- From: francoismary <
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- Subject: Re: [rue] le pass culture
- Date: Tue, 05 Nov 2019 09:02:10 +0100
- Importance: normal
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En complément avec Mediapart. Bonne journée,
Alors que le dispositif, qui faisait partie des promesses de campagne d’Emmanuel Macron, fait un flop.
LES FOLLES RÉMUNÉRATIONS DES DIRIGEANTS DU PASS CULTURE
https://www.capital.fr/economie-politique/les-folles-remunerations-des-dirigeants-du-pass-culture-1354419
-------- Message d'origine --------
De : "Jacques livchine(
via rue Mailing List)" <
>
Date : 04/11/2019 14:54 (GMT+01:00)
À : Fédération de la rue <
>, Liste Liste rue <
>
Objet : [rue] le pass culture
Vous connaissez le pass Culture,
500 € donné pendant une année aux jeunes de 18 ans
pour favoriser leur accès à la culture .
Le ministère de la culture n’a consulté aucun directeur de théâtre public pour savoir si vraiment l’absence des jeunes au théâtre avait
pour origine le prix de la place.
Nous sommes bien placés pour savoir que souvent même en offrant gratuitement des places,
quand t’as pas envie d’y aller c’est pas la gratuité qui va changer
quoique ce soit .
Même une fois dans notre passé scène nationale, nous avons expérimenté le fait de payer les spectateurs pour qu’ils viennent,
et s’ils restaient jusqu’à la fin du spectacle
ils recevaient une enveloppe avec une somme symbolique.
On avait été obligés car le spectacle était annoncé comme la pire des pièces vue dans le Off d’Avignon.
Bien entendu on n’a pas fait le plein, mais Canal + avait voulu filmer l’expérience .
Le Ministère de la culture a confié ça
à une boîte qui se sert copieusement financièrement.
Je suis allé à une réunion d’information sur le pass Culture,
c’est une application smart phone, je me disais : tiens il y a parfois des jeunes qui ont du mal à payer
130 € le cours de théâtre pour toute l’année, ou bien les Ruches,
alors voyons comment ça marche.
Il faut avoir 18 ans, pas 19 ou 22 uniquement 18 ans.
Et donc voilà …
après c’est évidemment compliqué.
Il y a 230 personnes qui se sont inscrites dans le Doubs pour avoir
les Eurockéennes gratuites.
J’ai parlé à une jeune de Montbéliard , elle voulait se payer un casque, mais ce n’était disponible qu’à Strasbourg , donc cela ne marche
pas vraiment bien. Vous lirez l’article.
Vaudrait mieux selon moi verser les 39 millions à toutes les compagnies qui jouent gratuitement dans les Off de la rue.
JL
voici l’article de Médiapart
Le pass Culture
procure surtout des passe-droits
1
NOVEMBRE 2019
PAR
ANTOINE
PECQUEUR
Promesse centrale de la campagne d’Emmanuel
Macron, le pass Culture touche peu de jeunes et enrichit
ceux qui gouvernent son expérimentation chaotique. Mélange
des genres entre public et privé, outil culturel devenu
instrument politique, fossé entre le coût du dispositif et
les dépenses culturelles effectuées : enquête sur le fiasco
de la Macronie culturelle.
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Festival de Besançon : 1. Centre dramatique
national d’Aubervilliers : 4. Musée des Beaux-Arts de
Quimper : 0. Théâtre du Maillon de Strasbourg : 12. Ces
chiffres correspondent au nombre de jeunes qui sont allés
dans ces structures culturelles grâce au pass Culture. Une
promesse de campagne d’Emmanuel Macron offrant une
enveloppe de 500 euros à chaque jeune de 18 ans pour des
dépenses culturelles, par le biais d’une application
dédiée.
L’idée du pass a été soufflée au président par
sa conseillère culture, Claudia Ferrazzi. L’ancienne
secrétaire générale de la Villa Médicis avait simplement
repris le concept similaire du « Bonus
Cultura » lancé
en 2016 en Italie par Matteo Renzi. Début octobre, Claudia
Ferrazzi a quitté son poste, remplacée par Rima
Abdul-Malak. Un départ qui sonne comme un désaveu.
À mi-mandat, le bilan du pass, qui est
expérimenté depuis février dans 14 départements, est en
effet un échec cuisant. Lors de la venue d’Emmanuel Macron
à Ornans, en juin dernier, pour vanter la mise en place de
sa promesse électorale, l’équipe du pass a dû trouver, la
veille, des jeunes pour les former en quelques heures au
maniement de l’application.
Devant le Conseil national des professions du
spectacle, le 23 octobre, Damien Cuier, président de la
SAS – société par actions simplifiée – Pass Culture
(appartenant à 70 % à l’État et à 30 % à la Caisse des
dépôts et consignations), a donné aux représentants du
secteur les premières tendances. Elles sont alarmantes :
seuls 25 000 jeunes sont inscrits, et ils ont en moyenne
dépensé 100 euros sur les 500…
Ces chiffres n’étonnent aucun acteur du
secteur : « Le
pass, c’est une vision purement consumériste de la
culture. Ce n’est pas en donnant de l’argent que les
jeunes vont aller à la culture : l’envie de faire des
sorties culturelles, ça ne se décrète pas, affirme
François Aymé, président de l’Association française des
cinémas d’art et essai, qui réunit 1 200 salles en France. La gravité du
pass, c’est que ça ne fait qu’amplifier les pratiques
culturelles existantes. Celui qui va toujours voir le
même type de films le fera encore plus. »
Le livre arrive en tête des dépenses du pass
mais se dirige surtout vers les classiques programmés dans
le cadre scolaire, suivi de la musique, dont les trois
quarts vont vers la plateforme de streaming Deezer. Le
spectacle vivant demeure le parent pauvre. « Cette
politique publique finance une offre qui ne participe à
aucune mission de service public, s’insurge Vincent
Moissellin, directeur du Syndeac, syndicat des entreprises
artistiques et culturelles. C’est une
inversion gravissime de l’offre et de la demande en
matière de politique culturelle. »
Sans compter que le pass vient en doublon de
dispositifs déjà existants : « Nous avons
reçu une quarantaine de jeunes par le pass Culture,
alors qu’avec le pass Campus de l’université, nous avons
eu 4 500 places réservées », explique Chrystèle
Guillembert, directrice des relations avec le public du
Théâtre national de Strasbourg.
Au total, à la fin de l’été, on compte seulement
un million d’euros de dépenses culturelles des jeunes
liées au pass. Pourtant, dans le budget 2019, le coût du
pass est de 34 millions d’euros. Comment justifier un tel
fossé entre les dépenses et le coût de fonctionnement,
au-delà de l’investissement technologique ? C’est là qu’il
faut pénétrer les arcanes peu reluisants de l’organisation
même du pass.
Retour en janvier 2018 : Françoise Nyssen, alors
ministre de la culture, lance le pass Culture sous la
forme d’une start-up d’État. Mais l’étape la plus
importante se déroule mi-mai, quand la ministre confie une
mission sur le pass à Frédéric Jousset et Éric Garandeau.
Le premier est le cofondateur de Webhelp, qui a racheté Beaux-Arts
magazine. Il travaille bénévolement sur le projet.
Et obtient la légion d'honneur en janvier 2019.
Éric
Garandeau en 2012.
Le rôle d’Éric Garandeau, ancien inspecteur
des finances et ex-président du CNC (Centre national du
cinéma et de l’image animée), est lui beaucoup plus
complexe. On ne peut pas dire qu’il ait contribué
bénévolement au pass, loin de là. Selon les documents que
nous avons pu consulter, sa société, Garandeau Consulting, a
été rémunérée entre septembre 2018 et mai 2019 à hauteur de
651 600 euros. Le taux journalier était de 3 000 euros hors
taxes. Éric Garandeau était assisté d’une consultante
junior, Maïtena Szkobel, et en partie d’une secrétaire. Sur
cette période, Éric Garandeau s’est installé au deuxième
étage de la rue de Valois, recevant dans le salon historique
Mérimée, à quelques mètres des bureaux du ministre.
Un drôle de mélange des genres, qui voit un
consultant privé prendre place sous les ors de la
République. Dans sa feuille de mission, Éric Garandeau
avait deux axes : trouver le statut juridique du pass et
chercher des fonds privés pour financer le dispositif.
Françoise Nyssen affirmait alors que le but était
d’arriver à un financement à 80 % privé et à 20 % public.
Qu’a obtenu Garandeau Consulting ? À l’issue de
sa mission, aucun organisme privé n’est venu financer le
pass Culture. Éric Garandeau répond à Mediapart qu’« il
était difficile de trouver des ressources propres tant
que la société du pass n’était pas créée ». C’était
pourtant l’objectif de la mission… D’où l’aveu de Damien
Cuier, au Conseil national des professions du spectacle
d’octobre, annonçant aux professionnels que le financement
du pass serait entièrement public. Mais comment l’État
va-t-il trouver les 400 millions d’euros nécessaires pour
toucher les 800 000 jeunes prévus ? En faisant en sorte
qu’une partie des jeunes ne demandent pas à bénéficier du
dispositif ?
« Les
rémunérations des dirigeants sont injustifiables »
Le président de la SAS viserait, pour la
généralisation du pass en 2021, un montant de 80 millions
d’euros, ce qui ne concernerait que 150 000 jeunes. Pour un
dispositif public, il n’y a jamais un taux de retour de
100 % », cherche à se justifier Damien Cuier.
L’équipe du pass Culture mise en réalité sur un fatalisme
sociologique qui exclura une grande partie des jeunes.
Franck
Riester en 2019.
Dans le portrait que Le Monde a
consacré à Franck Riester, qui n’a pas donné suite à nos
demandes d’entretien, ce dernier glisse : « Pour l’instant
je n’ai pas de certitude [sur le pass],
notamment sur le modèle économique. » Des
conseillers parmi les plus proches du ministre ne veulent
plus entendre parler de ce « caprice
présidentiel ».
Il n’empêche : officiellement, le projet doit
avancer et poursuivre son expérimentation sur de nouveaux
territoires. La nouvelle équipe du pass, mise en place cet
été, est prête. À l’origine, le plan était de confier la
présidence de la SAS à Éric Garandeau, mais la Haute
Autorité pour la transparence de la vie publique a statué
contre. Cette dernière estimait impossible que le même
Éric Garandeau puisse juger le travail accompli ces
derniers mois par son équipe de consulting… En lot de
consolation lui a été confié le poste de conseiller du
président de la SAS, aux côtés de Damien Cuier.
À cela s’ajoute un comité stratégique, sorte de
conseil d’administration, composé de représentants du
monde culturel, bénévoles, dirigé par l’animatrice et
journaliste Isabelle Giordano, dont la première réunion
s’est déroulée le 11 septembre. Mais au sein du comité,
cela grince. « Les
rémunérations des dirigeants sont injustifiables »,
dénonce l’un des membres : 170 000 euros annuels pour
Damien Cuier, et 6 000 euros mensuels, pour un tiers
temps, pour Éric Garandeau. Si la démesure des salaires
n’a pas été freinée, le choix des locaux a, lui, été remis
en question par le comité. « Au départ,
les dirigeants du pass voulaient que les équipes
s’installent en plein centre de Paris, près du
ministère. Nous nous sommes opposés au coût de tels
locaux, alors que les budgets culturels sont à la
diète », poursuit un membre du comité.
Au fil de sa mission, à défaut d’obtenir les
résultats attendus, Éric Garandeau aura mis à profit son
activité et ses réseaux au sein du Pass Culture pour
développer son agence de consulting et séduire la droite
Macron-compatible. Éric Garandeau fut le conseiller
culture de Jean-Jacques Aillagon, puis de Nicolas Sarkozy.
Damien Cuier, haut fonctionnaire, fut l’un des acteurs de
l’affaire Bygmalion. Ancien conseiller de Jean-François
Copé, il était devenu le directeur général chargé de la
gestion de France Télévisions, sous la présidence de
Patrick de Carolis, au moment des marchés passés par
France TV auprès de la société Bygmalion.
Le choix des territoires où s’expérimente le
dispositif repose ainsi sur des soubassements politiques.
À quelques mois des élections municipales, le pass est
devenu un outil de séduction des maires de droite pour
leur faire rejoindre LREM. Franck Riester, issu du parti
de centre-droit Agir, a été installé rue de Valois en
partie à cette fin. C’est ainsi que le pass vient d’être
lancé dans les Ardennes, où le maire de
Charleville-Mézières, Boris Ravignon (LR), devrait se
présenter sous étiquette LREM. À Nevers (Nièvre),
l’installation du pass est venue récompenser le maire
sortant Denis Thuriot, investi en juin par LREM.
Et gare aux structures culturelles qui ne
voudraient pas participer au pass ; dans certains
territoires, des conseillers Drac font pression pour que
ce critère soit même inscrit dans les conventions avec les
structures. L’élargissement du pass au Val-de-Marne ne
doit rien non plus au hasard. La conseillère
départementale (LR) Déborah Münzer a rejoint le ministère
de la culture comme conseillère de Franck Riester et se
retrouve étroitement associée sur le pass à Éric
Garandeau. Alors qu’il est en mission sur le dispositif,
ce dernier travaille avec sa société de consulting sur le
développement des studios de cinéma de Bry-sur-Marne…
« La manière dont Éric Garandeau utilise le
ministère de la culture a tout d’une situation d’abus de
position dominante », dénonce un collaborateur de la
rue de Valois. Éric Garandeau a d’ailleurs fait recruter,
comme directrice administrative et financière du Pass,
Claudine Goardou Madec, issue de son agence de consulting.
Le mélange des genres entre public et privé
autour du pass Culture n’existe pas seulement en amont,
mais aussi en aval, au point de devenir inextricable.
L’application met ainsi en avant la plateforme de
streaming Deezer. « C’est
important de voir les acteurs français sur le pass »,
expliquee Éric Garandeau. L’actionnaire principal de
Deezer est pourtant l’oligarque Len Blavatnik,
milliardaire américano-russe… Par contre, le directeur
marketing, Guillaume Pfister, se situe lui dans le sérail
de la droite française, ancien conseiller culture d’Alain
Juppé.
Les géants du numérique ne peuvent qu’apprécier
le dispositif du pass, qui leur permet d’obtenir des
données utilisateurs de jeunes de 18 ans, cibles idéales.
Une démarche qui entre en contradiction avec la volonté
affichée par le gouvernement de mettre au pas les Gafam...
L’autre grand acteur privé sur le pass est Canal+, avec
ses abonnements pour les moins de 26 ans. Alors que le
groupe a perdu un million d’abonnés en France depuis 2015,
le pass permettrait-il de réduire l’hémorragie de la
chaîne de Vincent Bolloré ?
Dans le projet de loi de finances de 2020, 10
millions d’euros supplémentaires sont demandés pour le
dispositif. « Au
même moment, les crédits transmissions de savoirs du
ministère de la culture perdent 60 millions d’euros. Ce
sont ces crédits qui servent pour mettre en place une
véritable politique d’éducation artistique »,
dénonce Lucie Sorin, déléguée du Syndicat français des
artistes interprètes.
Alors que le ministère de la culture fête ses 60
ans, Emmanuel Macron a transformé la rue de Valois en
cheval de Troie pour des intérêts politiques et privés.
Tant au niveau micro de sa structuration qu’à celui macro
de son exploitation, le pass inverse la logique de l’offre
et de la demande, en servant les intérêts de quelques
acteurs politiques et économiques.
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