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[rue] Re: Convention collective privée = une mise à mort programmée des arts de la rue


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  • Subject: [rue] Re: Convention collective privée = une mise à mort programmée des arts de la rue
  • Date: Sat, 18 Feb 2012 07:46:45 +0100
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Merci Yannis pour ces précieuses explications. Je comprends parfaitement la façon dont tu as agis et les difficultés que tu as pu rencontrer lors de ta mission pour faire entendre ta voix.

Il ressort de ce que tu dis:
1)- Que la Fédé n'a pas été assez présente sur le coup
2)- Que les partenaires assis en face de nous n'en sont pas car ils ont une méconnaissance totale de nos réalités économiques et de nos pratiques
3)- Que si la Fédé et ses adhérents ne se bougent pas maintenant, on est mort ou totalement hors la loi d'ici la fin de l'année

Il ressort du peu de réaction sur les listes plusieurs conclusions possibles:
1)- Soit tout le monde est déjà mort
2)- Soit tout le monde est en vacances
3)- Soit la majorité d'entre nous sont dépassés par l'aspect technico-juridique des conventions collectives et ne mesurent pas les enjeux du problème

J'en déduis qu'il est essentiel:
1)- D'expliquer ce qu'est une convention collective et les enjeux qui y sont liés
2)- De définir ce qui caractérise notre secteur et ce que nous souhaiterions voire figurer dans une convention collective
3)- De demander à la Fédé des arts de la rue de défendre aujourd'hui ce qu'elle n'a pas défendu hier
4)- D'adhérer en masse à la Fédé pour qu'elle ait un vrai poids dans des négociations qui s'avèrent difficiles, car la Fédé n'a pas le statut de syndicat, ni d'employeur, ni de salariés: par choix politique, elle représente la diversité de notre secteur d'activités en laissant se cotoyer dans les rangs de ses adhérents, des employeurs et des employés, mais aussi des villes, des élus, des spectateurs... C'est une grande force, mais aussi une faiblesse dans ce système qui ne reconnaît de légitimité qu'aux syndicats pour négocier. Qui plus est, il ressort de ce que dit Yannis qui était le seul représentant d'un syndicat de compagnies, que seuls des représentants de lieux, et des salariés permanents de lieux, ont planché sur la définition de la tournée et les rapports avec les intermittents. On croit rêver.

Bien à vous,
Nicolas Soloy


Les Anthropologues
département arts de la rue de la Cie des Souffleurs
7 impasse des Chantereines
93100 Montreuil

Fax + 33 (1) 765 00 935
Tél + 33 (1) 55 86 01 77

Le 17 févr. 2012 à 12:20, Yannis JEAN < "> > a écrit :

Bonjour Nicolas, bonjour tous,
tout d'abord pour me présenter, je me prénomme Yannis, je suis Délégué Général du Syndicat du Cirque de Création (SCC, syndicat d'employeurs) et j'ai à ce titre mené les négociations de l'annexe 5 de la convention collective du spectacle vivant privé. Pour info complémentaire, avant d'être salarié du SCC, j'ai été élu au CA national de la Fédé (en 2008).

Tout d'abord effectivement l'annexe 5 ne s'applique qu'au cirque. Le SCC a tenté de mener une négociation pour que cette annexe concerne les arts de la rue. Nous avons été aussi loin que possible et pour être sincère j'ai parfois pris des "coups" relativement violents lorsque je défendais cetposition. Les syndicats de salariés ne reconnaissent pas les Arts de la Rue comme un genre mais comme un mode d'exploitation (on fait du théâtre dans la rue, de la danse dans la rue, du cirque dans la rue...). Il était pour eux hors de question d'abandonner cette position. 
Lorsque nous avons vu que nous ne pouvions faire avancer cette négociation, nous avons organisé un groupe paritaire où nous avons demandé à la Fédé de venir et nous avons demandé aux salariés de préciser leurs positions. Nous avons indiqué à la Fédé que nous ne pouvions pas défendre cette annexe pour la rue (au risque de ne plus avoir d'annexe pour le cirque, ce qui aurait été inacceptable pour nos adhérents) et que désormais la balle était dans leur camp. 
Je vais être très clair sur ce coup : beaucoup me connaissent au sein de la fédé et globalement dans les arts de la rue. Je ne suis pas vraiment dans le clichés des "syndicalistes" pros, je suis un militant issu du terrain (j'ai été administrateur pendant 8 ans de compagnies pas vraiment riches). J'ai regretté que la Fédé ne suive pas forcément ce dossier malgré mes nombreux avertissements. Après, je travaille pour une autre organisation et même si nous sommes proches, je n'ai pas à m’immiscer dans le fonctionnement interne de la Fédé. Je ne sais que trop comment faire fonctionner le collectif est parfois complexe pour porter des jugements. Peut être est-ce une erreur de la Fédé ou peut être est-ce une erreur des compagnies que de ne pas se syndiquer assez auprès des syndicats d'employeurs pour faire entendre leurs idées et leurs réalités (à mon sens le rôle de la Fédé et des syndicats d'employeurs comme le SCC sont complémentaires).

Une précision qui a son importance : le Syndicat du Cirque de Création est le seul syndicat à représenter des compagnies dans le champs de la convention collective du spectacle vivant privé.

Pour ce qui concerne le cirque et l'annexe 5 que je connais bien : pour la définition, ce fut une négociation très complexe (il y a dans le champs le cirque traditionnel et le cirque de création). A l''arrivée la définition comporte tout de même ces termes essentiels pour le cirque contemporain : "[...] Ce spectacle fait le plus souvent  l’objet d’une dramaturgie intégrant toute ou partie des disciplines précitées à titre principal, tout comme, éventuellement, d’autres disciplines du spectacle vivant : chant, danse, musique, art dramatique.[...]". Ce n'est peut être pas l'idéal mais ça a l'avantage de prendre en compte la grande diversité de situation des entreprises de cirque, traditionnels comme contemporains. 

Sur la polyactivité (je suis d'accord avec la remarque sémantique, je ne suis pas personnellement fan de ce mot), nous avons effectivement du faire une distinction entre artiste et techniciens. Cela est du à des problématiques administratives, particulièrement comme vous pouvez l'imaginer Pôle Emploi mais également les taux réduits Artistes Urssaf et le taux d'accident du travail. On ne renonce pas à ce point à l'avenir mais résoudre ces problèmes ne sera pas simple et ne dépend pas de la seule négociation entre employeurs et salariés. C'est tout de même une avancée car aujourd'hui tu es normalement contraint de déclarer chaque emploi assumé par un technicien : parfois monteur, parfois régisseur... Là, tu peux avoir un seul contrat pour l'ensemble de ces activités. 

Enfin sur les salaires, concernant l'annexe cirque, les négociations furent difficiles mais je dois reconnaître que nous avons eu des syndicats de salariés (particulièrement CGT et CFDT) très constructifs avec qui nous avons pu discuter de la réalité de nos métiers. 
J'ai peu suivi les négociations de l'annexe 4 mais il faut prendre en compte le fait qu'il existait déjà une convention collective (la SNES) et que les salariés ne pouvaient accepter de voir les salaires à la baisse. Je répéte aussi et surtout qu'à part le SCC, il n'y avait aucun syndicat représentant les compagnies dans ces négociations (et pour infos, le SCC c'est 60 adhérents, 1 salarié permanent et notre principale ressource est le bénévolat de nos adhérents... et malgré cela nous sommes la seule organisation à ma connaissance à rendre compte publiquement de son travail et des négociations depuis plusieurs années). 

Amicalement, 

Yannis JEAN
-----------------------------
Délégué Général
Syndicat du Cirque de Création
c/o Maison des Réseaux Artistiques et Culturels
221, rue de Belleville - 75019 Paris
T 01 42 01 42 31 > F 01 42 49 53 64 > P 06 76 13 33 86

Participez à une Politique Culturelle Réinventée : http://www.pourunepolitiqueculturellereinventee.fr/




Le 16 février 2012 10:12, nicolas < " target="_blank"> > a écrit :
Re-salut Thierry, salut à tous,

Suite à ton message d'alerte, Thierry, je me suis plongé dans lecture des annexes 4 et 5 de la convention privée qui vient d'être signée et ça fait froid dans le dos, comme Vincent et toi l'écrivez.

Un rapide survol qui mériterait d'être approfondi  me fait craindre le pire. Je me demande même qui a pu passer autant de temps (parce que ça fait quelques années que ce texte mijote en commission), qui donc a pu pondre un tel boulet, éloigné à ce point de la réalité du terrain. On dirait que ça a été rédigé par des techniciens permanents, donc syndiqués, qui bossent à l'opéra, mais qui ne se demandent pas combien ça coûte et s'il existe en France d'autres pratiques une fois passées les portes de leur prison dorée de Bastille. Toutes, je dis bien toutes les structures arts de la rue sont d'ores et déjà hors la loi si elles tombent sous le coup de cette convention, car aucune n'a les budgets pour répondre aux exigences financières et règlementaires de ce texte utopique, car décalé comme il n'est pas imaginable, de nos économies et de nos pratiques.

Ceux qui peuvent se frotter les mains en tout cas, c'est la cour des comptes et le grand patronat: ce que le Medef n'a pas totalement réussi à faire en 2003 via la réforme de l'intermittence, nous-mêmes à travers nos propres syndicats venons de l'achever grâce à cette convention inapplicable.

Je prends quelques exemples pour vous montrer où ça fait mal, et j'espère que d'autres que moi iront à la p êche aux perles:

Annexe 5 (cirque)
Il n'y a pas d'annexe cirque et rue, comme j'avais cru comprendre mais seulement une annexe cirque et les professions citées (jongleur/acrobate...) excluent clairement de cette annexe théâtre, danse de rue, arts plastiques... [j'en passe]... de rue. La notion de cirque est d'ailleurs assez restrictive "suite de numéros". Ils auraient pu ajouter "avec costumes à paillettes et plume dans le..."  Ah, si t'as un scénario, c'est foutu!

Par ailleurs, le clivage technicien/artiste clairement indiqué dans l'article 4.2 est totalement décalé par rapport à nos pratiques. Tu conduis le camion, tu montes le portique et tu fais du trapèze? 2 contrats. Et allez !! Il y a les techniciens et les artistes, on ne mélange pas. Tu comprends, un ouvrier, c'est sale et un artiste, c'est propre. 2 annexes, 2 contrats. Belle image rétrograde et réactionnaire qui fleure bon son XIXème siècle. Bon heureusement que Yanis veillait au grain, au mons les montants minimum sont raisonnables: 99€ pour l'artiste et j'imagine 2 services à 9,22/h soit 73,76 € pour le techos, soit environ 175 euros la journée comme minima!
(au fait, chers rédacteurs de ce texte: on dit pluricompétent, pas polycompétent: un néologisme doit être formé de deux termes originaires de la même langue: latin-latin ou grec-grec. Compétent vient du latin, donc on met pluri- On dit multicolore ou polychrome.)

Annexe 4 (spectacles en tournée)
En ce qui concerne les arts de la rue, ils relèveraient donc de l'annexe 4. Ici on ne parle même pas de pluricompétences, donc une casquette et une seule, sinon, employeur prud'hommable. Il y a par exemple le génial article 3.3.3 sur la transformation en CDI des CDD d'usage lors d'une exploitation sur au moins 3 ans d'un spectacle dont le nombre de dates seraient supérieur à 75% des dates annuelles effectuées, avec un bémol si "difficulté". Je rigole. Il y a encore les répétitions payables par groupe de 2 services insécables, mais curieusement, 2 x 4h sont payées 72€, c'est-à-dire moins que le smic horaire (8 x 9,22 = 73,76). Coquille? Et puis le salaire minimum pour les représentations si moins de 7 représentations par mois: 166,32 € pour un comédien ou un danseur !!!! Ça nous fait un minima spectacle horaire égal à 166,32 : 8 = 20,79€. Quant à lui, le minima mensuel en CDI est de 2400€. Pour 169 heures, ça fait un peu plus de 14€ de l'heure. Une paille. Qui dit mieux?

Chers collègues des structures privées, nous qui vivons de nos ressources propres, nous allons devoir multiplier par 3 à 5 le prix de vente de nos spectacles sous peine d'entrer dans l'illégalité la plus totale. Nos principaux partenaires que sont les collectivités locales regorgent de liquidités en ces temps de crise et vont tout de suite mettre la main à la poche, pour soutenir la culture, of course! Plus sérieusement, je pense que que la fédé des arts de la rue doit dénoncer immédiatement ce texte inapplicable par ses adhérents employeurs.

On vit une époque cinglée !

Amitiés,
Nicolas


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