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Bonjour Anna, En réaction à ton mail, un spectacle à voir cet été : "Livret de famille" par la Cie Les Arts Oseurs, un déambulatoire de rue pour une comédienne, un peintre et un musicien sur des textes de Magyd Cherfi (chanteur-parolier du groupe Zebda). http://www.youtube.com/watch?v=_1SLHM9YyXU "ECRIRE Je n'ai pas voulu écrire pour convaincre. Lassé d'articuler le bon verbe à sa place, lassé de tout polir pour intégrer les murs, de tout enguirlander pour être près du feu. J'ai pas voulu finir comme un arbre au cent boules près de la cheminée, déraciné des sols. J'ai pas voulu prouver ou démontrer, usé des mots, asséché de la bouche. J'ai pas voulu répéter ce que je suis et qui n'est pas ce qui paraît. J'ai juste eu besoin de tremper mes larmes dans l'acide à cause de tout ce qui manque à mon bonheur. Le compte n'y est pas. Alors j'écris comme on se venge, alors j'écris comme on se tient le sexe ou comme un amoureux, alors j'écris comme on part à l'usine ou comme on n'y va plus. Quitte à porter un fardeau, autant en pleurer toute l'eau du possible ou retourner l'arme contre son bourreau. La douleur ainsi faite colère vous soulage de jamais reine voir venir. De jamais voir les choses et les gens se déshabiller. A deux, à cent, n'être plus qu'un. Même si cette colère vous éloigne un peu plus de ceux qui vous entourent, des meilleurs des amis... c'est le prix à payer... être écarté de tout, de tous. Je m'élance dans un grand élan dans le vide, à pas savoir si l'atterrissage se fera dans l'eau ou dans la roche, j'écris comme on se jette. Je me jette et j'attends... La liberté, l'égalité, que sais-je ? En attendant... allez, vas-y." Magyd Cherfi, "Livret de famille", 2004. Le 25/04/2012 13:18, Anna Cottis a écrit : Par rapport à la rue et l'évolution des mentalités, la montée du FN: Je suis surprise de ne rien lire sur la rue et "les Arabes".
Voilà, j'ai dit le mot.
Parce que j'ai bien l'impression que le plupart des gens qui
votent FN le font, non pas parce qu'ils sont malades, ou qu'ils
n'ont pas vu assez de spectacles de rue, mais parce qu'ils
croient que c'est dans leurs intérêts. Ils se sentent menacés
par ce qu'ils voient comme une invasion des enfants délinquants
d'immigrés d'Afrique et d'une culture lié à l'Islam qu'ils
voient comme hostile à eux. Ils pensent sincèrement que ces
immigrés et leurs enfants sont privilégiés par l'Etat et par une
gauche qui est aveugle au différences de ces gens-là.
Ils ont peur du jihad français.
Et économiquement, c'est "8 millions de chômeurs - 8 millions
d'immigrés": on change les chiffres mais c'est toujours le même
argument.
Je n'ai pas vu grand chose dans les spectacles de rue qui
adressent ces peurs, ou qui racontent d'autres version de
l'histoire, ou qui mettent en valeur la richesse apporté par
l'immigration, ou qui fait le lien entre le passé français
colonialiste et notre puissance économique actuelle, ou qui
montrent ce qui nous unit et non ce qui nous divise. Qui parle
de citoyenneté. Qui montre qu'on peut être et immigré et
français. Et non pas l'un où l'autre.
Et si la rue n'était pas intrinsèquement progressiste?
Cordialement,
Anna
On 25 avr. 12, at 07:48, nicolas wrote:
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