Je rêve d’échapper au système. 

Le système :

je cherche une résidence,

je cherche un financement, 

je cherche de la coprode ou les dispositifs ministère qui existent,

j’écris un dossier de huit pages minimum avec mes intentions,

j’envoie, j’appelle, j’alpague le moindre directeur de festival ou de structures culturelles. 

  

Je suis comme le mendiant dans les couloirs du métro Duroc 

j’ai ma pancarte : cherche coproducteurs 

personne ne s’arrête ni ne me regarde 

j’ai l’impression de ne pas exister. 

Puis je répète, nous répétons 

il va falloir jouer, se montrer, s’exhiber. 

On fait des avant -premières, on invite les programmateurs du coin.

notre chargé(e) de diffusion est en échec permanent, personne ne se déplace, puis ça y est, la lumière revient.

Un professionnel a assisté à notre crash- test ! 

il ne dit rien, il en pense quoi ? il ne dit pas un mot 

quand on le rappelle, il dit que c’est bien mais que cela ne correspond pas à son type de public, 

ou il dit que la jauge est trop faible pour le prix demandé

ou il dit brutalement que la qualité n’est pas au rendez- vous. 

On fait comment ? 

Oh une grande victoire !  Sur les 1074 dossiers de Chalon dans la rue, 

nous sommes dans le peloton de la centaine qui aura droit à un lieu et un repas par jour et peut-être la chance de jouer devant des pros.

Oui les pros disent inlassablement : je ne prends pas sans voir, et là on leur dit, vous allez pouvoir voir !

Rendez -vous à Chalon entre le 20 et le 22 juillet. 

Et puis on fera Aurillac aussi, et Sotteville tant qu’à faire. 

Aurillac,  le compteur des compagnies de passage présentes est déjà à plus de huit cents. 

On dit que Villeneuve c’est pas mal, parce qu’on joue au moins une dizaine de fois, c’est Brice qu’il faut convaincre, mais tu rigoles 2023 et 2024 c’est déjà plein. 

Livchine lance ses fameuses statistiques inventées par lui-même et fumeuses.  

Pour avoir mes 507 heures, je devrais rassembler une trentaine  de cachets et des animations  en pagaille. 

Nous sommes 1300 compagnies, donc nous mettons sur le marché du théâtre de rue plus de 30 000 représentations. 

Il y a en France environ 300 lieux de diffusion capables d’acheter environ 8000 représentations. 

Et voilà c’est mathématique,  le Syndéac s’émeut. A quoi sert il de soutenir la création quand les possibilités de diffusion sont quasiment inexistantes ? 

Même les créations de CDN ne tournent pas. 

Et puis c’est même plus grave que ça. 

Une équipe de football, ça donne de l’image à une Mairie, mais pas une scène Nationale ou un CDN ou un CNAREP 

Donc les relations se tendent entre les mairies et leur théâtre. 

Les relations des politiques et des artistes sont exécrables. (Calais ) 

Les hommes politiques se montrent à l’Opéra mais fréquentent très rarement le théâtre public ou les festivals, ils savent qu’électoralement la culture est peu rentable et peut même leur faire perdre leur place. 

L’observatoire des politiques culturelles oublie le théâtre de rue dans ses statistiques puisque c’est un théâtre sans billetterie. 

Alors on fait comment ? 

 

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