Le 17/02/12 12:20, Yannis JEAN a écrit :
"
type="cite">Bonjour Nicolas, bonjour tous,
tout d'abord pour me présenter, je me prénomme Yannis, je
suis Délégué Général du Syndicat du Cirque de Création (SCC,
syndicat d'employeurs) et j'ai à ce titre mené les négociations
de l'annexe 5 de la convention collective du spectacle vivant
privé. Pour info complémentaire, avant d'être salarié du SCC,
j'ai été élu au CA national de la Fédé (en 2008).
Tout d'abord effectivement l'annexe 5 ne s'applique qu'au
cirque. Le SCC a tenté de mener une négociation pour que cette
annexe concerne les arts de la rue. Nous avons été aussi loin
que possible et pour être sincère j'ai parfois pris des "coups"
relativement violents lorsque je défendais cette position. Les
syndicats de salariés ne reconnaissent pas les Arts de la Rue
comme un genre mais comme un mode d'exploitation (on fait du
théâtre dans la rue, de la danse dans la rue, du cirque dans la
rue...). Il était pour eux hors de question d'abandonner cette
position.
Lorsque nous avons vu que nous ne pouvions faire avancer
cette négociation, nous avons organisé un groupe paritaire où
nous avons demandé à la Fédé de venir et nous avons demandé aux
salariés de préciser leurs positions. Nous avons indiqué à la
Fédé que nous ne pouvions pas défendre cette annexe pour la rue
(au risque de ne plus avoir d'annexe pour le cirque, ce qui
aurait été inacceptable pour nos adhérents) et que désormais la
balle était dans leur camp.
Je vais être très clair sur ce coup : beaucoup me connaissent
au sein de la fédé et globalement dans les arts de la rue. Je ne
suis pas vraiment dans le clichés des "syndicalistes" pros, je
suis un militant issu du terrain (j'ai été administrateur
pendant 8 ans de compagnies pas vraiment riches). J'ai regretté
que la Fédé ne suive pas forcément ce dossier malgré mes
nombreux avertissements. Après, je travaille pour une autre
organisation et même si nous sommes proches, je n'ai pas
à m’immiscer dans le fonctionnement interne de la Fédé. Je ne
sais que trop comment faire fonctionner le collectif est parfois
complexe pour porter des jugements. Peut être est-ce une erreur
de la Fédé ou peut être est-ce une erreur des compagnies que de
ne pas se syndiquer assez auprès des syndicats d'employeurs pour
faire entendre leurs idées et leurs réalités (à mon sens le rôle
de la Fédé et des syndicats d'employeurs comme le SCC sont
complémentaires).
Une précision qui a son importance : le Syndicat du Cirque de
Création est le seul syndicat à représenter des compagnies dans
le champs de la convention collective du spectacle vivant privé.
Pour ce qui concerne le cirque et l'annexe 5 que je connais
bien : pour la définition, ce fut une négociation très complexe
(il y a dans le champs le cirque traditionnel et le cirque de
création). A l''arrivée la définition comporte tout de même ces
termes essentiels pour le cirque contemporain :
"[...] Ce spectacle fait le plus souvent
l’objet d’une dramaturgie intégrant toute ou partie des disciplines précitées à titre principal, tout comme, éventuellement, d’autres disciplines du spectacle vivant
: chant, danse, musique, art dramatique.[...]". Ce n'est peut
être pas l'idéal mais ça a l'avantage de prendre en compte la
grande diversité de situation des entreprises de cirque,
traditionnels comme contemporains.
Sur la polyactivité (je suis d'accord avec la remarque
sémantique, je ne suis pas personnellement fan de ce mot), nous
avons effectivement du faire une distinction entre artiste et
techniciens. Cela est du à des problématiques administratives,
particulièrement comme vous pouvez l'imaginer Pôle Emploi mais
également les taux réduits Artistes Urssaf et le taux d'accident
du travail. On ne renonce pas à ce point à l'avenir mais
résoudre ces problèmes ne sera pas simple et ne dépend pas de la
seule négociation entre employeurs et salariés. C'est tout de
même une avancée car aujourd'hui tu es normalement contraint de
déclarer chaque emploi assumé par un technicien : parfois
monteur, parfois régisseur... Là, tu peux avoir un seul contrat
pour l'ensemble de ces activités.
Enfin sur les salaires, concernant l'annexe cirque, les
négociations furent difficiles mais je dois reconnaître que nous
avons eu des syndicats de salariés (particulièrement CGT et
CFDT) très constructifs avec qui nous avons pu discuter de la
réalité de nos métiers.
J'ai peu suivi les négociations de l'annexe 4 mais il faut
prendre en compte le fait qu'il existait déjà une convention
collective (la SNES) et que les salariés ne pouvaient accepter
de voir les salaires à la baisse. Je répéte aussi et surtout
qu'à part le SCC, il n'y avait aucun syndicat représentant les
compagnies dans ces négociations (et pour infos, le SCC c'est 60
adhérents, 1 salarié permanent et notre principale ressource est
le bénévolat de nos adhérents... et malgré cela nous sommes la
seule organisation à ma connaissance à rendre compte
publiquement de son travail et des négociations depuis plusieurs
années).
Amicalement,
Yannis JEAN
-----------------------------
Délégué Général
Syndicat du Cirque de Création
c/o Maison des Réseaux Artistiques et Culturels
221, rue de Belleville - 75019 Paris
T 01 42 01 42 31 > F 01 42 49 53 64 > P 06 76 13 33
86
Le 16 février 2012 10:12, nicolas <
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>
a écrit :
Re-salut Thierry, salut à tous,
Suite à ton message d'alerte, Thierry, je me suis plongé
dans lecture des annexes 4 et 5 de la convention privée qui
vient d'être signée et ça fait froid dans le dos, comme
Vincent et toi l'écrivez.
Un rapide survol qui mériterait d'être approfondi me fait
craindre le pire. Je me demande même qui a pu passer autant
de temps (parce que ça fait quelques années que ce texte
mijote en commission), qui donc a pu pondre un tel boulet,
éloigné à ce point de la réalité du terrain. On dirait que
ça a été rédigé par des techniciens permanents, donc
syndiqués, qui bossent à l'opéra, mais qui ne se demandent
pas combien ça coûte et s'il existe en France d'autres
pratiques une fois passées les portes de leur prison dorée
de Bastille. Toutes, je dis bien toutes les structures arts
de la rue sont d'ores et déjà hors la loi si elles tombent
sous le coup de cette convention, car aucune n'a les budgets
pour répondre aux exigences financières et règlementaires de
ce texte utopique, car décalé comme il n'est pas imaginable,
de nos économies et de nos pratiques.
Ceux qui peuvent se frotter les mains en tout cas, c'est la
cour des comptes et le grand patronat: ce que le Medef n'a
pas totalement réussi à faire en 2003 via la réforme de
l'intermittence, nous-mêmes à travers nos propres syndicats
venons de l'achever grâce à cette convention inapplicable.
Je prends quelques exemples pour vous montrer où ça fait
mal, et j'espère que d'autres que moi iront à la p êche aux
perles:
Annexe 5 (cirque)
Il n'y a pas d'annexe cirque et rue, comme j'avais cru
comprendre mais seulement une annexe cirque et les
professions citées (jongleur/acrobate...) excluent
clairement de cette annexe théâtre, danse de rue, arts
plastiques... [j'en passe]... de rue. La notion de cirque
est d'ailleurs assez restrictive "suite de numéros". Ils
auraient pu ajouter "avec costumes à paillettes et plume
dans le..." Ah, si t'as un scénario, c'est foutu!
Par ailleurs, le clivage technicien/artiste clairement
indiqué dans l'article 4.2 est totalement décalé par rapport
à nos pratiques. Tu conduis le camion, tu montes le portique
et tu fais du trapèze? 2 contrats. Et allez !! Il y a les
techniciens et les artistes, on ne mélange pas. Tu
comprends, un ouvrier, c'est sale et un artiste, c'est
propre. 2 annexes, 2 contrats. Belle image rétrograde et
réactionnaire qui fleure bon son XIXème siècle. Bon
heureusement que Yanis veillait au grain, au mons les
montants minimum sont raisonnables: 99€ pour l'artiste et
j'imagine 2 services à 9,22/h soit 73,76 € pour le techos,
soit environ 175 euros la journée comme minima!
(au fait, chers rédacteurs de ce texte: on dit
pluricompétent, pas polycompétent: un néologisme doit être
formé de deux termes originaires de la même langue:
latin-latin ou grec-grec. Compétent vient du latin, donc on
met pluri- On dit multicolore ou polychrome.)
Annexe 4 (spectacles en tournée)
En ce qui concerne les arts de la rue, ils relèveraient donc
de l'annexe 4. Ici on ne parle même pas de pluricompétences,
donc une casquette et une seule, sinon, employeur
prud'hommable. Il y a par exemple le génial article 3.3.3
sur la transformation en CDI des CDD d'usage lors d'une
exploitation sur au moins 3 ans d'un spectacle dont le
nombre de dates seraient supérieur à 75% des dates annuelles
effectuées, avec un bémol si "difficulté". Je rigole. Il y a
encore les répétitions payables par groupe de 2 services
insécables, mais curieusement, 2 x 4h sont payées 72€,
c'est-à-dire moins que le smic horaire (8 x 9,22 = 73,76).
Coquille? Et puis le salaire minimum pour les
représentations si moins de 7 représentations par mois:
166,32 € pour un comédien ou un danseur !!!! Ça nous fait un
minima spectacle horaire égal à 166,32 : 8 = 20,79€. Quant à
lui, le minima mensuel en CDI est de 2400€. Pour 169 heures,
ça fait un peu plus de 14€ de l'heure. Une paille. Qui dit
mieux?
Chers collègues des structures privées, nous qui vivons de
nos ressources propres, nous allons devoir multiplier par 3
à 5 le prix de vente de nos spectacles sous peine d'entrer
dans l'illégalité la plus totale. Nos principaux partenaires
que sont les collectivités locales regorgent de liquidités
en ces temps de crise et vont tout de suite mettre la main à
la poche, pour soutenir la culture, of course! Plus
sérieusement, je pense que que la fédé des arts de la rue
doit dénoncer immédiatement ce texte inapplicable par ses
adhérents employeurs.
On vit une époque cinglée !
Amitiés,
Nicolas
Les Anthropologues
département arts de la rue de la Cie des Souffleurs
7 impasse des Chantereines
93100 Montreuil
www.anthropologues.fr
Fax + 33 (1) 765 00 935
Tél + 33 (1) 55 86 01 77
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Pour acceder aux archives, a l'aide, a la conversion de
mail, a la page de desinscription : http://www.cliclarue.info/#tabs-8
Et pour tout probleme, vous pouvez raler aupres de
"
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Salut Yannis,
Encore merci pour ton coup de main d'hier et cette intervention.
Puisque le texte est au ministère, je pense qu'il faut alerter ce
dernier sur la question des Arts de la Rue. Le modèle économique est
par essence différent du spectacle en salle (avec billetterie).
L'application de règles sociales qui n'en tiendrait pas compte
serait mortifère.
J'ai un regard qui n'est pas spécifiquement Rue, mais qui voit les
dégâts que peuvent apporter des décisions prises par des
représentants installés sur les plus précaires du secteur, qui est
aussi le vivier où se construit l'avenir du spectacle vivant, il
faut bien commencer et faire ses classes(ce n'est pas que cela, je
ne fais pas d'angélisme).
Quelle forme donner à cette interpellation? Faut-il faire appel à la
Fédé, et si c'est le cas, doit-elle intervenir seule?
Ne faut-il pas que les nombreuses compagnies et artistes concernés
qui restent isolés ne doivent-ils pas nous rejoindre au moins pour
nous légitimer sur ce combat? N'oubliez pas que le respect d'une CC
est une des conditions d'octrois de la licence de catégorie 2 sans
laquelle il n'est pas possible de travailler (ni d'être
subventionné). Si une CC inapplicable s'impose à vous, il vous
restera le choix entre une disparition administrative ou économique.
à suivre donc...
@+
Thierry
PS: j'en profite pour inviter au nom de Pôle Nord les chtis (et les
autres) à la Makina (à Hellemmes) lundi à 18h30 pour le premier "où
en est-on?", apéro-débat-auberge espagnole. C'est ouvert à tous,
vous pouvez en savoir plus sur la page FB de Pôle Nord.
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