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[rue] Fwd: je fais exprès


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  • From: maurice laurent < >
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  • Subject: [rue] Fwd: je fais exprès
  • Date: Sat, 4 Jun 2011 12:11:34 +0200
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---------- Forwarded message ----------
From: maurice laurent
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Date: Sat, 4 Jun 2011 01:10:58 +0200
Subject: Re: [rue] je fais exprès
To: Jacques Livchine
< >

la petite trentaine et j'ai rien inventé, rien ou je peux dire c'est
moi qui l'ai fait. Maurice c'est le prénom du père de ma mère décédé
deux jours avant ma naissance, du coup j'ai hérité, le patrimoine...
On est le produit de tout un tas de choses.
Sinon je sais que Guignol c'est Laurent Mourguet, dans les rues de
Lyon et bien avant 1972, il me semble aussi que le théatre de rue est
né avant le théatre de salle, non le contraire, inventer le théatre de
rue à la fin du 20 ème siècle... faut recommencer aujourd'hui, ça n'a
pas suffi, c'était bien mais faut continuer. Ah si maintenant que j'y
pense j'ai inventé l'amour, physique intense, sensuel, démesurément
utopique, et bien avant Jésus, Gainsbourg et Johnny Hallyday. Ouais
c'est moi l'inventeur ! Pas mal, non ?
Bien sur qu'une oeuvre, une parole ne porte pas le même sens selon qui
la fait, qui l'écrit. Des urinoirs de Deschamps à l'époque t'en
trouvais quinze à la douzaine dans n'importe quelle ferme, mais quel
sens ils portaient en dehors du musée ? Évidemment que le poids d'une
parole est circonstanciée selon son porteur. Si je dis que l'héritage
est grand quand on ne voit pas la main de celui qui le laisse, je
passe pour un petit con, si je te dis que c'est Char qui le dit, je
fais référence, je renvoie à derrière moi, ça produit pas le même
effet, ça ne raconte pas la même chose.
Mais, mais mais il y a la psychose du nom, de l'empreinte, l'appel de
la postérité, "devenir immortel, puis mourir"... Mais voilà quand on
travaille le vivant ça pose problème, ou c'est qu'on signe sur la
ligne du temps ? Sur le mouvement du présent ? On le laisse ou son nom
ailleurs que sur sa pierre tombale ? Exister ne suffit pas, il faut se
survivre, et penser au legs que nous devrons laisser, puisque nous
sommes mortels.
Tu as inventé le théatre de rue il y a 40 années, aujourd'hui nous en
sommes ici. Et demain ?
Bonne nuit
M.L.



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