18 août, 2011 |
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Antigone, d'après Sophocle, par la compagnie Gwenaël Morin
Gwenaël Morin est venu à Aurillac avec sa sobre mise en scène d'Antigone.
Pour cadre de cette tragédie antique, il n'a pas choisi le cœur
historique de la ville, mais les murs d'une « tragédie urbaine » : ceux
d'une cité.
C'est en effet sur le presque terrain vague de la « résidence de la
Montade », entre les barres d'immeubles, que la troupe a installé son
aire de jeu. Et un bar ! Car Morin se projette au-delà de Sophocle,
au-delà du spectacle : il voit surtout un bel espace à occuper et à
rendre vivant, un public important à séduire et à rassembler. Or la
tâche n'est pas simple, car le théâtre n'est ni la préoccupation majeure
ni une activité identitaire des habitants du quartier ; il faut donc
aller les chercher et essayer de les y intéresser. C'est ce que la
troupe a fait : elle a placardé des affiches dans les cages d'escalier,
et a ainsi recruté une dizaine de personnes pour constituer le chœur
antique.
Mais que l'on ne s'y trompe pas, Gwenaël Morin se méfie des bons
sentiments : il n'a pas la prétention de faire du « social ». Il lui
importe avant tout de créer du théâtre, coûte que coûte, et surtout là
où il a envie de le faire. Et tant mieux si les moyens sont petits
(décors de bois, de ficelle et de scotch), tant mieux si les conditions
sont difficiles (vent, pollution sonore), tant mieux si des comédiens
amateurs côtoient de bons professionnels : cela suscite, dans la
communauté des spectateurs, une empathie supplémentaire, déclare Gwenaël
Morin.
Il s'agit, en fait, d'un véritable parti pris : celui d'une recherche de
sobriété pour laisser place à l'humain, avec des comédiens
professionnels ou non, et devant un public averti ou pas. Le résultat
est remarquable : le texte acquiert une clarté et la tension dramatique
perdure jusqu'à la fin: nos émotions et notre jugement sont en
permanence sollicités. Si le jeu frôle parfois la caricature, il n'y
tombe pourtant jamais. Le metteur en scène a choisi de faire jouer les
hommes par des comédiennes et inversement. Ce qui donne une amplitude
inattendue aux propos misogynes de Créon, roi de Thèbes. Ce qui
caractérise la mise en scène de Gwenaël Morin est une grande proximité
avec le spectateur : c'est un théâtre à la mesure de l'homme, sans
manières ni fioritures superflues, sans prétentions ; c'est un spectacle
de grande qualité, mené avec intelligence dans un cadre banal.
Nicolas Arribat
16, 17, 18 et 19 août à 19h30, Aurillac, Résidence de la Montade. Spectacle gratui
18 août, 2011 |
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Festival d'Aurillac
“Fuckin” Cendrillon,
compte de faits, happening texte, Rock-Sound et pommes à croquer. de
Pierre Berthelot, Nadège Prugnard et cathy aAvram, texte de nadèsge
Prugnard.Création in situ de la compagnie Generik Vapeur et Magma
Performing Theatre.
Création
in situ, en effet puisque cela se passe sur la place de l'Hôtel de
Ville, noire de monde le spectacle de 30 minutes est évidemment
gratuit), si bien que l'on ne vous livrera que quelques impressions,
tant il était difficile d'en voir autre chose que des bribes, quand on
n'a pas d'escabeau avec soi comme certains spectateurs prévoyants ou que
l'on n' pas la chance de disposer d'une fenêtre donnant sur la place ou
d'arriver une heure avant. Donc reprenons: ” c'est, dit le petit
papier, un conte rock questionnant la violence du monde actuel pour dire
la nécessité du merveilleux, de l'art entendu comme souffle
incoercible de liberté, vertige insoumis. ” Après tout pourquoi pas?
même si ce genre de discours est en général la marque obligée de
spectacles pas très passionnants.
Il y a trois lits en tube de fer de type militaire astucieusement
tendus sur des câbles, avec dedans des enfants arrachés au sommeil, un
méchant loup qui joue du rock à la guitare électrique, et aux fenêtres
du bâtiment officiel, quelques personnages, dont une sorcière punk qui
hurle au ciel toute sa méchanceté…Il y a bien des paroles mais, comme
la balance a dû être faite sur la place vide, vu le nombre de
spectateurs, sans doute plus de 700, on entend mais on ne comprend
quasiment rien de ce qui se dit. Extrait quand même de ce que vous
auriez pu entendre pour que vous ne mourriez pas idiots: ” J'ai vu la
guerre, j'ai vu l'abattoir à ciel ouvert, j'ai vu la mâchoire d'acier
dévorer la fleur des amants, j'ai vu l'horaire de la mort le cercle
rouge tracé par le soldat de plomb le crash concentré des forces
physiques et souterraines j'ai vu la culture du sexe et de l'argent la
violence politique la phrase du monde perdre sa robe J'ai vu la beauté
s'arracher les yeux j'ai vu…- C'est quoi ce bordel of shit? (…)
Mais on le sait depuis longtemps, les bons sentiments n'ont jamais fait
du bon théâtre, les mauvais sans doute davantage. Ici tout se passe
comme si, avec un détournement somme toute assez banal du fameux conte
et quelques mots anglais: fuckin cendrillon, fuck system, sorcière
trash-punk-une véritable manie dans ce festival!- et une sono à
décorner toutes les Limousines et toutes les Aubrac du Cantal, dans la
tradition des spectacles de Generik vapeur, on voulait faire passer un
message à la fois violent et provocateur… Hier midi, on était quand
même un peu loin du compte!