Merci Jean Jacques Delfour pour votre critique assumée, résolument ouverte à la réflexion dont la profondeur d'une oeuvre artistique est supposée nous convoquer, ainsi qu'au débat dont on s'empare avec passion.
Effectivement, après relecture, entre les lignes, on peut constater dans l'article de S. Ruffier une argumentation distante et une certaine condescendance frileuse (chacun sa croix) non sans un véritable accès de fraternité et une méditation bienheureuse.
Cependant, sommes-nous au fond du fond?
Comme l'a dit si justement Nicolas des Anthropologues, cette critique ne nie, ni la volonté de bien faire de l'artiste, ni la qualité de son savoir-faire. Mise à part peut-être une petite différence de goût pour la musique avec Jean Jacques? Ça c'était juste pour taquiner un peu.
On s'accordera certainement à dire que les batucadas sont culturelles au Brésil -anthropologiquement parlant- (Nicolas?). Il n'en demeure pas moins qu'une transposition en Europe par un troupeau de blancs-becs ne suscite pas le même engouement dans un festival artistique, au-delà de l'aspect purement festif. (Ens'batucada si vous me lisez, j'adoooore ce que vous faites). Enfin, je dis ça, mais je me suis tout de même très volontiers laissé gouroutiser par la pratique de l'aïkido et pourtant je n’ai pas les yeux bridés.
Par ailleurs, mon voisin, 17 ans, m'affirme que David Guetta est un artiste. Je n’ai pas essayé discuter, je serais passé pour un con. (Quoique ce n’est pas une nouvelle. Fut un temps j'en ai même fait mon métier, non sans une petite pointe de fierté passagère). Tout le monde bouge sur le même beat, tu réfléchis plus, tu te lâches, c'est trop la teuf, c'est de la bombe Guetta! (sic) Alors Nicolas, je te le demande, que puis-je lui répondre quant à son ressentiment émotionnel sans passer pour un partisan de la Culture? La fête, la liesse collective, le bonheur partagé, ce sentiment d'unicité... peuvent-ils suffire à nous donner un peu d' à propos?
Rien de très irréprochable à s'inspirer du carnaval, des fêtes foraines, ou de n'importe quelles fêtes votives à condition de savoir où l'on met les pieds, car dans notre société de mixité culturelle, où tout vaut à peu près n'importe quoi, les références et les critères sont devenus totalement flous. Ça existe les vrais maîtres à penser (mais des bons hein) ou on est toujours obliger de tout faire par soi-même? Le jour où les majorettes (s'il en reste des vivantes) viendront demander des sub à la création artistique, avec un peu de recul, ça risque peut-être de nous faire marrer. Là au moins, il ne sera pas question de pillage? Parce que je me demandais comme ça, si ça avait été de véritables Hindis qui avait fait Color of time cela aurait-il changé quelque chose à nos échanges? Mais je m'égare sans doute. D'un autre côté, cet été à Paris on a eu le plaisir d'avoir Tel-Haviv sur seine comme manifestation culturelle. (Je ne sais pas trop si je dois mettre un point d'interrogation à la fin de cette phrase)
Quoi qu'il en soit, force est de constater que dans notre secteur l'emploi du terme "esthétique" s'est largement répandu ces dernières années. Sommes-nous certains d'en avoir tous la même signification dans nos usages? Car pourtant, il existe bien une nette différence entre les réflexions platoniciennes et celles de n'importe quelle esthéticienne. Une sorte de distinguo entre le joli et le Beau, qui selon le bonhomme, n'est pas de l'ordre du sensible, mais de l'ordre de l'intelligible. Se peut-il que cet argumentaire relève uniquement de la forme? Vaste sujet...
Un certain Michel Onfray invite le peuple à s'interroger sur ses propres faiblesses plutôt que la force des autres. Selon lui, la religion (les nouveaux fascistes) vient combler un manque là où la pensée est faible.
Une dernière question subsidiaire, y a-t-il une différence entre une foule et un public?
Il me semble qu'il était question de politique à un moment... Au risque de me tromper, si l'on avait les idées plus claires, cela nous aiderait-il à voter pour au lieu de voter contre?
Ce n'est pas facile de s'en apercevoir quand on à la tête dans le guidon, mais malgré le marasme ambiant notre secteur évolue. Il y avait trois générations autour de la table lors de la journée de réflexion de la fédé idf en cette rentrée.
Chaque artiste n'est pas à l'abri de faire une couillade sur l'un de ces opus. Ce qui ne remet pas en cause la qualité des personnes.
Je n'ai toujours pas eu l'occasion de voir Color of time. Alors à dimanche à Cergy pour s'en mettre plein la tête...
VIVA ARTONIK!
PS à Philippe Capitani: Ce n’est pas si détestable la masturbation (cérébrale pour pas dire intellectuelle) et ça peut même se pratiquer en collectif (?) ;-)