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Re: [rue] [listenationale] je poursuis


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  • Subject: Re: [rue] [listenationale] je poursuis
  • Date: Mon, 11 Jun 2018 00:28:50 +0200

Je suis sensible à te propos Jacques lorsque tu dis
J’aime la relation profonde avec une ville, pas juste jouer et repartir,  je veux  rencontrer des vrais gens, parler à des inconnus .  
Pas de la consommation rapide,  s’enrichir au contact des gens. 
Je ressens  ça aussi depuis qq années, aller de ville en ville, enchaîner les dates les spectacles…, un goût de frustration en fait. Faire ce métier sans ça, l’échange, le partage, accueillir, être accueilli, vivre une aventure humaine…

Je retrouve ça depuis que je porte le projet Costumotek, et depuis presque un an et 1/2 où nous sommes installés avec ces 1500 costumes et nos ateliers, ya pas un jour où je ne frémis pas d’émotions au contact des gitans, maghrébins, acteurs sociaux, assos… les précaires, les cassés de la vie, les réfugiés, les déjantés, les déprimés… 
Tout prend un sens dans ce lieu, pépite dans un quartier prioritaire
(QPV quartier prioritaire de la poltique de la ville - bon… tout un monde le social et autant sinon plus de Cerfa, de bilans etc)

Je me sens nourrie à longueur de journée ! Tout ça m’excite vraiment, j’ai l’impression de revivre, même si c’est chaud à tenir à bout de bras, solo à 80 h par semaine, heureusement que j’ai un paquet de bénévoles autour de moi !
Là aussi, pour la première fois depuis des lustres, l’association s’ouvre à des gens nouveaux, 65 adhérents de tous horizons, qui sont tellement heureux et épanouis de soutenir cette histoire. On fait une ou deux fois par moi des journées ouvertes, et selon qui est là et les envies du moments et les capacités, chacun trouve ça place pour quelques heures parttagées en toute simplicité : mannequins d’un jour, retoucheuses, rangeuses trieuses, noteuses… (oui bcp de femmes ;-) mais aussi un retraités de 73 qui est venus pendant 6 mois en scooter nous aider. Il a vu un article dans le journal, que j’avais besoin d’aide, et il m’a appelé. 
Je me revigore !  
Mais pendant ce temps-là, ma création tire en longueur, faut dire que même si j’ai déjà fait plein de résidences (6 ou 7 déjà), il me manque 25000 balles pour conclure. L’écriture est validée, la mise en scène de MarieDo quasi bouclée, la bande-son de Léo Plastaga aussi bien avancée…
Mais comment faire efficace quand il faut un an pour obtenir un rv ? Quand le téléphone fait choux blanc ? 
C’est devenu vraiment compliqué en quelques années… Whouaouuuuuuu… 

Bon, j’ai décidé de ne pas me mettre la rate au court-bouillon comme disait la grand-mêre de Michel, ça sortira quand ça sortira…
En attendant, je m’éclate bien à la Paillade ! Un vrai voyage au quotidien, que bonheur !!!

La biz…


Perrine Anger-Michelet
Responsable artistique et pédagogique 
La NiaK Cie / Costumotek  
06 88 56 24 87
141, square Jupiter - Rue de Saragosse
34080 Montpellier (Mosson)
laniakcie.com
www.facebook.com/La-NiaK-Cie




Le 10 juin 2018 à 20:22, Jacques livchine < " class=""> > a écrit :

Pascal 

c’est Franck qui me donne envie de réagir, 
c’est aussi Cathy 
C’est aussi Boueb 

 j’ai bien sûr l’envie de parler à la terre entière 

Voilà  :  à l’époque de nos  plus grandes tournées entre 1985 et 1990,   j’avais une sensation bizarre 
on rêvait  tous de jouer, le plus possible, 

on avait trois ou quatre spectacles, 2CV, femme chapiteau, mariage, théatre pour chiens,  guillotine 

Nos bureaux étaient à Paris dans le XI ème, notre dépôt de décor à Gambais. 

Si on oubliait un gant , il fallait deux heures et demi aller -retour pour aller le chercher

En 1986 pour l’ouverture d’Aurillac  Michel Crespin prend tout,   tout, tout, même ce qui allait devenir les grooms. 

Cette année - là il y avait  Zingaro  aux haras… à vérifier. 

Evidemment Michel Crespin, on le connaissait depuis 1973 , à Aix ville ouverte aux saltimbanques,  c’est le théâtracide , ils faisaient un malheur 
avec des numéros de de divination , de la musique etc  et nous avons  assisté  à une manche qui nous  a stupéfiée :  Michel avec sa grosse voix de saltimbanque hurle  à la fin :  prenez tous une pièce de 5,00 F et  bombardez nous, je n’avais jamais  vu une telle pluie d’argent. C’était fou.

Et puis Faivre d’Arcier nous prend dans le In d’Avignon, article super élogieux dans Libé, la rue en rut,  on tourne en 1989  jusqu’à 150 dates dans l’année dans 3 continents différents  et là figure- toi que nous sommes en overdose. 

Mais bien sûr le succès, mais à chaque fois on repart, on oublie les gens que l’on a connus, je me sens tel un amant qui collectionne les femmes sans relation profonde, le côté une femme dans chaque port.   Resto, plateau, dodo. 

Nous nous appauvrissons. On se réunit pendant quelques jours Claude Acquart Hervée et moi, pour redéfinir nos désirs. 
 Et on sort un document intitulé le TGD ( très grand dessein de l’Unité)  qu’on envoie à Libé à l’époque où les journaux existaient encore. 

Jack Lang lit la double page sur nous, cela l’énerve considérablement car nous sommes agressifs vis à vis du ministère de la culture.

Nous voulions une relation avec un territoire, et en 1991 nous sommes nommés à la  scène nationale de Montbéliard que nous allons baptiser centre d’art et de plaisanterie en l’honneur de  Jean Dubuffet. 
Nous voulions Tinguely comme parrain , mais il meurt avant de recevoir notre lettre. 


Demain je pars  à Montluçon,  pour préparer le parlement de rue. Pendant cinq jours je vais parcourir toutes les  associations pour qu’elles pondent des lois et viennent assister au parlement vendredi et samedi.  

J’aime la relation profonde avec une ville, pas juste jouer et repartir,  je veux  rencontrer des vrais gens, parler à des inconnus .  

Pas de la consommation rapide,  s’enrichir au contact des gens. 

La Scène Nationale de Calais, le Channel,  nous a pris 15 fois en 17 ans, c’est agréable, on connait du monde , ils nous connaissent. 

Et  à Audincourt, nous avons un rendez- vous mensuel le Kapouchnik, qui est pris d’assaut par 400 personnes. Le public se renouvelle d’un tiers à chaque fois. On ne fait 

aucune pub, c’est un rituel , tout marche par entrainement mutuel.   On a fait 130 kapouchniks 

alors j’ai calculé :  52 000 spectateurs. Chacun l’a raconté à 10 personnes au moins   soit 520 000 personnes sont au courant , 4 stades de France. T’as bien compris que le calcul est litigieux, mais ça fait du bien de le croire. 

Sans arrêt des gens que je ne connais pas me saluent  : c’est quand le prochain Kapouchnik  ? On a un public incroyable, la postière, la dame de la pompe à essence, la 

guichetière de la SNCF, les syndicalistes, un  médecin ,  la femme de ménage de mon village qui emmène à chaque fois cinq personnes.  Ils nous connaissent, etc

Evidemment je pourrai faire la gueule aussi :  pas assez de lycéens, peu d’étudiants,  les politiques ne viennent plus, le ¨PDG de Peugeot n’est jamais venu voir.


Le contre-  coup, c’est le phénomène  girondin, la province. Tout ce qui n’est pas à Paris n’existe pas pour la profession théâtrale, alors on nous a oublié. On nous croit déjà morts.

Car bien sûr on sera à Aurillac, mais 4 jours, cela ne suffit pas, le théâtre de rue est une enclave,  une compagnie doit se montrer dans des lieux légitimes. 

Alors nous serons aussi à Villeneuve les avignon en juillet  avec la Nuit Unique bien aidés par Lieux publics.  

Nos caisses sont vides mais on s’en fout,  on fonce. 


Pascal,  il faut marcher sur deux jambes, un peu de tournée certes mais aussi une implantation quelque part,  ta rue de Tunis en quelque sorte. 


 Jacques 















 





 





C’est ce que j’appelais  : resto plateau dodo , me^me si notre plateau c’était la rue. 
















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