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Re: [rue] Mon ressenti, Nancy Maxeville, Université Buissonnière


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  • Subject: Re: [rue] Mon ressenti, Nancy Maxeville, Université Buissonnière
  • Date: Fri, 14 Feb 2020 09:50:27 +0100

Ola la rue et Jacques

J’attends toujours avec une certaine impatience le retour de messire Livchine sur les UB.

Quand j’y suis parce que je peux réagir en disant : mais oui mais non et puis voilà.

Quand je n’y suis pas pour avoir un thermomètre de ce qui s’y est passé.

Je suis ravi de le lire ce jour et de me dire que nos rencontres UB ou autres, commencent à avancer dans le sens qui me plait.

Nous vivrons certainement un bouleversement fondamental dans les années à venir et je suis d’accord pour dire que nous avons un rôle majeur à jouer.

Merci à toustes celleux qui ont organisé cette UB et qui sait, l’an prochain à Bayonne ? :D

La bizalarue

Stef Krawa


Jamais tu ne m’entendras dire : t’as tout raté, t’aurais du être là.

 

Parce qu’on est pareil et pas pareil

 

Pareil, on a à peu près le même genre de pieds, et puis tous des nez,

Les crânes ça change,

T’as le  frère qui a la boule à zéro comme on dit, l’autre une forêt épaisse toute blanche,

Plus tard on parlera de l’ère des frères Prévost.

 

Et puis il y a celles et ceux qui placent Joker au dessus de tout, et les autres qui ne comprennent pas cet engouement.

 

Il semblerait cependant que dans le domaine des arts de la rue, un fil invisible nous unit que personne n’a bien réussir à définir.

 

Ça a sans doute à voir avec la notion d’ego et de carrière,  de collectif et un amour des gens.

 

Première impression quand  je passe le porche  du Grand Savoye : impressionnante table de livres, et on s’affaire autour.

 

Et puis on entre dans la salle de la plénière, premier réflexe : qui est venu ? et je connais qui ?

 

Je ne connais plus grand monde,  dis donc, je me rapproche des anciens pour ne  pas être trop seul,

 

Maintenant on ne dit même plus les anciens, mais les historiques …

 

Brigitte Burdin de Transsexpress, Serge  Calvier de Nil admirari,  Jean Marie Songy  du Palc maintenant

 

Ancien de la FAIAR , Alix M.

 

Et des nouvelles têtes par dizaines, beaucoup de femmes, une mauvaise langue me glisse : les chargées de diff, pas trop d’artistes, et alors ?

 

Lucile Chesnais  de Besançon et de la Fédé me répète à l’encan : six mois de bénévolat pour ces deux jours,  c’est la dernière fois.

 

Et les CNAR ?

 

La veille on a dîné à une quarantaine dans la pizzeria Calvi de la rue Stanislas, un bruit épouvantable, des pizzas bourratives.

 

Lucile Malapert est triste,   déboussolée. Elle  ne sait même plus où elle habite.  On décide ensemble de se pencher sur nos  certitudes. Le soir je lui envoie mes 14 certitudes.

 

Nancy, années 70 un formidable festival,  à l’époque zéro théâtre de rue,  ça n’existait pas mais des découvertes sans précédent : Pina Bausch, Kantor

 

Regarde, dis- je à Edith : on garait notre 2CV fourgonnette, là à l’entrée du parc au coin de la place Stanislas  on  dormait   dedans .

Jack Lang avait trente ans, il jouait dans le mariage improvisé d’Henri Monnier

 

Alors cette UB, t’en  as  pensé quoi ?  C’était comment ?

 

Il y  a eu  une prof d’économie, Florence, qui  nous a fait  un PowerPoint sur l’évaluation,  j’ai juste compris que nous sommes dans une société où tout s’évalue, et que c’est le moment d’appliquer ses lois.

Comme  je n’ai rien compris, je m’en remets à Alix M qui a levé la main :  Madame, Madame on me dit sans arrêt que je ne suis pas rentable.

Eh bien cette prof chevronnée ne savait absolument pas répondre, elle savait tout , mais en  évaluation de l’immatériel, elle était bien nulle.

 

On remplit des tableaux Excel pour nos tutelles, avec du quantitatif, nombre de  contrats de cession, combien de spectateurs, divisez le nombre de comédiens par le nombre de spectateurs, multipliez par le numéro  de votre département, divisez par le nombre de jours actifs, et vous aurez l’indice du point de retraite.

 

C’est un point capital, l’évaluation,   je voulais raconter l’histoire du capitaine des pompiers de St Quentin en Yvelines qui lors d’un arbitrage sur la création d’un poste dans l’agglomération s’était exclamé : donnez le poste à l’Unité, nous, nous ramassons les jeunes suicidés dans le hall des immeubles, eux empêchent les jeunes de se suicider.

 

Je n’ai pas osé.

 

Alors cette UB ?   Tu l’évalues comment ?

 

Je n’ai jamais décroché, juste une dizaine de minutes en deux jours où je me suis assoupi devant un PowerPoint.

D’habitude je dors quasiment ans arrêt   tant les  interventions sont absconses.

Là , pas du tout , la nourriture était légère, j’étais attentif et curieux.

 

C’était une UB très politique

 

En fait on a très peu parlé de théâtre, de budget, d’argent, de moyens, très peu, mais on a parlé de la société.

 

Mais oui,  cela devient un lieu commun  de dire que la société est devenue autoritaire, qu’il y a des interdictions, des murs , des barrières, mais en fait, en vrai, on peut tout détourner, contourner.

 Il y a eu une table ronde bien comique, celle où un par un, chacun  évoquait comment il gruge, comment il ment, comment il truque,  comment il détourne  toutes les lois.

 

Mais oui, il faut être malin,  j’apprends qu’une association n’a absolument pas besoin de président , de trésorier, de secrétaire et tout ce qui s’ensuit  et que pour l’emploi des intermittents  il faut télécharger un guide sur Opale  qui vous dira tout.

 

Et puis on a appris  comment fonctionnait le lieu Mémo dans le quel nous nous nous trouvons. Un lieu incroyable.  Une gouvernance sans hiérarchie,  un climat de liberté tranquille, des gens qui sont dans le « faire ».  Jamais de longues réunions interminables.

En trois semaines ils ont fabriqué un chapiteau en dur.

Un CDI en tout, Eva, au calme inébranlable,  une économie de guerre, des copains par centaines,

Quand j’y ai joué  il y a deux ans  je cherchais le chef.  Pas de chef, notre vieille utopie franc-comtoise : nous sommes tous chefs.

 

Ce qui compte pour moi c’est que je reparte un peu  plus riche que lorsque j’y suis entré.

 

Et là c’était fou, on n’était pas dans la plainte , ou la désespérance, mais on faisait le plein d’énergie pour deux ans au moins.

 

Il y avait le climat que j’aime : sérieux  sans se prendre au sérieux,

Lorédana dans ses tenues incroyables assumait les transitions  et Jean Luc Prévost était un maître de cérémonie léger

 

Et là Jean Louis Laville a été magistral, et a répondu clairement à  des questions qui me passionnent.

 

Il a redonné ses lettres de noblesse à l’associationnisme.  Il a exprimé ce que depuis des années je n’arrive pas à bien dire.

 

La force gigantesque de tous ces petits lieux alternatifs, de toutes ces initiatives  dont la France est couverte, de tous ces lieux, ces abris,  où ne s’applique pas la loi du profit.

Eh bien mine de rien, il y a 1 700 000 associations en France qui créent hors système capitaliste une richesse incroyable.

Ces associations sont évidemment méprisées,  et vivent dans l’invisibilité.

Il nous a demandé d’éviter les attitudes trop pures, qui peuvent devenir dangereuses, oui à l’impur a t-il dit.

Et puis une de nos tâches : nous rendre visibles. 

Et le philosophe nomade Luc Carton nous a fait une synthèse étonnante ,

Il nous a démontré que pour la première fois depuis 1789,  nous sommes en train de changer d’époque,   et j’ai tout noté dans un carnet que j’ai perdu, mais je  résume de mémoire :  dans le changements qui  sont en train de produire, les arts de la rue joueront un rôle moteur.

 

Manon Dumont  a tout noté sur son ordi et Loredana a enregistré, il nous faudra ce texte  comme manifeste.

 

En résumé, moi personnellement, j’ai fait le plein d’idées et d’énergie  ce qui est tout de même la raison d’être d’une Université Buissonnière

 

Et le lendemain j’ai assisté à un spectacle sidérant de Mila Rau, de quoi combler tous mes manques.

 
 
 
 

 

 
 
 
 
 
 
 
 

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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Stephane Detrain

Programmateur du festival Côté Jardin (Podensac)
Co-président de la Fédération Grand’Rue (Arts de la Rue en Nouvelle-aquitaine)

06 85 36 52 10










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