Liste arts de la rue

Archives de la liste Aide


re: [rue] La FAIIR, j’adooooore


Chronologique Discussions 
  • From: "denambride.alix" < >
  • To: Liste rue < >
  • Subject: re: [rue] La FAIIR, j’adooooore
  • Date: Mon, 6 Aug 2012 15:45:06 +0200 (CEST)

Cher Monsieur Ecknobul,

En tant qu’apprentie à la FAI AR je me permets de répondre à votre mail paru sur la liste rue.

Je ne parle ici que de mon expérience, de mon point de vue et cela n’engageant que moi, je ne tiens en aucun cas à énoncer des vérités. Ceci n’est que ce que je crois être ma vérité.

Lorsque j’ai fait le choix d’entrer dans cette formation, il ne me semble pas avoir convoité la place de l’artiste innovant de demain. Je suis entrée dans cette formation à un moment où dans mon parcours professionnel, il devenait vital de me créer, l’espace de 18 mois, une utopie.

Après m’être enliser jusqu’à l’asphyxie dans les marécages des montages de production douteux, j’ai voulu, l’espace de quelques mois, réapprendre à regarder par-dessus les montagnes.

Pour avoir lu depuis quelques mois les diverses mails de cette liste, il ne me semble pas que le nombrilisme soit un problème strictement relatif au milieu des institutions. Je n’ai, sur ce point, rien d’autres à ajouter.

Pour avoir été formé en conservatoire de théâtre avant d’avoir choisi d’exprimer une parole artistique en espace public, je n’ai pas attendu de vivre la famine pour avoir faim de mon métier et de réclamer de moi-même une certaine exigence.

Lorsque je me suis formée aux lettres modernes à la faculté, je n’avais pas l’intention d’étoffer mes connaissances afin de creuser encore plus la brèche entre ce que l’on nomme vulgairement l’élite et le rebut, mais parce que j’étais la première femme dans ma famille a pouvoir faire des études et que je trouve la langue française merveilleuse. C’est tout.

Je mets la prétention loin de moi, ne serait ce que parce que je bénéficie d’un dispositif de formation qui est avant tout le fruit de financements publiques et que je n’ai pas construit la FAI AR de mes mains.

Après 10 mois passés ici, je n’ai jamais entendu parler d’élitisme mais plutôt d’ouverture sur le champ des possibles.

Sans doute à ma sortie, une fois mon projet personnel réalisé, tenterais-je la diffusion de ma création dans divers festivals et serais-je troublé en essuyant de nombreux refus. Mais je me consolerais en me disant que les 18 mois antérieurs ont été une chance, celle de pouvoir vivre un Idéal.

Dans une ère de l’utilitaire et du réactionnaire, ma résistance est la défense d’une pratique, peut être parfois infructueuse, mais en constant questionnement et état de survivance.

Mais le vécu n’est pas transmissible et je ne fais là que d’avancer des arguments purement personnels. Je réponds sans doute à ce mail parce que je suis touché dans ma chaire et que je trouve parfaitement injuste d’être associé à ce type de propos. Peu importe. Je tiens à exprimer mon engagement, ma tentative quotidienne de m’extraire le plus possible du ressentiment et de la parole gratuite afin de préserver cet espace en friche, ce fantastique et infini univers qu’est la création.  

Je n’ai rien d’autre à ajouter et trouverais bien plus intéressant de poursuivre ce débat de vives voix.

Bien cordialement,

Alix Denambride




Archives gérées par MHonArc 2.6.19+.

Top of page