Lorsqu’associés aux producteurs dédites œuvres, des journalistes s’extasient devant le phénoménal et populaire succès d’un « Trois hommes et un couffin », « D’un bienvenue chez les Cht’is » ou d’un « Intouchables », cela fait-il pour autant de ces films des chefs d’œuvre du cinéma, alors qu’ils sont, à tout le moins, des expériences sympathiques et consensuelles? Lorsque ces mêmes journalistes n’en peuvent mais de programmer à l'antenne, telle icône de cinéma associée à ces films, qu’ils dégoulinent de condescendance, forts d’une croyance étrange qui consiste à imaginer que côtoyer la notoriété fait briller, cela fait-il de ces programmateurs des génies, qui ne réussissent au final qu’à hériter de quelque anecdote de tournage, d’une banalité consternante? Bref, et je n’énoncerai moi-même qu’une banalité, le succès populaire d’un film ne fait a priori pas la qualité d’une œuvre. Et une critique négative n’en atténue pas a posteriori la diffusion. Pourquoi en serait-il autrement des arts de la rue? Là où les arts de la rue risquent de crever, c’est de l’absence d’une critique de fond, et non pas de sa présence, qui ne nie, ni la volonté du bien-faire de l'artiste, ni la qualité de son savoir-faire. Car, en effet, le méta-discours qu’est la critique est nécessaire pour placer une œuvre dans le flux de l’Histoire, et la sortir du jeu anecdotique des engouements séculaires. En ce sens, ce n’est surtout pas aux artistes de répondre aux critiques de leurs œuvres: l’œuvre est la réponse préalable, dans sa force, son identité, en un mot, sa pérennité. Et de ce même artiste, les œuvres qui précèdent et qui suivent, comme l’affirmation d’une démarche. Je rejoins en ce sens JLivch. dans sa lecture du présent débat. Artiste et critique œuvrent au final, dans un seul et unique objectif: la survie du secteur artistique qui les nourrit. Cependant, l’œuvre du critique est elle-même sa critique. Il n’a pas non plus à la justifier, seulement à la diffuser. Et puis à affiner sa plume pour la suivante. C’est pourquoi, en attendant, ce que je regrette de ta critique, JJ Delfour, comme je te l’ai signifié en commentaire sur ton blog, c’est son manque d’empathie dans la visite préalable du spectacle: tu nous dois de décrire émotionnellement ton ressenti pour nous, lecteurs, si tu ne veux pas passer pour partisan (trivialement: « Baisse d’abord ton froc si tu veux bien donner la fessée »). Je m’explique: je n’ai pas vu "Color of time », et en lisant la critique, il me manque une immersion plus concrète dans l’univers et sa temporalité, avant l’analyse critique que tu en fait. Ma propre critique va donc à l’encontre de la structure de ta critique. Pour éviter l’écueil des inepties que Fabienne Pascaud réserve au cinéma depuis des années, dotons-nous d’outils critiques solides: primo, une restitution sensible de l’œuvre, deuxio, son analyse architecturale. Et puis le silence. D’ici là, Artonik, et JJD, je vous jette mon chapeau, pour vos engagements, conjoints. Ne débandez pas, il en va de nous touTEs! Bien des amitiés, Nicolas Soloy
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