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[rue] Re: RE: Re: Fwd: RECRUTEMENT RGIS OFFRE N°950340L


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  • Subject: [rue] Re: RE: Re: Fwd: RECRUTEMENT RGIS OFFRE N°950340L
  • Date: Wed, 23 Nov 2011 11:32:01 +0100

Rapido aussi parce qu'au boulot, mais cette question me chiffonne depuis 2003.

Franck, on semble d'accord sur ce point: la situation de la culture en France relève de la précarité.
La culture étant en effet considérée par beaucoup comme un luxe et non comme une nécessité, (il n'y a qu'à voir l'indigence des programmes culturels des candidats à la présidentielle), la majeure partie des crédits qui lui sont alloués le sont de manière précaire, et sont amputables à la moindre alerte. De plus, l'économie globale du secteur s'est construite en lien avec les allocations chômage et a généré un système boiteux et une grande fragilité.

En revanche, s'il y a bien discontinuité des périodes salariées des intermittents du spectacle, il y a dans la majeure partie des cas, continuité du type d'emploi recherché et même activité non salariée entre deux cachets. C'est comme si l'emploi générait l'activité.

À la différence par exemple d'un salarié de la sidérurgie, licencié suite à l'arrêt de l'activité sidérurgique en France. Non seulement son activité salariée s'arrête mais il doit en plus changer d'emploi, car c'est bien l'activité qui génèrait ici son emploi.

Le salarié de la sidérurgie est dans une situation précaire, car dépendant. Il est une variable d'ajustement.
L''intermittent du spectacle l'est beaucoup moins, voire pas du tout.

Là où les luttes se rejoignent, je l'accorde, c'est que tout deux doivent être payés. L'un parce qu'il bosse pour un employeur, l'autre parce qu'il bosse pour le système. L'ouvrier de la sidérurgie doit toucher un salaire minimal durant sa nécessaire reconversion, car en tant que variable d'ajustement il "travaille" pour le système. C'est ce qui s'appelle les allocations chômage, ou alors je n'ai pas tout compris. Et l'intermittent du spectacle, qui n'a jamais cessé de travailler, devrait être rémunéré pour le travail effectué. Mais il devrait l'être directement par les structures qui le font bosser, et non à travers des allocations chômage. D'où une reconsidération complète du financement de la culture, et notamment du secteur du spectacle.

Cela dit, je suis pour un revenu minimum, pour l'ensemble de la population, sans condition, mais c'est une autre affaire, même si je vois bien que c'est la perspective que l'union précaires/intermittents ouvre: défendre un revenu minimal décent qui permettrait la mobilité économique, quel que soit le secteur d'activité.

En attendant, je ne suis ni un chômeur, ni un précaire, vu que je bosse tous les jours, et ce depuis plus de 20 ans, et j'en ai ras-le-bol de devoir faire 507h, de remplir tous les 10 mois un crétin de dossier, crétin parce qu'il ne correspond pas du tout à la réalité, alors que si mes employeurs vendaient leurs spectacles au prix qu'ils coûtent réellement (c'est-à-dire 3 à 4 fois plus chers), je serai salarié à plein temps.

Je pense que défendre un autre financement de la culture est angle d'attaque plus pertinent que de défendre les 507h et les allocations chômage.

S'il y a sur cette liste un seul intermittent qui trouve normal de pointer au chômage tous les mois pendant 50 ans alors qu'il bosse tous les jours, qu'il le dise!

Bien à vous touTEs,
Nicolas Soloy

Les Anthropologues
département arts de la rue de la Cie des Souffleurs
7 impasse des Chantereines
93100 Montreuil

Fax + 33 (1) 765 00 935
Tél + 33 (1) 55 86 01 77

Le 23 nov. 2011 à 09:40, Franck Halimi < "> > a écrit :

Salut, c'est Franck de Bourgogne.

Juste pour répondre lapidairement (car pas le temps de développer) à Nicolas, sur un point de son message.

Tu écris "je n'ai jamais compris pourquoi les intermittents du spectacle se sont rapprochés des précaires." 

C'est vraiment curieux car ce que tu dis juste avant l'explique pour partie : "(cela dit, cette pension de base devrait aussi être donnée pour les chômeurs réels, sorte de salaire minimal pour le métier de variable d'ajustement qu'ils pratiquent en chômant : une bonne charrette de licenciements faisant remonter l'indice boursier des boîtes, ce ne serait que justice)."


Mais, c'est loin d'être la seule explication et ce débat fut longtemps houleux au sein même de ce collectif complexe qu'est la CIP-IDF.


Pour ce qui me concerne, je dirais juste que, lorsque cette appellation naquit le 28 juin 2003 devant la Grande Halle de la Villette, c'était le résultat d'une lucidité et d'une grande compréhension des luttes sociales passées et je crois que rajouter le terme "précaires" est une des décisions les plus intelligentes qui aient été prises par la Coordination et constitue tout son honneur.


Pour terminer provisoirement, je te poserai juste une question, Nicolas : la précarité n'est-elle pas l'une des caractéristiques principales de l'intermittence ?


Si ta réponse est négative, c'est que tu as personnellement de la chance et une vision collective un tantinet réduite (ceci étant, bien entendu, écrit sans animosité aucune, juste avec une surprise non feinte).


L'intermittent est donc (entre autre singularités et caractéristiques) un précaire parmi tant (trop !) d'autres : il est donc normal que, au sein d'un mouvement de lutte collectif, il lie son sort à celui de ses semblables, tant dans ses activités que par son appellation.


Voili.


Am calmant.


@+ Franck de B.

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"Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple,le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs."DÉCLARATION DES DROITS DE L'HOMME ET DU CITOYEN - 1793
Article 35.

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