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Re: [rue] Jusqu'ici tout va bien


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  • From: Philippe Violanti < >
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  • Subject: Re: [rue] Jusqu'ici tout va bien
  • Date: Mon, 22 May 2023 22:21:50 +0200
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Je pense que Laurent Wauquiez, comme d'autres, s’inspire de ce que décrit Giuliano da Empoli (cf. le génial roman « Le mage du Kremlin » / enseignant à Science Po), dans son livre « Les ingénieurs du chaos ». Livre majeur pour comprendre comment les Trump, Bolsonaro, Salvini et autres promoteurs du Brexit sont arrivés à leurs fins contre toute attente, dans des scénarios inédits, consciencieusement et scientifiquement bâtis.

Nous n’en sommes qu’au début, ces techniques vont encore progresser. Un livre essentiel, sorti en 2019 mais réédité cette année, que je viens de découvrir, à mettre au-dessus de la pile, qui ne peut que nous interroger sur la suite qui nous attend et nos modes de réactions. La démocratie est en danger et nos p’tits bras en l’état ne font pas le poids devant une telle sophistication.

Philippe




Le 22 mai 2023 à 14:03, François Mary < " class=""> > a écrit :

Le voici ci-dessous. 
 
Et aussi : Lutte contre l’écriture inclusive : la nouvelle croisade de Gilles Platret
 
« Le patronat ne désarme jamais » nous avait prévenus Ambroise Croizat. L’extrême droite non plus.
 
Bien à vous,
François
 
Interview
Laurent Wauquiez coupe dans le budget de la culture : «Les moyens de pression sont faibles»
 
 
Le professeur de sociologie politique Emmanuel Wallon s’inquiète des nouvelles baisses de crédits à la culture décidées par la région Auvergne-Rhône-Alpes et analyse les ressorts du financement des structures du secteur.
 
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Laurent Wauquiez est président de la région Auvergne-Rhône-Alpes depuis 2016. (Nicolas Guyonnet/Hans Lucas. AFP)

publié le 13 mai 2023 à 10h05
Un cavalier solitaire muni d’une scie sauteuse, équipé d’un casque anti-bruit, entaille depuis deux longues années les piliers fondateurs du service public de la culture tels qu’ils s’étaient forgés en un demi-siècle. A nouveau, le couperet est tombé vendredi 12 mai en Auvergne-Rhône-Alpes. L’exécutif de Laurent Wauquiez a voté en commission permanente sa première série de subventions aux structures culturelles, à la baisse pour beaucoup, comme cela était redouté pour nombre d’entre elles. Le très droitier président de région ne s’est pas donné la peine d’assister à cet arbitrage expéditif, tout occupé qu’il est par son come-back national. Pourtant, la baisse globale des crédits pourrait s’élever en 2023 entre 800 000 et 1 million d’euros, selon l’opposition. Et elle fait suite à une importante diminution, à hauteur de 4 millions d’euros, qui avait déjà frappé les acteurs culturels en 2022.
Cependant, les agissements de Laurent Wauquiez ne passent plus inaperçus : le 5 mai, plus de 200 personnalités du monde culturel – dont huit anciens ministres de la Culture, des représentants syndicaux et associatifs et les directions des plus emblématiques lieux de création théâtrale – les ont condamnés dans une tribune publiée dans le Monde. Le 10 mai, sur le plateau de C à vous, la ministre de la Culture Rima Abdul-Malak a reconnu que leur inquiétude lui semblait «totalement fondée» et a assuré surveiller de près «l’étendue des baisses et des hausses et quel va être le budget [culturel] à la fin». Une autre lettre, publiée cette fois jeudi 11 mai dans Télérama, a été signée par 200 élus de tous bords, dont plus de 60 députés, sénateurs et sénatrices. Tous dénoncent le caractère brutal, arbitraire, punitif des baisses de subventions opérées depuis le printemps 2022 sur près de 140 structures sans qu’aucune visibilité n’ait encore été donnée sur l’usage de ces 4 millions d’euros de coupes effectuées. Surtout, l’absence décomplexée de concertation (avec les organisations professionnelles, l’Etat ou les autres collectivités) semble dessiner un moment de bascule dans l’histoire des politiques publiques de la culture, qu’analyse pour Libé, et au-delà du seul cas Wauquiez, le professeur de sociologie politique à l’université Paris-X-Nanterre Emmanuel Wallon.
Voit-on aujourd’hui à l’échelle d’une région ce qui s’observe plus discrètement ailleurs, depuis quelques années : un rejet des politiques culturelles telles qu’elles se fabriquaient jusqu’alors, reposant sur des financements croisés entre Etat et collectivités ?
En effet, il faut bien noter que des coupes budgétaires se produisent aussi, plus discrètement, dans d’autres régions comme dans les Pays-de-la-Loire. On parle beaucoup des théâtres et des maisons de la culture, mais des festivals sont aussi attaqués, et plusieurs contrats de scènes de musiques actuelles [Smac, ndlr] sont remis en cause par des communes, en Ile-de-France, notamment. Ceci dit, le contexte de la région Auvergne-Rhône-Alpes a ceci de particulier que son président, qui entend sans doute mener une carrière nationale, tient un discours prétendant servir la France rurale et périurbaine, alors qu’il pénalise des centres de création en banlieue, comme à Villeurbanne [dans la métropole de Lyon]. Les méthodes peuvent différer : à la tête de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, attaché au même camp politique que Wauquiez, fait même le pari inverse en prenant soin de préserver ses budgets culturels.
La ministre Rima Abdul Malak a déploré les décisions prises par Laurent Wauquiez sur le plan culturel. Mais quelle est exactement la marge de manœuvre de l’Etat pour faire pression ?
Jusqu’à présent, lorsqu’une collectivité se désengageait d’un établissement cofinancé avec l’Etat, l’alternative était simple : si vous ne respectez pas le partenariat, on retire le label de votre établissement culturel dont le prestige et les moyens seront dégradés. Cela peut davantage effaroucher un maire qu’une présidence de région ou de département. Dans les villes, il y a généralement une fierté à disposer d’une scène nationale ou d’un centre chorégraphique national.
Quel est l’intérêt qu’un maire peut tirer de ces labels d’Etat ?
D’abord de l’argent. Un théâtre municipal qui accède au conventionnement avec l’Etat voit son budget global abondé de 15 à 30 % pour développer des missions de création, d’éducation artistique, de soutien aux jeunes professionnels, entre autres. Ça lui permet aussi de s’inscrire dans un réseau de diffusion et de coproduction nationale, voire internationale, donc de pouvoir, par exemple, accueillir des artistes de renom qu’une mairie ne pourrait pas attirer toute seule et qui encadreront peut-être des ateliers ou des master class.
«L’un des objectifs de Laurent Wauquiez quand il parle de «rente», c’est de faire passer les acteurs culturels pour des nantis.»
Ces dernières années, plusieurs collectivités (Arles, Lunéville…) ont préféré perdre leur label pour reprendre en main les programmations…
C’est un fait, ce moyen de pression fonctionne de moins en moins. Récemment, le Réseau des musiques actuelles en Ile-de-France [RIF] s’est ému de ce que des municipalités aient repris le contrôle d’équipements gérés par des équipes porteuses de projets courageux, à Savigny-le-Temple, Ris-Orangis, Limours… Les élus contestent souvent une programmation trop pointue. Or, à l’heure des phénomènes de concentration dans le secteur musical, notables avec des géants du type Live Nation, AEG ou Vivendi, et au risque d’une standardisation, ces établissements associatifs subventionnés garantissent plus que jamais la diversité culturelle et la recherche artistique.
De quels autres outils de pression dispose le ministère ?
Un autre levier consiste en une sorte de prime à la fidélité : les «pactes culturels» proposés par le ministère depuis 2015. Si la collectivité s’engage à maintenir son budget sur une certaine durée, l’Etat conforte aussi le sien, voire l’augmente un peu. Une autre arme serait de faire valoir que si la collectivité ne tient pas ses engagements en matière culturelle, l’Etat pourra ne pas tenir les siens dans d’autres secteurs d’activité. Seulement, pour un gouvernement qui ne dispose que d’une majorité relative, c’est un jeu dangereux, puisque les grands élus territoriaux sont aussi des membres influents des partis représentés à l’Assemblée. La ministre a un verbe clair sur ces questions mais ses armes politiques ne pèsent pas très lourd dans le dispositif de la majorité présidentielle. Qui plus est, au moment où les maternités ferment dans certains territoires, le secteur culturel pourrait être mis en porte-à-faux. C’est précisément un des objectifs de Laurent Wauquiez quand il parle de «rente» : faire passer les acteurs culturels pour des nantis. C’est le b.a.-ba du populisme que de tracer une ligne fluctuante entre un «nous» englobant et un «eux» pratiquant l’entre-soi.
La situation est-elle inédite ?
Pas tout à fait. Une importante crise de confiance entre les professionnels du milieu de la culture et les collectivités territoriales s’était produite dans la foulée de mai-juin 1968. On avait alors vu beaucoup de municipalités reprendre en main les équipements et les crédits qui allaient avec (trois maisons de la culture, des troupes permanentes) lorsqu’ils trouvaient que l’état d’esprit de leur directeur était trop frondeur. Mais dans les décennies d’après, et jusqu’à récemment, s’était plutôt construit une sorte de consensus républicain autour de la nécessité d’un aménagement culturel du territoire et de la liberté de création et de programmation des directions nommées sur la base d’un projet.
Depuis quand ce consensus républicain s’est-il étiolé ?
Vers la fin du quinquennat Hollande, le dialogue entre Etat et collectivités s’est tendu pour des raisons fiscales et financières. Paradoxalement, le point d’inflexion est venu à peu près au moment où la loi relative à la liberté de la création, à l’architecture et au patrimoine, en 2016, gravait pour la première fois dans le marbre la responsabilité partagée des collectivités territoriales en matière de politique culturelle. Malheureusement, cette loi et celle de décentralisation n’ont pas fixé d’obligations, ni de nouvelle méthodologie de coopération. Il n’existe pas beaucoup de recours.
Et l’Etat n’est donc plus le principal financeur de ces établissements culturels aujourd’hui.
Quand on a mis en place les équipements de la politique publique française, dans la longue séquence allant d’André Malraux à Jack Lang, pour ce qui est de la consolidation, l’idée maîtresse était que les collectivités participaient au financement des établissements pourvus d’un label, mais dans un cadre contractuel délimité par l’Etat. Vint ensuite l’époque où tout cela s’accompagnait d’une déconcentration des crédits du ministère. Les collectivités donnaient leur assentiment (ou non) sur les nominations, mais c’est la Rue de Valois qui donnait généralement le la. Ça n’est plus toujours le cas : on vient de le voir à Perpignan. L’idéal initial c’était un partage 50-50, aujourd’hui on ne compte plus qu’un tiers environ de participation financière de l’Etat, tandis que le champ de compétence des collectivités, lui, s’est étendu. Ces élus jouissent par ailleurs d’une crédibilité plus durable et solide que les élus nationaux. Il devient donc possible de rompre l’alliance en espérant gagner ainsi des voix dans des couches sociales qu’on estime indifférentes à la création, voire hostiles. Cela va de pair, bien sûr, avec la flambée d’une droite de plus en plus crispée sur le plan idéologique.
«Aujourd’hui, les exécutifs territoriaux n’invoquent pas ouvertement des raisons d’ordre esthétique. C’est là où le discours de Wauquiez est sournois et habile : il invoque par exemple un “rééquilibrage du territoire”, ce qui est fallacieux.»
Ces dernières années, on a aussi vu les Verts attaquer ce système…
Il faut faire du cas par cas. Grenoble n’est pas Strasbourg, qui n’est pas Lyon. Mais certains fonctionnaires des Drac, en effet, ne se reconnaissent pas tout à fait dans le langage des écologistes qui entendent pour beaucoup dépasser le modèle traditionnel [1].
Pour se désengager du financement des établissements culturels, les arguments des collectivités ont-ils toujours été les mêmes ?
Au moment des querelles notables autour de l’art contemporain, par exemple, dans les années 80-90, c’était davantage la légitimité du jugement esthétique de l’Etat qui était attaqué. Ce qui change aujourd’hui, me semble-t-il, c’est que les exécutifs territoriaux n’invoquent pas ouvertement des raisons d’ordre esthétique. C’est là où le discours de Wauquiez est sournois et habile. Il invoque par exemple un «rééquilibrage du territoire», ce qui est fallacieux.
Pourquoi ?
D’une part parce qu’il menace aussi des événements ou structures implantés en banlieue (Villeurbanne, Rillieux-la-Pape) et dans des petites villes (comme à Die ou à Givors), de l’autre parce qu’il fait fi du tournant bien réel pris par une majorité d’établissements qui, depuis 1998 et la charte des missions de service public, ont un plan d’action territoriale très important en direction du monde scolaire, social, hospitalier. Evidemment, il y a encore bien des catégories sociales de la population qui ne se rendent pas spontanément dans ces maisons, mais leur souci constant est désormais d’expérimenter d’autres types de relations avec le public avec des budgets qui, eux, ne le sont pas.
Par exemple, l’Opéra de Lyon est un pionnier de l’action lyrique en direction du jeune public…
Absolument. Sans oublier que, depuis le Covid, les partenariats se sont encore multipliés entre ces maisons et les hôpitaux, les foyers de jeunes travailleurs, etc. Certains objecteront d’ailleurs qu’il s’agit d’un contresens et que l’art n’a pas vocation à panser les plaies de la société. Est invoquée l’absence de transparence ou de concertation mais, sous ce prétexte, en réalité, on sanctionne souvent des directions d’établissements jugées trop indépendantes ou des villes rétives à la majorité régionale.
[1] Lire l’étude qualitative codirigée par Jean-Pierre Saez et Emmanuel Wallon dans une cinquantaine de territoires en septembre, Parcours et défis des élues à la culture aujourd’hui (éd. Observatoire des politiques culturelles).
 
 
 
Bonjour la Rue,
 
Je ne suis pas abonné à Libération mais le début de l'article commence si bien, j'ai eu l'envie de vous le partager :

 
 

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