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RE: [rue] Enfin une parole dissidente, c’est pas moi qui parle c’est Jerome Favre


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  • From: François Mary < >
  • To: "'Liste Rue'" < >
  • Subject: RE: [rue] Enfin une parole dissidente, c’est pas moi qui parle c’est Jerome Favre
  • Date: Wed, 20 Jan 2021 19:21:15 +0100
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Si on arrive déjà à se défaire des enceintes de barrières Vauban qui bouclent les fans zone dans les festivals, ça sera pas mal.

Qui peut le plus peut le moins.

 

François

 

De : < > De la part de
Envoyé : mercredi 20 janvier 2021 12:42
À : Liste Rue < >
Objet : Re: [rue] Enfin une parole dissidente, c’est pas moi qui parle c’est Jerome Favre

 

pareil ! 

foncez les artistes, reprenez les espaces, soyez dissidents, jetez les cadres, foncez ! 

oui peut être qu’il faut tout jeter et revenir à ce théâtre dissident, sous les radars, militants, clivant, bousculant, tellement politique par sa force même de s’extraire de nos Politiques.

cette vague de riens qui a pu déjà montré qu’elle a tout pour faire demain.

 

et puis

comme ça, nous, administrateurs, chargés de prod, de diff, techniciens, permanents, non intermittents du spectacle, et tous ceux et celles qui quelque part oeuvrent avec les porteurs de paroles poétiques et artistiques, faces visibles de l’iceberg,

on prendra des vacances un peu, ça nous fera pas de mal après cette année et en attendant celle qui vient, et celle d’après.

 

et puis après, quand tout sera hors cadre, on en reviendra à la manche. simple et efficace.

et l’élite néolibérale s’amusera de nous voir renoncer à tout système social, de politique publique, de revendications sociétales, collectives, communes, trop content de se gaver de notre argent, pour nous laisser vivre nos libertés individuelles et les revendiquer.

son rêve.

 

bien sûr il faut foncer dans les églises en ruines, dans les hangars

partout et mettre le feu, même pourquoi pas soyons fou : dans des théâtres...

 

bien sûr, mais alors si on suit ça : 

sans cachets ? 

sans prod ? 

sans régime d’assurance chomage ? 

sans couverture en cas d’accident du travail ? 

sans assurance en cas de probleme ? 

sans argent ? 

sans moyens ?

 

et pourquoi pas?

chiche.

on fonce?

on fait la liste de ce qu’on accepte véritablement de jeter, d’abandonner pour jouer. sincèrement, honnêtement, et librement.

et on le fait.

moi je vous suis j’ai besoin de vacances.

 

ou peut être avant, on se sort les doigts pour lutter encore plus, encore plus fort, encore plus mobilisés pour nos droits, au premier rang desquels l’assurance chômage, première sécurité sociale qui nous concerne tous et toutes, jeunes et vieux, artistes et pas artistes, publics et non publics.

et pour laquelle notre apathie de privilégiés cultivés nous fait oublier les combats annoncés, les coups portés, et la répression, la misère qui s’étend?  et surtout le sens "d’être mobilisés"

 

avant de jeter, et d’abandonner, on pourrait peut être proposer un système qui fonctionnerait. au delà de nos cas particuliers liés à nos métiers. c’est pas comme si les propositions existaient pas. (hello la CIP) on a déjà plus aucune carte à jouer?

 

il sera beau le spectacle dans l’église en ruine, devant un public non convoqué car déjà occupant les lieux, essayant de se chauffer avec des bidons et des feux, comme dans les plus tristes images de ces sociétés dans lesquelles la pauvreté n’est plus enrayée.

 

on est tellement pas essentiels, tellement pas utiles, mais tellement capables de renvoyer la réalité de la société par nos actes, qu’elle est là notre liberté et notre utilité : celle d’être au combat, pour tous.

 

car on en fait partie de ce tous, quand après avoir fait notre petit acte artistique on rentre chez soit, retrouver son foyer, ses enfants, ses amis, sa famille, le quotidien, sa réalité « normale » de loyer, de frais, de factures, d’études pour les jeunes, de soutiens aux anciens, d’envie de loisirs et de légèreté, de consommer et parfois d’oublier, de plaisirs coupables, et tout ce qui aussi fait nos vies comme tout le monde.

c’est peut être ça la révolution : pas oublier qu’on est juste comme tout le monde et donc faire pour tout le monde.

 

David cherpin

administrateur.

 

 

 

 

 

 

 



Le 20 janv. 2021 à 11:59, Séverine Valomet - La Quincaille < "> > a écrit :

 

J'adore !!

raz le bol de démontrer, raconter, défendre une utilité publique, j'ai l'impression de perdre mon âme.

 

Je crois en l'inutile, au rien, au vide,

je vis le spectacle en montagnes russes, entre doutes, certitudes et élan.

la flamme doit rester folle et libre ! sereine et joyeuse ! triste et tranchante ! palpitante et appétissante ! sournoise et sinueuse !

Culture en danger ... nous sommes aussi le danger ! l'absurde ! la cruauté ! le désir ! l'amère !

 

Nous nageons dans l'absurdité la plus totale.

Justifier l'art ... ?

 

Oui

hors des sentiers !

hors format !

hors cadre !

horticulture !

hors jeu !

 

Ecrivons au feutre !

 

sève de la pampa centre bretonne

auto-proclamée présidente de "l'art est public" en pleine tournée ministérielle en campagne

car l'art est partout et de plus en plus .... tatata

 

Je vous embrasse à l'embrasure !

 

 

 

 

Le mar. 19 janv. 2021 à 22:54, Patrick Pénicaud < "> > a écrit :

Ingérables. Inutiles. A-productifs. Fait néant (s). Libres, donc.

Hors cadres (et donc murs).

 

 

Le mar. 19 janv. 2021 à 22:27, Compagnie Lavolubile < " target="_blank"> > a écrit :

Merci Merci!!

 

Ce texte m'a mise de bonne humeur ce matin, de l'espoir et un message si important en ce moment: Nous ne sommes pas essentiels et c'est justement ce qui est précieux!!

Ça donne envie de garder la tête haute!

 

Merciiiii

 

Pauline

 

Le mar. 19 janv. 2021 à 07:50, Livchine < " target="_blank"> > a écrit :



Alors que les théâtres sont fermés depuis on ne sait même plus trop quand, et qu’ils ne réouvriront semble-t-il qu’après les pistes de ski, Jérôme Favre appelle, plutôt qu’à quémander, à assumer le caractère inutile de la pratique théâtrale. Et l’invite à renouer avec son caractère dangereux. Si cela requiert une transformation : « Faisons-le dans des églises en ruine, jouons-le dans des hangars abandonnés, des salles des fêtes humides, sur des gradins de paille, derrière des coulisses de carton... »

Nous devons cesser de revendiquer notre utilité économique ou notre utilité sociale. Nous ne servons et ne devons servir à rien. Cet argument nous enferme dans une conformité aveugle à l’ordre rationnel, à l’ordre économique, à l’ordre libéral. Revendiquons le désordre. Revendiquons d’être improductifs.

NOUS SOMMES INUTILES ET C’EST CELA QUI EST BEAU. QUI EST BIEN.

Nous sommes des lieux d’imagination, d’invention et de pensée, de transmission et d’éducation. D’accord. 
Des espaces où déployer des fictions, raconter des histoires, et ces histoires font partie du réel, fabriquent des mondes dans le monde, l’augmentent et l’étirent à notre façon – et nous nous lovons dedans, nous y trouvons des parties indomptées de nous-mêmes.

Mais nous sommes aussi des lieux de transgression et de révolte, des lieux de renversement, de colères, de débats et de désaccords.
Des espaces de fête, de rire, de cris, de corps.
Nous postillonnons, nous crachons, nous hurlons, nous buvons dans des verres sales. Nous nous trainons par terre, nous nous embrassons, nous nous léchons, nous nous mettons nu.e.s.
Nous sommes des lieux de commun, de collectif, de communauté.

C’est tout cela le théâtre, tout cela à la fois. C’est pour tout cela que nous le pratiquons, pour tout cela que nous nous y rendons. 
C’est aussi comme cela que nous vivons et que nous travaillons, dans ce mélange unique de sérieux et de dérision, d’oppositions féroces et de fraternités sublimes, de joie profonde et d’inquiétude irrémédiable. 
C’est unique. Et c’est cela dont nous sommes privé.e.s. 
Ce n’est ni essentiel ni utile à qui que ce soit, à quoi que ce soit. 
C’est juste rare et à contre courant de tout.

C’est un endroit perdu, qui ne ressemble à rien. Tout le monde est invité, même si peu sont ceux / celles qui s’y rendent. Mais peu nous importe. Peu m’importe. C’est juste à nous. Et il n’y a aucune raison qu’on nous le prenne.

NOUS N’AVONS À NOUS SOUMETTRE À AUCUN ORDRE, 
NI SÉCURITAIRE, NI SANITAIRE. 
NOUS DEVONS JOUER SI NOUS LE VOULONS, CESSER DE SUPPLIER QU’ON NOUS LAISSE OUVRIR, D’ARGUER DE NOTRE RESPECT DES RÈGLES OU DE L’ABSENCE DE RISQUE. AU CONTRAIRE. NOUS SOMMES PEUT-ÊTRE EN FACE D’UNE CHANCE UNIQUE : CELLE DE REFAIRE DU THÉÂTRE UN LIEU DE RISQUE.

Pour ne plus aller au théâtre comme on va au club de gym, comme on se rend visite, une occupation parmi d’autres. Le théâtre n’est – ni ne doit être – un loisir ou une activité économique, il n’est pas un morceau du programme de l’éducation nationale. Il n’est pas un succédané des politiques sociales. 
La confrontation avec une œuvre d’art, d’autant plus si elle est vivante, constitue un risque. Celui de se laisser emporter, là où on ne veut pas aller, là où l’on n’est jamais allé. Et d’où l’on ne voudra pas revenir, peut-être.

LE THÉÂTRE EST UN DANGER. UNE MISE EN DANGER.
POUR CELLE / CELUI QUI LE PRATIQUE.
POUR CELLE / CELUI QUI S’Y REND.

Le théâtre est un danger pour la société, parce qu’il la met en doute, qu’il met sans cesse en doute sa réalité, sa forme, en refuse les normes, les codes – qui sont autant d’impasses, autant de pièges où enfermer la Vérité, pour mieux exposer le mensonge, pour mieux renier les Promesses. Le théâtre rebat les cartes du sens qu’on nous impose, que l’on s’impose parfois nous-mêmes. 
Il est un danger par sa forme même, et par son contenu. 
Il ne peut accepter le monde tel qu’il est, tel qui va, il se doit d’exiger sa transformation, de revendiquer la Révolution.

Mais pour cela, sans doute doit-il se transformer lui-même.

On ne fait plus – ne doit plus faire – du théâtre dans des salles chauffées, assis.e.s sur des fauteuils confortables, entouré.e.s des bienveillantes caricatures de spectateurs disciplinés, accompagné.e.s de SIAP, enrubanné.e.s de décors ignifugés. 
Le théâtre est un incendie, il brûle, laissons-le brûler, sinon quoi ?

On nous l’a confisqué, nous a plongé.e.s dans le noir, et maintenant quelqu’un d’autre nous guide, la cohorte des décideurs, des directeurs, des médiateurs, des administrateurs, des photocopieurs.

Mais le théâtre est à nous. C’est notre feu, pas le leur. 
Reprenons-le, distribuons-le, partageons-le.
Faisons-le dans des églises en ruine, jouons-le dans des hangars abandonnés, des salles des fêtes humides, sur des gradins de paille, derrière des coulisses de carton ; éclairons-nous de lampes à piles, dessinons des affiches au feutre ; invitons nos ami.e.s, nos voisin.e.s, nos cousin.e.s ; bravons la nuit, et chuchotons s’il le faut, qu’on ne nous trouve pas, qu’ils ne nous trouvent pas.

Vous venez ? ...

Jérôme Favre, écrivain et metteur en scène (Pire, Normandie)

Envoyé de mon iPad


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