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[rue] Sexisme ou pas sexisme ? Telle est l'une des questions


Chronologique Discussions 
  • From: Jean-Michel GAUDE < >
  • To: Compagnie Progéniture < >
  • Cc: Rue cliclarue < >, Yvon THOMASLEGUILLERM < >
  • Subject: [rue] Sexisme ou pas sexisme ? Telle est l'une des questions
  • Date: Thu, 22 Sep 2011 12:23:23 +0200

Bonjour,

     Ton  "Enc..." ,  tes ""enc..." (puisqu' il y en a 3 dans ton texte) semblent sexistes, car les points de suspension
(et leur nombre même, comme dans le jeu du pendu) 
suggèrent, dans la tête du lecteur, un mot qui, employé vulgairement, rabaisse une pratique sexuelle magnifique à une insulte, un sordide rapport de pouvoir. 
Dévalorisant le fait d' accueillir  et sur-valorisant celui de prendre, de pénétrer.    
Sentiment masculin stupide s'il en est, puisque bien des femmes appréciant ce genre de caresses se sentent alors Maîtresses du Monde.
     "Enc..." est sexiste, oui, de la même manière que les expressions "se faire mettre", "se faire avoir", "se faire baiser"... mais en plus grossier encore.

     Quand à "con" il vient de l'ancien français "
conil " (dérivé du latin cuniculus.) 
Au temps où le renard s'appelait "goupil", "conil" désignait le lapin "…et voulanté desd. freres ou de leurs officiers ne devoyent ne doivent chasser en aucune maniere dans la juridicion et justice dud. lieu d'Aubiere, et mesmement a conilz, lievres, serfz, biches, sanglers, ne aussi oyseaux. (Transaction à Aubière,1454 )"
écrit parfois  "connil"  : "Qui veut avoir bonne garenne de connilz, il les doit chascier deux ou trois fois la sepmaine et les faire encloter ; car autrement ils vuident le pays,.. (Gaston Phebus)"
     Claude GUDIN nous rappelle qu'en ce temps-là, le chat, débarqué de Perse, n'était connu que des cours, que des nobles.   L' image du sexe-chatte était une _expression_ aristocratique. 
Le bas peuple, que flattait déjà le théâtre de rue de l'époque, conviait  poétiquement le sexe désiré, le sexe convoité, en le comparant au lapin (Pour sa chaleur ? Sa douceur ? Le contact de sa fourrure ? Sa proximité...)
L' emploi de "chatte" ou "con" a donc un arrière-goût, un arrière-parfum de lutte des classes.
     Comment ce mot d'amour est-il devenu une insulte ? Peut-être par l'excès de sexisme de mâles frustrés de ne pouvoir domestiquer ou ne savoir se faire aimer de l'animal ?
En revanche, il est à noter que si "mon gros con" reste une insulte, sa francisation moderne "mon gros lapin" n'en est pas une pour autant.

     Le sexisme se retrouve encore sur l'échelle de valeur des insultes :
les objets accueillants "con" "trou du cul" et les sujets qu'ils désignent sont dévalorisés et dévalorisants.
Par contre "bite" ou "couille" (couillon = grosse couille), objets pénétrants, désignent des sujets plus sympathiques.
     Faîtes l'essai vous même : prenez un nom propre (ou figurez-vous qu'il le soit), cela peut être un homme politique par exemple, ou un collègue qui a plus de succès que vous,
et affublez-le de ces quatre derniers qualificatifs :
Untel est une bite !  Untel est un couillon ! Untel est un con ! Untel est un trou du cul ! 
C'est quatre expressions sont ressenties comme diversement  insultantes.
Généralement, les deux dernières semblent les plus outrageantes.

     Il est affligeant  que ces deux parties du corps désiré, pouvant procurer autant de plaisir lorsqu'elles sont offertes (et partagées) amoureusement, désignent les personnes d'une manière aussi méprisante !  
Pour ce qui est du "con", Georges Brassens a été suffisamment éloquent dans "le blason". 
En ce qui concerne le "cul", il serait  urgent de lui trouver un deuxième nom, 
laissant à ce premier la qualification de la voie sans issue, le sens unique, la sortie des excréments, de leurs vents et effluves, 
et au deuxième, celle de l'entrée à double sens des incréments du plaisir et de leurs odeurs d'amour. Respectueusement aimante.

En tout cas, autorisons-nous à gifler publiquement l'incongru concupiscent qui manque de respect à "ces deux incomparables instruments de bonheur*","sièges de la beauté, de l'esthétique et de l'Amour", en attribuant leur nom à certains imbéciles, goujats, brutes épaisses ou copieur éhontés et sans vergogne.

Jean LEZAR   


*comme le dit si bien Georges Brassens





Le 21 sept. 11 à 14:06, Compagnie Progéniture a écrit :

"Le sexisme divise les rôles, habiletés, intérêts et comportements selon le sexe. Les effets principaux sont la discrimination envers les femmes et l'aliénation des deux sexes."

Je ne vois toujours pas où mon "Enc…" serait du sexisme.
Pour le reste, je suis d'accord avec toi, "ne soyons pas les vecteurs, etc…"
En gros, tu me demandes, pour ne pas t'offusquer, d'être poli, c'est tout !
Francis


Le 21 sept. 11 à 13:25, Yvon Thomas Le Guillerm a écrit :

Il est souvent employé comme injure, juron, de manière non consciente, et c'est bien là le problème.

Le sexisme perdure parce que les mentalités perpétuent des clichés arrièrés. C'est dans le langage commun, on n'y fait plus attention.

Petit con, par exemple, en référence au con de la femme (son sexe était ainsi défini à une certaine époque, ne me demande pas pourquoi, je n'ai pas recherché les références).

Nous avons tou-te-s à nous garder d'être les vect-eur-rice-s de clichés.

Yvon

Le 21 sept. 11 à 12:42, Compagnie Progéniture a écrit :

Je ne vois pas trop où le terme "Enc…" serait sexiste (si c'est cela qui t'as outré).
ENC, (points de suspensions), pourrait vouloir signifier ENChristé (auquel cas j'aurais les cathos à dos), mais aussi Enorme Nul Copieur…
Quant à l'_expression_ qui sous entendrait une pratique sexuelle, je ne vois vraiment pas en quoi cet acte serait sexiste… cette pratique n'est pas réservée à un "sexe" particulier…
Il me semble, de plus, que dans certaines régions de notre beau sud-ouest, il est utilisé comme ponctuation.
Bref, désolé de t'avoir choqué avec cet Enc…
La prochaine fois, j'essayerai d'employer plutôt un Enf…, ou un Pi… de Bigorneau, ou encore Pauvre Petit Co…
Promis !
Francis


Le 21 sept. 11 à 12:21, Yvon Thomas Le Guillerm a écrit :

Là où je ne peux pas lire le mail de Francis - c'est lui aujourd'hui, mais avis à ceux à qui celà arrive parfois - parce que je suis outré, c'est SUR L'INSERTION DE PROPOS SEXISTES !
Essaye la prostate, celà peut te faire du bien...

Yvon

Ulrich Brunet wrote:
On est nombreux comme ça à retrouver l’essence d’un spectacle, des structures ou le support de communication chez d’autres compagnies...
J’ai souvenir de pots de feu et de tuyaux dans un événement, mais Carabosse n’était pas là !
Ou de fanfares tentant de mélanger Funk et Hip Hop, mais 4 ans après LES TRAÎNE-SAVATES...
C’est le lot du monde la création, et puis c’est finalement flatteur qu’on reconnaisse avoir fait du bon boulot.
Mais je rejoins Francis sur un point : ne pas confondre inspiration et plagiat.
Si une différence de couleur de costume peut rassurer la conscience du plagieur, cela n’en reste pas moins de la copie.
Il faut faire attention à respecter l’œuvre dont on tire son inspiration, et à se respecter soi-même, pour ne pas prendre le public pour des abrutis.
Ulrich
Le 21/09/11 11:13, « Compagnie Progéniture » < "> > a écrit :
  Bah, he, moi aussi j'ai un spectacle (qui tourne depuis 10 ans) et
  qu'on m'a "copié".
  C'est des lutins sur des chaussures à ressorts.
  (c'est pas mon spectacle le plus créatif, mais c'est celui qui me
  fait le plus bouffer)
  Y'a un enc… qui a complètement pompé le concept ! mais en même
  temps, quand j'ai sorti ce truc qui tourne et qui me fait vivre
  depuis tout ce temps,
  on m'a accusé d'avoir moi-même pompé sur les Picto avec leur
  chaussures à ressort. (ce que Steph trouve débile puisque ce n'est
  qu'un accessoire, comme des échasses…) Après tout dépend de ce que
  tu fais de la chose dont tu t'es peut-être inspiré.
  Moi, l'enc… qui m'a "pompé", il ose faire exactement la même chose,
  et en plus, il ose m'envoyer sa promo ce con.
  Mais on invente jamais rien ! On s'inspire, on détourne. Et là, tout
  va bien.
  Mais je comprends complètement la Cie dont cause JL, qui se sent
  flouée, copiée…
  Perso, le jour où j'ai mon copieur en face de moi, je vais lui dire
  ma façon de penser (j'ai failli le faire par mail, mais je préfère
  attendre de l'avoir en face) et je pense même que je vais lui péter
  ma main dans sa gueule de gros enc…
  Il y a inspiration et il y a plagiat, viol… (et quand on crée un
  truc, on sait très bien si on est juste inspirateur d'autre chose ou
  si l'on s'est fait copier)
  L'inspiration peut s'apparenter à un hommage.
  Quand tu te sens violé, t'as envie de meurtre ou tout du moins de
  cassage de genoux !
  Francis
     




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