Liste arts de la rue

Archives de la liste Aide


[rue] Pour les potes: c'est fini!


Chronologique Discussions 
  • From: Ronald Brown Lee < >
  • To: "Le Fourneau" < >, " " < >
  • Subject: [rue] Pour les potes: c'est fini!
  • Date: Mon, 10 Sep 2012 01:56:45 +0200
  • Importance: Normal

Ca y est, c'est fini. Aujourd'hui. Finity, Finito,
The end, Endlichkeit, פיניטי, Terminai, Remate... Rideau!

Pour la première fois ce dimanche soir depuis quarante huit semaines, je ne me suis pas injecté Interféron-mon-amour.
Alors demain sera un autre jour:
Demain, je n'entendrai plus cet horrible alarme. A neuf heures, seize heures et vingt-trois heures.
Insupportable sonnerie quotidienne que j'ai voulu impersonnelle et sans chaleur,
Sirène horripilante qui m'a braillé dans les oreilles pendant onze mois: prend tes médoc vieux shnock, prend tes médocs !
Demain, je ne ressentirait plus le choc
Post-interféron et son effet hebdomadaire indésirable: la grippe chronique des lundi et mardi.
Les trente neuf, quarante de fièvre, maux de crâne et courbatures, et les suées du mercredi.
Demain, je quitterai ma vielle ennemie,
Celle qui m'a pompé tant d'énergie, mon anémie.
Demain, je remonterais sans croix la pente de mon mont Golgotha,
Ce immense tas
De souffrance, de patience et de résignation entre-mêlées. D'attentes impossibles,
Inutiles, illusoire et vaines. Cet amas de douleurs indicibles.
Demain, j'arrêterai de haïr les gens gras et bien portants.
Ils n'ont rien fait d'autre que d'exister, et pourtant...
Demain, la fatigue et le stress vont s'estomper,
Je ne serai plus un vieillard handicapé:
J'arrêterai de me gratter partout,
D'avoir la nausée, les brûlures d'estomac, le nez qui saigne. Je retrouverai le goût.
Le goût des choses et leurs parfums,
La faim,
Et les douze ou treize kilos que j'ai égaré pendant cette longue année.
J'irai content aux cabinets. Et refleurira ma flore fanée.
Demain, je ne pleurerais plus pour un oui, pour un non,
Je ne me fâcherai plus contre des étoiles sans nom,
Je prendrai du recul et je saurai lâcher prise,
Au moins une des choses que j'aurai peut-être enfin apprise.

Alors, ce soir, je serre ma compagne contre moi. Merci ma belle de n'avoir pas craqué,
De ne pas m'avoir abandonné comme un vieux clebs qu'on regarde crever.
Après un an entre les béquilles et les fauteuils roulants, puis un an de long traitement,
Tu as tenu bon. Toi qui est venue de si loin pour rejoindre ton amant.
Tu es exemplaire, ma belle.
"Toi qui a payé la gabelle, d'un grain de sel dans tes cheveux, toi qui a payé la gabelle"...

Merci à ma, à mes familles, frères, soeur, parents, ma fille, demi-filles, neveux-nièces-cousins et ceux que j'aime tant et que je ne peux tous nommer.
A l'amour qu'il m'ont témoigné.
J'ai une famille et je le sais. La mienne me va à merveille. Je plains ceux qui n'en ont pas ou plus. J'en suis triste pour eux.
Parce que c'est si bon de savoir qu'on en a une. Ca aide à conjuguer le verbe "heureux".

Merci aux vieux et vieilles ami(es), cette vieille garde de plus de trente ans, mes poteaux.
Ca réchauffe de recevoir ce bon jus d'amitié qui met un peu de coeur dans les biscoteaux.
Toujours là, toujours présents.
Comme un cadeau, comme un présent.

Merci aux copains de la rue,
A mes "collègues" qui m'ont manifesté de l'intérêt. L'aurais-je cru ?
On rien à gagner à être mon pote, à part mon amitié fidèle,
Ca ne vaut certes pas grand chose, mais j'y tiens, bordel !
Camarade Polo Anarkao, depuis là-haut verse une petite larme.
Juste pour arroser ça.  Tiens, il pleut un peu ce soir... Merci vieux frère d'arme.


Merci à ma sécu, à ses agents de l'ombre qui m'ont dépatouillé quand
Le système s'en devenait un peu trop dur et trop croquant.
Merci à l'hôpital public, à ceux et celles qui m'ont accompagné.
Sans doute est-ce là leur métier, mais ils ont fait le maximum sans rechigner.
Je crois qu'ensemble on a gagné. La bête n'est plus visible depuis longtemps déjà.
Dans six mois on saura si l'on peut crier victoire... On saura.
Sinon je reprendrai la croix...
Mais cela ne sera pas nécessaire. Enfin, je crois...

Alors ce soir je pleure en serrant ma compagne dans mes bras...
Je ne fais pas le fier-à-bras... Mais abracadabra:
On efface tout et on recommence.
J'ai droit, nous avons droit à une renaissance: une nouvelle vie commence, intense, pleine et immense.

A toux ceux qu'on s'aime, mille merci.
Ca commence maintenant et ici.
Encore merci et bravo..
Allez, demain, je ne me lève pas tôt... (Rideau!)


Fred. R
Baladin, peintre de chansons,
Chanteur de rue et des bistrots
Tel: 06 79 25 67 00

Retrouvez-moi sur:
http://fanclub-fredr.over-blog.com/
 
http://www.myspace.com/fred.r




 


  • [rue] Pour les potes: c'est fini!, Ronald Brown Lee, 10/09/2012

Archives gérées par MHonArc 2.6.19+.

Top of page