Salut, c'est Franck de Bourgogne.
Ce silence qui t'étonne, Tof, n'est, en réalité, pas étonnant du tout.
En effet, ce mouvement des "gilets jaunes" est le résultat de la fermentation trop longue d'une multitude d'organismes de natures diverses.
Résultat des courses, on a là un maelström d'idées -parfois contradictoires- qui, pour l'heure, ne se retrouvent que sur un seul point : la colère contre un pouvoir qui méprise son peuple.
Mais, on voit rapidement émerger tout ce qui dissemble, au détriment de ce qui rassemble.
Certains stigmatisent les mauvaises raisons qui ont incité ceux qui l'ont fait à se bouger.
On voit même apparaître sur les réseaux sociaux des vidéos où des gilets jaunes beaufs et/ou avinés et/ou fachos et/ou homophobes et/ou xénophobes,... stigmatisent ceux qu'ils ont dans le nez.
Dans d'autres publications, on voit des gilets verts, qui ne comprennent pas que le point de départ de la mobilisation soit une question de taxe sur des énergies fossiles.
Et dans d'autres encore, on stigmatise ceux qui, jusqu'alors ne s'étaient jamais bougés pour des causes pourtant autrement plus "nobles" que celle-là, comme les étudiants, les cheminots, les retraités, les fonctionnaires, le chômage, les hôpitaux,... et la tête alouette !
Mais, il n'y a pas que ceux qui dénoncent... car quelques-uns réfléchissent, en se disant que, même avec la farouche volonté de ne pas avoir de porte-paroles (car ceux-ci pourraient être rattrapés par le système et les sirènes du pouvoir => potentiellement corruptibles), il va falloir sérieusement penser à se rassembler pour faire front et lutter de façon collective et coordonnée, afin d'être le plus efficace possible.
Mais ce, en ayant toujours à l'esprit de ne surtout pas être récupéré par quelque parti politique ou quelque syndicat que ce soit.
Et tout ce que je viens d'expliquer (mais, que chacunE d'entre-vous avait bien compris depuis un moment) fait qu'on se retrouve dans une situation inédite, que nul ne sait (et surtout pas le pouvoir) par quel bout prendre (car les bouts sont multiples et labiles) et où tout ça peut nous mener...
Je vais, à présent, vous donner ma position et ma vision des choses en la matière, qui ne seront, en aucun cas, une leçon ou quoi que ce soit qui puisse y ressembler...
Je suis heureux de voir ce qui est en train de se passer.
Car, de ce bouillonnement incontrôlable, va naître une situation inédite.
Le pouvoir va-t-il vaciller, voire tomber ? Je n'en sais rien.
Allons-nous vers une révolte, voire une révolution ? Je l'ignore.
Tout ceci va-t-il n'être qu'un feu de paille, ou un nouveau mouvement genre "Nuit debout" (encore que je ne voudrais pas caricaturer ce qui s'y est déroulé et qui recèle bien des vertus), qui va renforcer le pouvoir totalitaire de Macron 1er ? Ben... j' sais pas.
Mais, ce que je sais, c'est que nous serions bien cons, à défaut d'y participer (chacun fait, fait, fait c' qui lui plaît, plaît, plaît...) de ne pas observer, comprendre, analyser et tirer les leçons de ce qui est en train de se jouer là.
Car ces mouvements de révolte citoyenne incontrôlée sont la marque d'un tel ras-le-bol -et sont tellement rares- qu'il est crucial d'en saisir le moindre battement et la moindre émergence, afin de pouvoir en tirer les leçons, voire de pousser l'avantage qu'ils auront pu obtenir.
Car il est indéniable que quelque chose est en train de se passer et que passer complètement à côté, ce serait rater une occasion rare de faire changer les choses.
Et, très sincèrement, je trouve ça cool que les gens prennent, d'une certaine façon, leur destin et leur colère en main. Et qu'ils n'aient personne pour leur dicter quoi penser et comment faire.
Voili, Tof, je te remercie de m'avoir ainsi stimulé, alors que je n'avais aucune envie de me prononcer ce soir sur ce sujet-là.
Mais, sachez, chers collègues, que, au milieu de tout ce raffut réjouissif, des discussions (je n'ai pas écrit "négociations", hein !) sont en train de se dérouler en "coups lisses", afin de faire en sorte de réduire ce filet de sécurité que constituent l'assurance chômage en général, et l'intermittence du spectacle (annexes 8 et 10) en particulier.
Alors, loin de moi l'idée de réintroduire dans le débat la notion de défense d'un seul secteur d'activité (car je pense que cette histoire de gilets jaunes peut et doit dépasser des enjeux sectoriels), mais je voulais juste mettre une petite piqûre de rappel pour remettre à l'esprit de tout un chacun que, si nous voulons continuer à avancer, il va bien falloir soigner à la fois la canne sociale et la guibole générale, sous peine de très prochainement boiter des 2 pattes...
Et comme j'ai déjà été bien assez long comme ça (et même si tout ceci est particulièrement imbriqué), je vous emmerderai plus tard (mais, bientôt) avec les enjeux écologiques et la nécessité de voir s'effondrer les 2 maladies qui nous rongent encore et toujours plus et nous font le plus de mal : le capitalisme industriel et le capitalisme financier.
Voili.
Ami calmant.
@+ Franck de B.
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