Franck met le doigt dessus : c’est être à l’endroit où ça se passe… J’ai une lecture décalée de cette absence de mobilisation, sans toutefois en avoir les réponses. Je constate à quel point dans ce domaine « dire » ce n’est pas « faire », et surtout dans nos métiers qui s’articulent autour de la diffusion de messages et d’émotions. Pour ce grand débarquement, par exemple, on a relayé au nom de la FAR ouest les informations de l’action de soutien initiée par La Cantine. On a fortement relayé. Nationalement, via 3 emails d’appel à soutien sur les listes Rue et FD Nationale et le Facebook. Localement via notre réseau de communication et chacun des membres du CA autour de lui. Vendredi dernier, date butoir pour La Cantine pour l’organisation de cette action, ils me demandent « alors combien êtes-vous ?». « zéro » je répond. Car c’est le cas ! Pas une seule réponse au national, des intentions formulées mais aucune confirmation n’a suivi comme demandé sur l'appel, auprès de nous ou auprès de la FD nationale que j’ai contacté ce même jour. Pas une seule réponse au niveau local, mis à part 3 artistes isolés de leur compagnie et 4 musiciens d’une fanfare Niortaise, et Qualité Street qui était présent au CNAR pour une résidence. Depuis quelques jours, depuis lundi, du côté Niortais on découvre les messages ahuris du genre « bah c’est con on voulait en être »… Je vous invite à prendre en considération qu’on a pas attendu pour agir depuis 1 an, et même depuis 3 ans… Cela fait des mois et des mois que la FD et La Cantine et de nombreux Niortais se mobilisent pour sauver ce CNAR, en grande région, et si possible à Niort. Ce qui est amusant de constater c’est qu’il y a plus de réponses lors de l’annonce de l’annulation que lors de l’annonce de l’événement. Il est temps de se remettre en question chacun d’entre nous là-dessus non ? Que peut faire d’autre La Cantine lorsqu’elle apprend 5 jours avant que les artistes ne répondent pas présents ? Que peut faire d’autre la FAR ouest que relancer le réseau à 3 reprises ? Deviner les intentions de chacun ? Personne ne s’est exprimé. Il faut accepter ce fait, personne n’a pris le temps de formuler son intention de venir. Mettons à part l’énorme déception, et posons-nous la seule question qui compte vraiment : pourquoi ? Peut-être l’urgence qu’installe la précarité, ce tourbillon qui embrume l’esprit et qui ne fait penser qu’à une seule chose : "il faut que je m’en sorte" Peut-être la lassitude des mobilisations, récurrentes et répétées, qu’elles soient collectives ou individuelles… Il y a peut-être le fait que les CNAR ne servent qu’au 1er et 2ème cercle, quand 80% de la profession est constituée du 3ème… Il y certainement aussi la considération qu’on y porte quand on constate la considération que l’on reçoit de leur part. Comportements et attitudes déplacés, stigmatisants et générateurs de frustrations. Tabou d’en parler ? Dommage, l’émotion n’est-elle pas notre métier ? Localement, comment l’expliquer ? Un fait indéniable : les compagnies locales sont très peu nombreuses à pouvoir se qualifier « d’utilisatrice » du CNAR. Même celles qui ont eu un soutien ponctuel ou appuyé sur plusieurs années n’ont pas répondu présente… pourquoi ? Quant aux autres, elles se sont débrouillées sans, et quand on leur explique que perdre le CNAR c’est perdre 500.000 € pour les Arts de la Rue en région, elles te répondent que elles n’en ont pas vu la couleur avant alors après ça ne fera pas de différence ! On m’a dit au téléphone hier que un jeune collectif qui veut monter un festival de Rue, et orienté naturellement vers son CNAR, s’est vu proposer en guise de soutien une pré-programmation avec des compagnies en résidences venant de l’extérieur… Alors qu’il cherchait un soutien financier et logistique. Comment convaincre quand la prise de conscience de chacun se trouve à l’endroit et à l’instant où il se trouve ? Et si on restaurait l’empathie ? De : Franck Halimi <
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> Répondre à : Franck Halimi < "> > Date : mercredi 18 mars 2015 12:55 À : cacahuete < "> > Cc : Chtou < "> >, " "> fede" < "> > Objet : Re: [rue] Chtou et le CNAR de Niort Salut, c'est Franck de Bourgogne. Vous mettez l'accent (à la fois aigu, grave et circonflexe) à un endroit où ça gratte fort. Oui, chacunE lutte (pour ceux qui ont encore la lucidité, la force, l'envie et/ou le besoin de le faire) à l'endroit où il/elle se sent con-cernéE. Il y en a pour qui c'est leur compagnie, d'autres pour qui c'est leur usine, d'autres pour qui c'est leur RSA, d'autres pour qui c'est leur carte de séjour et d'autres pour les Restos du Coeur ou une autre organisation humanitaire,... et je pourrais déployer ça à l'infini. Pour ce qui me concerne, je lutte pour des droits sociaux élargis pour le plus grand nombre. Pourquoi ? Parce que ça me semble être l'endroit qui concerne le plus de gens, dans une proximité géographique où l'on peut avoir encore une chance d'être efficaces. Pour la faire courte, nous nous battons depuis plus de 20 ans pour que cette précarité (que nous avons épousée en choisissant de faire de notre passion un métier) ne nous empêche pas être nous-mêmes, dans la plus grande liberté possible. Et nous avons été des souris de laboratoire pour les apprentis-sorciers désireux de présider à nos destinées. Ils ont observé combien les ressortissants des annexes 8 et 10 (oui, comme si nous étions les citoyens d'un pays qui s'appellerait "Spectacle vivant et audiovisuel") savaient se démerder dans le cadre d'une précarité "qui s'arrange de tout". Voili. Ami calmant. @+ Franck de B. ------------------------------ Le 18 mars 2015 12:25, cacahuete <
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