimé des festivals de rue.
Cacahuete refuse de jouer
enfermée par des barrières , encadrée par des policiers ou
des véhicules de sécurité.
Plus de rue aujourd’hui
que des parc d’attractions, rues closes ou jardins parcs et
autres cours ou autres ersatz de rue.
La rue la vraie celle que
l’on a connu que tu décris ci-dessous on nous l’a prise,
volée .
Pour les raisons x, y ou z
mais surtout parce qu’on a souhaité parquer le discours des
arts de la rue.
Etouffer la voix des rues
. Cela a pris quelques années dorénavant l’opération est
terminée.
On a aseptisé toutes les
formes.
On réunit 100% de gens qui
adherent à ce discours écolo, bab’s, alternos, gauchos
socialos et il n’y a pas de problème, plus aucun risque de
débat passionné c’est mort tout le monde est d’accord. Par
rapport à ça il y a beaucoup de spectacle qui me font
carrément marrer pseudo engagé mes couilles.
Fiction de démocratie.
Et surtout leurre miroir
aux alouettes appelons ça comme on veut, foutu, terminé, ça
me rappelle la nudité dans le theatre en salle à l’origine
issue des mouvements performances et récupérés par le
système de nettoyage culturel programmé par l’institution,
aujourd’hui le nu oui mais pour la part de la population
qualifié d’intelligentsia capable de comprendre par pour
tous bien entendu.
La rue oui mais pour ceux
qui sont capables de la comprendre.
Puisque la population a
laquelle notre engagement initial s’adressait ne peut plus y
accéder.
Alors la rue est morte.
Définitivement morte.
La mémée avec son panier
sur le marché ne voit plus de spectacle de rue.
Le gars qui sort de son
bureau non plus .
J’en réfère à mon
manifeste du theatre de rue que j’ai écrit en 88 déjà je
pressentais que cela ne durerait pas (voir dans le bouquin
cacahuète)
On peut qualifier de
néo-télérama le public de la rue comme celui des scènes nat.
Avec 10/15 ans moins peut -etre pas plus.
Si Cacahuete en 2018 a 4
dates toutes en Espagne le pays qui a légalisé la marijuana
en 1983 faut pas s’étonner.
L’allemagne Merkel
terminé, le marché de Berlin est passé par là, 4
annulations en Allemagne depuis le camion, refus des
autorités.
Tu veux que je continue à
me battre mais contre qu ? i contre Daesh qui fait le jeu de
la répression et allié de nos gouvernants qui en profitent
pour réduire toujours plus nos libertés .
Non je préfère ma recycler
dans autre chose. du plus local dans notre rue la rue de
Tunis nous y passons beaucoup de temps nous y organisons
plein de choses.
C’est un travail de
terrain de fourmis qui nous va bien avec josy.
On a meme fait une page
Facebook aller voir.
J’ai envie de proposer une
conférence plutôt sous forme de discussion questions sur les
30 glorieuses des arts de la rue 1973/ 2003
Mais je pense que ça
n’intéressera absolument personne aujourd’hui .
Tout le monde suce les
cnars ,engage des frais (ches) administrateurs (trices)
sortis de formation culturelles à la con pour faire de beaux
dossiers et à peur de perdre l’amour des diffuseurs qui
restent.
La prochaine sera sur le
temps de la création comme outil de destruction de la
profession et la dictature des résidences.
Bye
Merci de me réveiller.
Pascal