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Re: [rue] Artonic : The color of time. Colonialisme refoulé et arts de la rue


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  • Subject: Re: [rue] Artonic : The color of time. Colonialisme refoulé et arts de la rue
  • Date: Thu, 10 Sep 2015 23:06:45 +0200

Lorsqu’associés aux producteurs dédites œuvres, des journalistes s’extasient devant le phénoménal et populaire succès d’un « Trois hommes et un couffin », « D’un bienvenue chez les Cht’is » ou d’un « Intouchables », cela fait-il pour autant de ces films des chefs d’œuvre du cinéma, alors qu’ils sont, à tout le moins, des expériences sympathiques et consensuelles?
Lorsque ces mêmes journalistes n’en peuvent mais de programmer à l'antenne, telle icône de cinéma associée à ces films, qu’ils dégoulinent de condescendance, forts d’une croyance étrange qui consiste à imaginer que côtoyer la notoriété fait briller, cela fait-il de ces programmateurs des génies, qui ne réussissent au final qu’à hériter de quelque anecdote de tournage, d’une banalité consternante?

Bref, et je n’énoncerai moi-même qu’une banalité, le succès populaire d’un film ne fait a priori pas la qualité d’une œuvre.
Et une critique négative n’en atténue pas a posteriori la diffusion.

Pourquoi en serait-il autrement des arts de la rue?
Là où les arts de la rue risquent de crever, c’est de l’absence d’une critique de fond, et non pas de sa présence, qui ne nie, ni la volonté du bien-faire de l'artiste, ni la qualité de son savoir-faire.

Car, en effet, le méta-discours qu’est la critique est nécessaire pour placer une œuvre dans le flux de l’Histoire, et la sortir du jeu anecdotique des engouements séculaires. En ce sens, ce n’est surtout pas aux artistes de répondre aux critiques de leurs œuvres: l’œuvre est la réponse préalable, dans sa force, son identité, en un mot, sa pérennité. Et de ce même artiste, les œuvres qui précèdent et qui suivent, comme l’affirmation d’une démarche. Je rejoins en ce sens JLivch. dans sa lecture du présent débat. Artiste et critique œuvrent au final, dans un seul et unique objectif: la survie du secteur artistique qui les nourrit.

Cependant, l’œuvre du critique est elle-même sa critique. Il n’a pas non plus à la justifier, seulement à la diffuser. Et puis à affiner sa plume pour la suivante.

C’est pourquoi, en attendant, ce que je regrette de ta critique, JJ Delfour, comme je te l’ai signifié en commentaire sur ton blog, c’est son manque d’empathie dans la visite préalable du spectacle: tu nous dois de décrire émotionnellement ton ressenti pour nous, lecteurs, si tu ne veux pas passer pour partisan (trivialement: « Baisse d’abord ton froc si tu veux bien donner la fessée »). Je m’explique: je n’ai pas vu "Color of time », et en lisant la critique, il me manque une immersion plus concrète dans l’univers et sa temporalité, avant l’analyse critique que tu en fait. Ma propre critique va donc à l’encontre de la structure de ta critique. Pour éviter l’écueil des inepties que Fabienne Pascaud réserve au cinéma depuis des années, dotons-nous d’outils critiques solides: primo, une restitution sensible de l’œuvre, deuxio, son analyse architecturale. Et puis le silence.

D’ici là, Artonik, et JJD, je vous jette mon chapeau, pour vos engagements, conjoints.
Ne débandez pas, il en va de nous touTEs!

Bien des amitiés,
Nicolas Soloy


merci, merci de ce long message
qui permet de repositionner l'art, la critique et notre pauvre démocratie
on a besoin de ces réflexions pour avancer, pour se parler et réfléchir à nos pratiques
allons-y, commençons par débattre mais sans bâtons rompus, sans menace, sans clan
quelles sont nos armes ? notre force au-delà du conflit apparent ?
les arts de rue doivent se nourrir d'une telle critique et assumer le débat

bise du soir

marie do Fréval


<logo_pour_signature_137x82px.jpg> Marie-Do Fréval
Directrice artistique
www.cieboucheabouche.com
01 45 39 55 38
06 87 27 48 47

Le 10/09/2015 18:42, jean-jacques delfour a écrit :
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Bonsoir

 

Je remercie d’abord Alain Beauchet d’avoir pris la peine de répondre à ma critique et d’avoir donc reconnu son intérêt. Si elle était sans intérêt, pourquoi se fendre d’une réponse détaillée ? Parce qu’il est possible que mes remarques recèlent une vérité, confirmée involontairement par Stéphanie Ruffié qui réduit votre spectacle à sa dernière partie ; mais vous vous gardez bien de lui faire grief de cette réduction puisque son discours vous arrange. La vérité sous-jacente est celle-ci : le vrai point excitant de ce spectacle n’est pas la démocratie, la critique de la xénophobie, la fraternité ; tout cela, plein de spectacles l’évoquent et ça constitue un sol commun, presque un conformisme politique ou moral dans les arts de la rue (un point de ralliement et l’objet d’un consensus bien-pensant). Non, le vrai point excitant, ce qui attire le public, c’est la poudre de couleur, qui est un vrai point distinctif, un marqueur (c’est le cas de le dire) qui différencie votre spectacle des autres.

[…]

Jean-Jacques Delfour

 


[1] Un lecteur me dit que rapprocher Holi et Carnaval est une insulte (et vous aussi Alain Beauchet, une erreur de ma part) ; je réponds que je ne confonds pas Holi et Carnaval, je fais juste une analogie (j'ai lu que les différences entre les castes passaient au second plan dans la Holi tout comme était renversée la domination de classe dans le carnaval médiéval). Carnaval n'est aucunement une insulte, mais un terme désignant une pratique médiévale bien documentée (cf. par exemple le fameux livre de Le Roy Ladurie).




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