Salut Dominique,
Ta réflexion est intéressante mais pose un problème. Ton acte de solidarité envers le reste de l'Europe repose sur la disparition du fondement de l'intermittence, à savoir un système qui s'appuie sur la solidarité interprofessionnelle. Il faudra créer une caisse, qu'importe la taille qu'on lui donne, qui sera alimentée uniquement par nous même. La solidarité interprofessionnelle est vitale. L'énorme mensonge de la cour des compte, qui mélange comptabilité générale et comptabilité analytique, nous fait croire que l'intermittence pèse sur le régime d'assurance chômage. En réalité, ce régime d'assurance (ce mot a une énorme importance) est en grande partie alimenté par ceux qui sont les moins menacés sur leur emploi (quoi que...), à savoir les salariés en CDI. On nous fait croire qu'il faut nous exclure parce que nous coûtons cher. Jean-François Pilliard (représentant du MEDEF à la négociation UNEDIC) explique qu'il faut priver d'assurance habitation ceux dont la maison a brulé parce que leurs cotisations n'ont pas couvert les indemnisations. Et il s'appuie sur la démonstration de la cour des comptes - qui ne dit rien d'autre - pour justifier cela. Pour aller jusqu'au bout de la comparaison, lorsque l'on subit un sinistre la prime d'assurance augmente et c'est ici le cas, puisque les cotisations régime G sont moindres par rapport à celles dues au titre des annexes 8 et 10. Ton idée n'est pas seulement généreuse, elle est séduisante. Mais plutôt que de se couper du reste du corps social en basculant dans la solidarité professionnelle, il faudrait réfléchir à la création d'un groupe de réflexion et d'action (dont la forme est à définir) regroupant artistes et techniciens de différents pays européens - et en premier lieu ceux qui ont déjà un système spécifique (je pense notamment à la Belgique) pour voir ensemble comment on peut faire pour que les différents régimes d'assurance chômage s'inspirent de ce qui se passe chez nous pour prendre en compte les professionnels du spectacle. Je reste dans la même logique que celle que j'ai eu en proposant et en défendant l'an dernier l'organisation d'une rencontre européenne lors de l'UB de Vieux Condé. L'UE que beaucoup décrient offre des possibilités d'action, en particulier la possibilité de pétition européenne qui permet à n'importe quel citoyen de saisir le parlement ou la commission (art. 201 à 203 du règlement du parlement européen). Rassure-toi, le MEDEF comprend très bien les enjeux. Hormis le fait qu'il n'ait jamais digéré l'intégration des annexes 8 et 10 à l'UNEDIC pour des raisons idéologiques, l'intermittence est le meilleur pare-feu au déferlement de la "culture" made in USA. Tant qu'elle existe le traité transatlantique ne pourra pas intégrer un volant culturel. Or, le MEDEF veut absolument et à n'importe quel prix ce traité transatlantique. Il est prêt à vendre son âme au diable pour cela. Ce n'est pas par hasard si la "provocation" du MEDEF est sortie alors que Gattaz était dans la délégation française lors de la visite d’État de Hollande aux USA. Étendre notre système dans d'autres pays européens, avec à l'appui une directive nous protégerait durablement (difficile pour un pays d'aller contre les orientations européennes). Cela favoriserait certainement les échanges artistiques entre les pays européens par un rapprochement des législations sociales. Le simple fait d'ouvrir ce débat serait déjà une victoire. Notre lutte sur cette négociation UNEDIC peut amorcer une telle démarche. Elle est d'autant moins risquée que le principe de subsidiarité (oui, je sais je vais faire rire) interdit à une directive de dégrader le droit national. On ne peut donc en principe que tirer l'ensemble vers le haut. Ça vaut le coup d'y réfléchir (et de la proposer éventuellement dans les différentes AG à travers la France). @+ Thierry Le 22/02/14 11:01, Dominique Houdart a écrit : " type="cite"> |
Archives gérées par MHonArc 2.6.19+.