Cher Fred, Je te remercie pour ta réponse
qui a le mérite
d’exposer l’action de la SACD pour les arts de la rue. Je
devine bien qu’à
travers cette réponse tu fais œuvre de pédagogie et que tu
t’adresses à un
large auditoire, pour avoir lu ci et là sur cette liste des
charges pas très
justifiées contre la SACD que tu as très bien défendue. Ais-je seulement dit le
contraire, à savoir
que la SACD ne faisait « rien » ? Pour être également
compositeur, je peux témoigner ici que la Sacem a toujours
brillé par son
opacité dans la rémunération des droits et qu’il est tout à
l’honneur de la
Sacd d’être beaucoup plus claire, et réactive au besoin.
Je note aussi que tes
explications vont bien
plus loin que l’annonce qui a été faite : ce ne serait pas QUE
trans- et
inter- pour être recevable. Fort bien ! Il n’empêche que je ne
postulerai tout de même
pas. Je n’aime pas les concours, je n’aime pas les prix, je
continue à penser
que cette forme de sélection s’inscrit dans une course au
pouvoir, et à la
consolidation d’une élite de la culture constituée, étatisée,
à laquelle bien
sûr le chouette et fraternel monde des arts de la rue n’a pas
échappé, loin s’en
faut. Tout ça ne colle pas avec mes lectures du regretté
Albert Jacquard :
toute compétition est un suicide. C’est ma vision, et je te
demande de la
respecter.
J’ai choisi de faire ce métier, et c’est déjà une chance incroyable que ça puisse être un métier, uniquement pour faire …des spectacles.
Tu me dis que je n’ai pas
proposé des moyens d’actions.
Tu n’as peut être pas lu la fin, mais en même temps je
reconnais avoir été trop succinct. C’est que je n’ai pas voulu
faire ici un long réquisitoire, où la SACD
n’y serait pour (presque) rien. Mais puisque tu me le demandes
je le résume au
mieux, à coups de machette: Je suis globalement contre
l’aide aux
compagnies. Allez paf, ça c’est fait. Tu t’empresseras peut être de
me demander si je
n’ai jamais demandé de subvention ? Si peu, soit environ 1% de
notre « chiffre
d’affaire » de compagnie. En particulier, je suis contre
le
conventionnement des compagnies (et ce bien au-delà du monde
des arts de la
rue). Après 35 ans dans le métier je peux aussi me
proclamer expert. C’est comme ça quand on est expert, on fait
ses choix
personnels et on le dit. Et affirmer sans sourciller que la
proportion de créations d’amuseurs
publics, par opposition aux « vrais artistes et tout ça »,
entre
conventionnés et non-conventionnés est la même. Et aussi affirmer de façon
péremptoire que cette dichotomie entre conventionnés et
« les autres » est au mieux une profonde erreur, au pire
une
mascarade institutionnelle. Mais surtout, au risque d’être
incroyablement naïf, je pense que les moyens financiers que
l’Etat octroie pour « plus et
mieux de culture » devraient être impartis dans la diffusion.
Autrement dit
le soutien actif aux festivals, aux collectivités et
associations qui organisent des
spectacles. Comique de situation : il y a
3 ans je me
suis retrouvé devant le Drac, on était en pleine crise de
l’intermittence, et juste avant qu'il ne parte à une réunion
sur le sujet,
je lui ait dit que pour sauver notre profession et le
spectacle vivant il
fallait soutenir la diffusion et rien d’autre. Il prenait
compulsivement des
notes, comme s’il n’y avait jamais pensé ( !). Je sais que je ne suis pas le seul à penser les choses ainsi. Que celles et ceux qui se déclareront choqués par mes propos se rassurent au besoin : mon domaine de la lutte est ailleurs. Il m’arrive sincèrement de plaindre les structures et compagnies bien installées, complexes mais si fragiles, qui tremblent devant leurs sombres horizons budgétaires à venir. Je me demande qui organisera le premier colloque « être une compagnie/structure pauvre et y arriver quand même ». Je suis sûr qu’on y apprendra plein de choses.
La belle aventure de ma
compagnie nous fait
voyager. Partout où nous jouons, nous voyons bien que le
public a des yeux, des
oreilles, des ventres pour percevoir et sentir, et qu’il
existe une communauté
de sens à travers toute l’humanité. C’est parfois rassurant.
C’est vous dire si
je pense que les artistes, dont ceux de la rue, ont un rôle
capital à jouer
dans un monde qui dit s’écrouler d’un côté, de l'autre un tas
d’humains qui voudraient pouvoir jouir de la vie. C’est
pourquoi je vous salue toutes et
tous sans exception, puisque vous y œuvrez. Bien à toi, Fred et les autres Raymond Gabriel Les Commandos Percu Le 17/11/2016 à 15:55, Fred Fort a
écrit :
" type="cite">Bonjour Raymond. |
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