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[rue] C'est presque fini...


Chronologique Discussions 
  • From: "Delfour J-Jacques" < >
  • To: "liste rue" < >
  • Subject: [rue] C'est presque fini...
  • Date: Sat, 12 May 2012 16:10:21 +0200
  • Priority: normal

Pourquoi je hais viscéralement les voisins

Ils sont partout. Impossible de vivre sans voisins. Ils sont des millions, des milliards même. Si ce n’est leur corps, troupeaux infinis, c’est leurs traces, esquisses interminables et ratées, qui piétinent partout, sans rémission. Même si le monde était soudainement vide de tout voisin, on les devinerait partout. Ils sont là par tout ce qu’ils ont commis. Le monde entier est le fait des voisins. Pire encore, même morts, les voisins nous hantent, ils troublent nos rêves, ils interrompent nos siestes, ils font de notre quiétude un lendemain perpétuel. Les voisins sont partout. Leurs maisons jouxtent la mienne, leur bagnole cabosse la mienne, leurs bruits sont une armée qui m’occupe les oreilles, leurs déchets, innombrables et dégoûtants, salissent les miens, leurs pleurs gâchent les miens, leurs regards me pénètrent et me troublent, leurs visages m’attendrissent, leurs corps m’émeuvent. Les voisins sont partout. Je me terre chez moi. Rien n’y fait. Ils me téléphonent, m’envoient des lettres, m'adressent 40 mails en 3 jours. J’ouvre le journal, j’allume la radio, encore eux. Le pire, c’est la télévision. Un monde où il n’y a que des voisins, partout, tout le temps. Zapper fait apparaître en quelques heures plus de voisins qu’il semble possible d’en supporter toute une vie d’homme. J’éteins tout, je ferme les yeux, je me bouche les oreilles. Les voilà à nouveau, des raz de marée de voisins, dans mes rêveries, dans mes songes. Je suis rempli de voisins. J’ai des pensées, des craintes et des désirs de voisins. Horreur ! Je suis un voisin !


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