Liste arts de la rue

Archives de la liste Aide


RE: [rue] Maîtres du désordre


Chronologique Discussions 
  • From: stef filok < >
  • To: < >, < >
  • Cc: < >, < >, < >
  • Subject: RE: [rue] Maîtres du désordre
  • Date: Wed, 9 May 2012 23:08:02 +0200
  • Importance: Normal

c'est con que tu ecrives que tous les 10 ans, c'est par flemme ? je me retrouve bien là dedans, on en a fait un art alimentaire, c'est vrai, la faute à qui?
 comme tu dis , je préfère être payé pour faire le con qu'en être un, même si je suis surement le con de quelqu'un, mais on est comme ça,  on fait son trou dans la rue, alors on monte une compagnie qui grossit, en nombre, qui a rarement de l'embonpoint, on s'enrichit un peu on dépasse le smic avec fierté au bout de 10 ans, on se fait redresser fiscalement parce qu'on y comprend rien et qu'il y a des genies la dedans qui nous coincent, on est nombreux , trop nombreux, on crée on se met à dos des charges de plus en plus lourdes, et c'est là qu'après la phase de reconnaissance on a la période emmerdes où la structure artistique devient une activité commerciale assujettie à la tva, emploi fixe, expert comptable, administration pesante,  dossiers assedic ...
alors il nous reste à nous écrouler dans une chaise longue sous un noyer en buvant un pulco et regretter ce temps où l'on faisait la manche partout en France dès les beaux jours où l'on étalait après une soirée de labeur ses pièces sur le lit d'un 1 étoile mytheux avec l'impression d'être le roi du monde
rien pour les impôts, rien pour la retraite, tout pour moi , rien que pour moi,...  



From:
Date: Wed, 9 May 2012 13:15:07 +0200
CC: ; ;
To:
Subject: Re: [rue] Maîtres du désordre

Bonjour la Rue,

Je constate que je ne prends la parole en ces lieux qu'une fois tous les dix ans
mais c'est toujours sur l'impulsion de Jacques qui vient titiller mes neurones à peine j'ai ouvert un oeil.
Et oui, avec les nouvelles technologies, il y a ceux qui regardent leur I phone avant d'avoir bu leur café. J'en suis.

C'est vrai que ça me touche toujours de sentir cette confusion vis à vis des arts en général et des arts de la rue en particulier.
D'autant plus lorsque cette confusion émane de ceux qui ont contribué à faire la rue. Je ne parle pas dans les années 90,
la Rue était déjà morte, je parle des années 70 et 80.
Là où la rue était effectivement l'enjeu pour l'artiste d'une ré-appropriation de l'espace public à des fins de décloisonnement, d'impertinence
de subversion ou d'éveil ou de réveil social, culturel, spirituel...métaphysique aussi bien... érotique encore mieux.

Je comprends d'autant plus cette confusion lorsque nous sommes passés d'une situation de prospection et d'indépendance
à l'avénement d'une armée les bons soldats et d'un Tour operating organisé et institutionnalisé,
où l'artiste en général et l'artiste de Rue en particulier n'est plus là que pour répondre à une fonction et une seule, être docilement au service des officines du tourisme
et contribuer cycliquement au dumping économique des villes.
Et, autant que faire se peux, en limitant du mieux possible, toute forme de nuisance et particulièrement la nuisance psychique. 
Sait-on jamais qu'on donne de mauvaises idées aux spectateurs sur la nature du monde qui nous entoure.

Effectivement Jacques, nous sommes devenus tous des amuseurs publics, du lodanum culturel servit au biberon ou à la pompe, pour
rassurer et faire croire que quelque chose se passe. Nous sommes là pour animer des territoires,
faire du décloisonnement culturel bordé, de la mise en culture d'espaces, qu'ils soient urbains, périphériques ou ruraux.
On a besoin de nous pour la nuit du patrimoine, pour animer les rues avant les fêtes de Noël ou de la St Nicolas,
pour créer de la dynamique estivale, pour ouvrir les Jeux Olympiques, inaugurer la place machin, le discours trucs ou la galerie marchande chouette ou la capitale culturelle chose etc...
C'est vrai Jacques, c'est vrai. 
Et il faut bouffer, alors on le fait parce que reconnaissons quand même que c'est plus rigolo de gagner sa vie en faisant ça que
d'aller casser des cailloux.

Alors, je comprends ta confusion car au milieu de tout ce merdier, le fil qui permet à un art d'acquérir ses lettres de noblesse,
ce fil qu'y tisse un lien et permet d'écrire une histoire, ce fil est quasiment rompu.
On peut citer qui on veut, Artaud, Caillois ou Klossowski, Batailles ou Leiris aussi bien,
la rue d'aujourd'hui n'a plus rien à voir avec ces gens (si t'en est qu'elle ai eu un jour à voir avec eux...si peut-être avec la Fura Dels Baus des débuts ou de Semola...peut-être).
La rue n'a plus rien à voir avec le carnaval, la bacchanale, le charivari, le sacré (osons le mot)
Il y a aujourd'hui plus d'impertinence et plus de questions posées par le phénomène Lady Gaga ou par Madonna que par le moindre spectacle de Rue.
C'est vrai Jaques, c'est vrai.
Tout le monde se fout du Stu ou du Bred and Puppets tu sais... tout le monde se fout du Living Théâtre...
Tout le monde se fout de savoir que le premier spectacle de Bob Wilson "Le Regard du Sourd" est une des racines du Theatro Del Silencio...
Et c'est le principale problème Jacques, c'est que la Rue semble se foutre de tout. Elle veut bouffer. C'est le propre de la rue et du peuple de vouloir bouffer.
On a tous besoin de bouffer. La question c'est bouffer quoi ?
On peut faire nos gauchiste et taper sur Mc Do et la Mal Bouffe, mais est-on bien sûr de sortir une nourriture meilleurs qu'un petit cheese burger bien chaud.
Et Jacques, tu fais partie des dinosaures d'un autre temps qui ont crus à autre chose.
Comme les 4Litres12 qui viennent de fêter leur apocalypse la semaine dernière.

Il est de bon ton sur ce forum de prendre le théâtre de salle à partie, comme Bouc Emissaire cause de tous les maux, 
mais il y a plus d'impertinence et de subversion en salle qu'en rue les amis,
Il y a plus d'impertinence et de subversion dans l'industrie de l'art qu'en rue...
Plus d'impertinence chez Jan Favre, Thomas Ostermeïer, Castelluci, Platel, Olivier Pi, Wajdi Mouawad, Giselle Vienne qu'en Rue...même chez Mnouchkine il y a plus d'impertinence, c'est dire...
Et pour la raison simple, c'est que la salle veille à ne pas perdre le fil avec sa tradition...avec l'impertinence de Molière, de Shakespear, Aristote, Genet, Racine ou même Euripide.
C'est vrai Jacques, c'est vrai.
Alors pour toi qui a connu cette urgence de l'impertinence des années 70, de Hara Kiri à Coluche c'est sûr ça doit faire un peu mal.

Il y a de l'art partout, tout est Art, de "L'Art à l'Etat Gazeux" pour reprendre la jolie formule de Yves Michaux dont l'ouvrage du même non est juste fondamental pour réaliser à quelle point 
La poutre de l'Art nous est tombée profond dans l'oeil. 
L'objectif de nos oeuvres aujourd'hui Jacques n'a plus qu'une fonction, nous maintenir dans un statut et un sérail.
Mais il serait dommage que ce ne soit plus que ça...une sorte d'espace d'_expression_ libre où ceux qui n'ont pas le niveau pour jouer en division 1 (en salle donc)
se rabattent sur la division 2 ou 3...(la rue et les fêtes de patronage)... parce qu'il faut bouffer.
Dommageable parce que ce que nous montrons est accessible gratuitement à tous et au plus grand nombre,
aussi nous devrions - presque - avoir une exigence encore plus grande que celle de la salle.
C'est vrai Jacques, c'est vrai.

Et pourtant, malgré tout ça, je lis la liste rue tous les jours et je suis toujours curieux de ce qui s'y passe,
dans l'attente d'une petite mèche qui allumerait un feu, comme celle que tu viens de poser ce matin et qui
me permet de me resituer et d'échapper - pour une seconde - à la confusion.
Certainement parce qu'aussi je garderai éternellement dans ma mémoire l'acmée que fut l'année 1994 en terme de théâtre de rue.
Sans doute, le meilleurs cru, la plus grosse folie, électrique, magnétique, sulfurique, jamais égalée depuis...

Keep Going !

'Tomo

-------------------------------------
Materia Prima art factory (c'est toujours la même chose...hihi...)
Le TOTEM
Souterrain corps/limites
174 Rue des Brasseries
54320 Maxéville
Tél : 0383375453
------------------------------------


Le 9 mai 2012 à 09:52, Richard Melka a écrit :

el arte no tiene poder para producir cambios sociales o politicos
pero, si tiene el poder de perpetuar en el tiempo la mermoria de un episodio.
el fusillamiento del 2 de mayo de goya
guernica de picasso
...
abu chraig

f Botero

https://vimeo.com/41811872

biz
r



Le 9 mai 2012 08:28, nicolas < "> > a écrit :
Ah, mon cher Jacques,

Te voilà lancé sur les traces de Roger Caillois et Antonin Artaud réunis, sans oublier Aristote!

Mais nos œuvres devraient être vitales et urgentes pour qui, ou pour quoi?

Il me semble tout autant vital de manger chaque jour et donc urgent de trouver preneur à des œuvres nécessairement consensuelles, qu'urgent d'aller à la rencontre de nos inconscients, et donc vital d'en accomplir les désirs à la portée universelle.

Ne serions-nous pas des funambules tendus sur la ligne rouge qui sépare le rêve du réel, le désir de l'envie, ou la folie de la raison, comme disait Philippe Avron? Imparfaits, finis, vénaux, solitaires, mais multiples, nombreux, et assoiffés d'infinis? Des hommes et des femmes, peut-être...

Prends le temps d'être groggy ce qu'il faut, mais sache que j'attend la suite de tes réflexions avec impatience!

Bien à toi,
Nicolas Soloy

Les Anthropologues
Arts de la rue et spectacles
7 impasse des Chantereines
93100 Montreuil


Le 9 mai 2012 à 05:05, Jacques Livchine < "> > a écrit :


Nos pièces ne sont pas subversives, ne sont pas nécessaires, ne sont pas vitales, ne sont pas urgentes. 

Nous avons quasiment tous passés  la ligne rouge où le théâtre n'est plus qu'un divertissement  léger, tranquille ,édulcoré, 

Nous sommes  devenus une sorte de grand parc d'attraction gratuit.

Pourquoi je nous agresse là , tout de suite ? 

Parce que J'ai visité au Musée  Branly les maîtres du désordre.  Cela m'a rendu dingue. 

Cela m'a provoqué un déclic, car on y voit ce que devrait être le théâtre de rue, et quel rôle nous devrions jouer dans la société, et que nous ne jouons plus du tout, 

On nous a placé dans la case des amuseurs sans profondeur et sans réalité, et nous l'avons plus ou moins accepté  pour pouvoir survivre. 

J'ai eu une sorte de prise de conscience  fulgurante de ce qui ne marchait plus dans le théâtre ou dans la peinture, j'aimerais bien arriver à préciser  ce que je ressens, mais c'est trop frais, je suis encore groggy. 




Jacques Livchine
metteur en songes 

Le théâtre de l'Unité c'est toujours autre chose








Pour acceder aux archives, a l'aide, a la conversion de mail, a la page de desinscription : http://www.cliclarue.info/#tabs-8
Et pour tout probleme, vous pouvez raler aupres de ">





Pour acceder aux archives, a l'aide, a la conversion de mail, a la page de desinscription : http://www.cliclarue.info/#tabs-8
Et pour tout probleme, vous pouvez raler aupres de ">






Pour acceder aux archives, a l'aide, a la conversion de mail, a la page de desinscription : http://www.cliclarue.info/#tabs-8
Et pour tout probleme, vous pouvez raler aupres de ">






Archives gérées par MHonArc 2.6.19+.

Top of page