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[rue] Douche froide...


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  • From: Thierry Decocq < >
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  • Subject: [rue] Douche froide...
  • Date: Mon, 07 May 2012 11:17:22 +0200

Salut à tous,

J'imagine que beaucoup d'entre nous sommes heureux de la victoire de François Hollande hier soir, d'autres -dont je suis- sont sans doute soulagés, après 10 années très difficile pour tous ceux qui ont vu les valeurs de notre pays détruites méthodiquement.

Pourtant, je me lève avec une sacré gueule de bois !

Comment la victoire peut être aussi étriquée après tout ce qu'on a vécu? Pourquoi l'écart est-il aussi faible, au point de laisser craindre des législatives désastreuses avec un parlement sans majorité?

Comment Sarkozy a pu réunir 48,38% des voix - près de 17 millions de français - derrière sa candidature?

Comment autant de français ont-il pu pleurer hier soir à l'annonce des résultats, à l'image de ces serviteurs qui pleurent le maître qui les maltraitait?

Pourquoi je me sens prêt ce matin à hurler avec la meute "casse-toi pauvre con" au lieu d'être animé de la volonté de réparer mon pays tellement amoché par le renoncement à ses valeurs ?

J'ai regardé la carte des résultats (avec une attention soutenue pour le Nord qui est mon département).

http://www.liberation.fr/politiques/2012/04/22/presidentielle-2012-tous-les-resultats-ville-par-ville_813180

Le constat est effarant: ce sont principalement ceux qui ont le plus souffert du sarkozisme qui ont voté pour lui !

Ce sont les communes rurales qui ont voté en masse pour le candidat UMP. Celles qui voient leurs services publics disparaître, les classes se fermer, l'aménagement du territoire laissé en friches. Le message de la peur de l'autre (d'autant plus effrayant que personne ne l'y a vu). C'est l'immigré forcément clandestin, forcément arabe et donc forcément musulman intégriste qui a fait fermer la poste, qui a diminué l'effectif de la gendarmerie...

Ce sont les terres sinistrées de la désindustrialisation qui ont voté pour le candidat UMP. Une population jetée à la déchetterie d'une rigueur imposée par les dirigeants européens au service d'une spéculation qui aspire le sang de notre société. Les gens ont voté contre leurs bourreaux qui renient leur mission -la défense de l'intérêt général- sous la pression consentie des lobbyistes de tous poils (et je ne me fais que peu d'illusion sur la capacité du nouveau chef de l'Etat à résister à ces mêmes lobbyistes - peut-être est-il juste un peu moins corrompu...)

Ceux qui devraient le plus aspirer à quelque chose (quoi au fait?) de nouveau et qui devraient croire le plus que la gauche porte des valeurs humanistes et de progrès ont tenté de faire barrage au changement politique.

Quant au vote de Hollande, il a récupéré la majorité des communes qui avaient basculé au Marinisme (qui est dit-on un humanisme!). Ce n'y est pas un vote d'adhésion et d'espoir... C'est un vote de désillusion. Ces territoires sont perdus et feront le lit d'une entrée du FN à l'assemblée (qui dans d'autres circonstances ne serait pas une mauvaise chose en soi puisque ce parti existe et est reconnu).

J'ai regardé le résultat et je vois un pays clivé, difficilement réconciliable avec lui-même, métastasé par une politique de droite - ce cancer mental dont le principal symptôme est le renoncement et la soumission et que des médecins charlatans soulagent en injectant la haine de l'étranger en guise de morphine. J'ai regardé les débats et j'ai vu des partisans du sortant avec certes la figure grave, mais qui ne sont pas défaits, prêt à en découdre et salement revanchards. Ils sont prêts à voler la législative quittes ou avec la volonté de rendre le pays ingouvernable. La meute a perdu son chef, elle n'en est que plus dangereuse.

Je ne dois pas me tromper de beaucoup en affirmant que la liste a dû offrir un score de république bananière à François Hollande. N'oublions pas que nous ne sommes pas la France et la fête de la Bastille, ce moment cathartique, ne doit pas nous faire oublier que cette victoire pourrait être rapidement à la pyrrhus si nous nous laissons griser.

Il est urgent de rappeler que l'éducation et la culture sont les ciments de la société et que nous avons un rôle majeur à jouer si l'on veut vraiment s'en sortir.

@+

Thierry



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