Liste arts de la rue

Archives de la liste Aide


Re: [rue] Covid-19 et la culture 2


Chronologique Discussions 
  • From: "Nicolas SOLOY" ( via rue Mailing List) < >
  • To: le fourneau Le Fourneau < >
  • Cc: jean-jacques delfour < >
  • Subject: Re: [rue] Covid-19 et la culture 2
  • Date: Mon, 22 Feb 2021 14:58:59 +0100
  • Authentication-results: mx1.infini.fr; dkim=pass (2048-bit key; unprotected) header.d=gmail.com header.i=@gmail.com header.b="YGZImhsV"; dkim-atps=neutral
  • Dkim-filter: OpenDKIM Filter v2.11.0 mx1.infini.fr 4A27C404EB
  • Dkim-filter: OpenDKIM Filter v2.11.0 mx1.infini.fr 4A236404CB

J'applaudis de nouveau à ton analyse, JJ. Et ça me fait rebondir pour évoquer ce dont tu parles sous un autre angle, celui de l'humain. Depuis le début de la crise, jsuis sidéré par l'hystérisation des échanges que génère le Covid. Des personnes dont j'étais proche ont des réactions qui flirtent avec la décompensation psychotique, comme si des peurs profondes et irrépressibles émergeaient soudainement, masquées par un discours discordant. Voilà un an que j'essaie de comprendre pourquoi et ce qui est à l'œuvre. Voici ce que je vois.

En 2020, la crise a été gérée sur le plan biologique, à partir du constat suivant: “Si le virus se transmet de personne à personne, il suffit de supprimer les relations inter-individuelles pour mettre un terme à sa propagation”. Or, nous autres humains sommes des êtres complexes, faits de chair, d'affect, et de pensée. Ce sont les échanges entre ces différents niveaux biologique, psychique et symbolique, augmentés des dimensions sociales et spirituelles qui nous fondent. Supprimer l'un de nos cinq fondamentaux crée un déséquilibre qui n'est pas sans conséquences.

En mars 2020, nous ne connaissions rien de ce virus. La réaction affective collective a été la peur de la mort, -pour soi ou ses proches, pour l'autre-, totalement irrationnelle mais bien réelle face à un virus bien réel lui aussi. Les décisions gouvernementales ont fait sens commun, et notre intellect les a défendues. De nos cinq fondamentaux, nous avons sacrifié la dimension sociale pour notre survie -le croyions-nous, car il est bien question de foi-, à travers la fameuse distanciation sociale et ses gestes barrières (on notera l'aspect quasi chirurgical des termes, proches de l'amputation sociale).

Or, cette cohésion s'est fissurée très rapidement, dès lors que nous avons constaté que les mesures sanitaires gouvernementales semblaient tantôt absurdes, tantôt injustes (débat autour du masque, amendes illégitimes, etc). Plus encore, ces mesures sanitaires souvent contradictoires, dénotaient un grand amateurisme. Alors que dans le même temps, d'autres mesures, très professionnelles celles-là, mettaient à mal nos droits à la retraite, augmentaient les moyens de la police et la répression, etc. Si d'aucuns se sont raccrochés, et se raccrochent encore à ce qui fait sens commun (la loi, même inique), d'autres constatent que la loi est instrumentalisée, au profit d'un petit groupe au pouvoir, qui sert les intérêts de grands groupes financiers amis (banques, fonds de pension, grandes entreprises, etc).

Comme en témoigne la liste rue ou FB, l'échange constructif est très difficile entre nous. D'abord parce que l'affect a une place très grande dans ce dialogue (la peur de la mort), et parce qu'il est très difficile d'abandonner le sens commun pour une autre opinion, d'autant plus que des décisions analogues à l'échelle mondiale renforcent la sensation de décisions rationnelles et légitimes. Le gouvernement fait acte de propagande, et refuse toute constestation, discréditant ad hominem tout discours divergent, en enfermant son porteur dans une boîte en -iste, parmi lesquelles on trouvera les paranoïaques-conspirationnistes, les gilet-jaunistes, les rassuristes, et dernièrement les islamo-gauchistes.

Cependant, il me semble que les tentatives de proposer une autre grille de lecture, comme le fait JJD sont essentielles. Pour échapper au discours binaire qui oppose la doxa gouvernementale à toute autre vision du monde, il est nécessaire d'entrer dans la nuance. Entre les thèses conspirationnistes et la dictature en marche, il y a la place pour de nombreuses autres visions. C'est notre rôle de penser le monde, car qu'est-ce d'autre, la représentation, que de donner à voir d'autres mondes? Vivre plus longtemps amputés d'un ou de plusieurs des fondamentaux qui nous constituent n'est pas possible, nous crevons isolément, nous déchirons l'un l'autre... Osons regarder au-delà de nos peurs, nous en avons les outils, osons nous écouter pour agir ensemble.

Bien à tou·te·s,
Nicolas Soloy

PS: je vous mets en PJ un petit dessin du Canard Enchaîné de cette semaine, qui résume assez bien le marketing à l'œuvre dans la gestion de la crise du Covid

Attachment: 210217_Canard-Enchaine.jpg
Description: JPEG image



  • [rue] Covid-19 et la culture 2, jean-jacques delfour, 22/02/2021
    • <Suite(s) possible(s)>
    • Re: [rue] Covid-19 et la culture 2, Nicolas SOLOY, 22/02/2021

Archives gérées par MHonArc 2.6.19+.

Top of page