Mon petit Jean Luc et Ioana

Merci de vos interventions, comme ça je peux rebondir.
Peter Brook  dans "l'espace nu" parle du "dead theater"  il dit que chaque année dans chaque capitale d'Europe , un spectacle recueille tous les succès et pourtant c'est du "théâtre mort" du "dead theater. Le théâtre mort c'est tout ce théâtre très bien fait, très professionnel mais où les acteurs sont figés dans des rails  et un jeu formaté.

D'ailleurs j'ai vu Brook répéter une pièce qu'il avait joué plus de deux cents fois, donc ses comédiens débitaient sans plus savoir ce qu'ils disaient. Alors il les arrêtait  de façon abrupte et leur demandait de redire le texte dans des mots à eux.  Les  comédiens  n'y arrivaient pas, ils ne savaient plus ce qu'ils disaient.
Alors il a demandé que tous les comédiens changent leurs entrées, et rentrer de n'importe quel côté pour réveiller la pièce.
Chez Peter  Zladek, pour éviter la routine, la mise en place des chaises sur lesquels les acteurs doivent s'asseoir  est aléatoire.

J'appelle ça la brigade anti-gangue.  On s'ennuie énormément au théâtre parce que le jeu des acteurs est souvent  calcairisé, calaminé. Alors il faut revivifier le jeu.  Emilfork racontait qu'il jouait au  Lucernaire et qu'il s'ennuyait en jouant, alors il a décidé d'uriner dans son pantalon, d'un seul coup son jeu a repris de la vigueur, et son partenaire lui a demandé à la fin ce qui s'était passé.

Alors évidemment la rue n'a pas encore cette maladie, parce que retenir un public gratuit est très difficile, ils sont tous prêts à zapper, à aller voir le spectacle d'à côté. Et puis nous ne jouons jamais cinquante fois à la suite.

Dans le théâtre payant, c'est différent. Ils sont condamnés à être collés à leurs sièges toute la durée d'un spectacle. Si t'as payé, et que t'en peux vraiment plus, tu peux déranger et sortir, mais si t'es invité t'es dans la merde.

Une fois j'ai vu un type qui s'est levé et a dit à voix haute, je vais payer ma place, il a fait ça pour pouvoir sortir la tête haute.

Je terminerai par Stanislavski  qui disait à ses acteurs " je ne te crois pas, dégage !"

Le théâtre vivant, tu dois croire que c'est vrai.  C'est tout de même grave que le cinéma c'est carrément faux et que t'y crois, et que le théâtre où l'acteur est vivant devant toi, tu n'y crois pas un caramel.

Voilà les réflexions que m'inspire ce débat.

Bon dimanche, magret de canard, côte de boeuf, gigot haricot, poulet aux fines herbes et au barbecue, nourriture vivante ou pizza congelée, lasagnes  Findus ?


Jacques Livchine
Metteur en songes
















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